En 2008, j'avais relev� dans un quotidien national d'information, avec une surprise h�b�t�e, que nos entreprises de r�alisation en BTP (r�sidu) devaient profiter de la pr�sence des expatri�s pour acqu�rir un �savoir-faire � et se mettre au diapason des plus performantes. J'avais envie de rire de cette h�r�sie technique, en m�me temps pleurer parce que j'ai v�cu le summum de la performance de la DNC/ANP o� j'�tais employ� au d�but de l'ann�e 1972. Il n�est jamais venu � l'id�e des artistes architectes de renomm�e mondiale tels : Oscar Niemeyer et Kenzo Tange d'imposer une quelconque soci�t� �trang�re de sous-traitance pour r�aliser leurs joyaux d'architecture � Alger, Oran et Constantine. Ils comptaient sur le grand b�tisseur qu'�tait la DNC/ANP, aguerri � des travaux d'envergure pour avoir acquis au fil des ans un savoir-faire exceptionnel � telle enseigne qu'elle �tait en mesure de rivaliser, sans complexe, avec les meilleures soci�t�s et entreprises de la plan�te. Son directeur g�n�ral, le regrett� Colonel A. Aouchiche, � cheval sur les principes d'un travail ex�cut� dans les r�gles de l'art, d�lais convenus, propres et sans r�serves. Il avait gagn� son pari pour avoir puis� dans la grande universit� alg�rienne des ann�es 60/70, une p�pini�re des cadres et techniciens de tr�s haut niveau Apr�s la disparition pr�matur�e de cette entreprise comme toutes les autres grandes entreprises, fiert� d'une nation en marche vers le progr�s, rien n�est plus comme avant. La formation des cadres, pour beaucoup d'entre eux une sp�cialisation � l'�tranger, gage du sursaut dans la modernit�. Le pays avait d�pens� sans compter des sommes colossales pour se d�faire graduellement de la tutelle de l'�tranger ; cela n�aura servi � rien puisque se sentant frustr�s, toute une armada d'ing�nieurs, architectes, techniciens et autres cadres des sciences sociales, que l'�tranger convoitait d�j�, sont partis sous d'autres cieux faire la richesse de l'Occident. Pour l'anecdote, au lendemain de la disparition de la DNC/ANP, Sonatiba, Ecotec, SNB Trapal et Sn. Trav. Dans le cadre de l'ach�vement du programme de construction des 1 000 CEM, on fit appel � des soci�t�s �trang�res, parmi elles le grand groupe fran�ais Bouygues qui r�alisa cl�s en main 3 CEM en une ann�e. Performance que toutes les autres entreprises �trang�res sollicit�es ne purent �galer. Une performance, certes, mais par rapport � ce qui a �t� r�alis� � l'�poque par notre DNC/ANP, le puissant Bouygues venait loin derri�re. La DNC/ANP r�alisa cl�s en main onze CEM en une ann�e. Un honneur pour une entreprise � cent pour cent alg�rienne qui affronta avec succ�s un challenge international. L'autre prouesse que peu de soci�t�s n'ont pu �galer : livrer cl�s en main la partie du complexe du 5-Juillet qui lui incombait, une semaine avant l'ouverture des Jeux m�diterran�ens de 1975. La sup�riorit� de la DNC/ANP r�sidait dans sa force de travail. Juste derri�re Sonatrach, elle employait 50 000 travailleurs toutes cat�gories socioprofessionnelles confondues et ma�trisant parfaitement la fonction � laquelle �tait affect� l'agent. Ses unit�s de second �uvre constituaient un atout majeur pour �viter tout retard dans la livraison des ouvrages : menuiserie bois, aluminium, ferronnerie, t�l�communications, chauffage et climatisation, plomberie sanitaire, ameublement, immense atelier de m�canique essence et diesel... Nous �tions une grande, je dirais m�me une tr�s grande famille dans une immense entreprise populaire. J'ai eu la chance et le bonheur de travailler avec des personnes de la trempe qu'on rencontre rarement de nos jours. Affables, coop�ratifs, exp�riment�s, dipl�m�s des grandes universit�s et �coles d'Alg�rie, effectivement grandes comme l'�taient : l'Universit� d'Alger, Bab-Ezzouar, Oran, Constantine ; ENA, Ecole sup�rieure de commerce, Ben Aknoun, Polytechnique, EPAU ... formaient des cadres que l'�tranger se disputait. Le grand architecte Oscar Niemeyer, que j'ai rencontr� dans les ann�es 70 � l'USTA, devenue apr�s USTHB, et avec lequel je me suis entretenu lors d'une r�union improvis�e en compagnie de son architecte Georgio qui m'avait confi� un travail, nous laissa pantois moi et quelques coll�gues. Sinc�re dans ses propos, il nous lan�a : �Si l'Alg�rie continue de former des cadres de cette qualit�, faisant allusion � un ing�nieur surdou� qui deviendra quelques ann�es plus tard ministre, elle n'aura plus besoin de moi et de tout �tranger pour r�aliser tous ses projets.� J'ai tenu imp�rativement � concocter ce modeste texte, peut�tre bien d�cousu, pour �prouver du d�pit que notre beau et grand pays figure aux avant-derniers rangs de tous les classements dress�s par des institutions internationales. Au souvenir de mes amis et coll�gues disparus et de ceux que j'ai perdus de vue. Un clin d'�il � ma tr�s ch�re amie Benamar Ourida, dite Mado.