Par Kader Bakou Derni�rement, nous avons rencontr� Bachir Derra�s qui nous a fait part de son �tonnement apr�s �la disparition� du dossier de son projet de film sur Larbi Ben M�hidi. Flash back. Il y a un an et demi, Bachir Derrais ach�ve, avec l�historien Mohammed Harbi et l��crivain Mourad Bourboune, un sc�nario sur Larbi Ben M�hidi qu�il dit avoir d�pos� en novembre 2010 au minist�re des Moudjahidine. Depuis le 26 d�cembre 2010, l�article 5 de la loi sur le cin�ma stipule que tout film sur la r�volution alg�rienne doit �tre soumis au minist�re concern�. �Quand l��tat finance ou contribue au financement d�une production, elle se garde le droit de regard sur ce qui a �t� fait. (�) C�est celui qui paie qui commande le menu. On ne peut pas demander � l��tat de donner de l�argent et de ne pas avoir droit de regard sur ce que vous allez faire avec cet argent�, avait fait remarquer la ministre de la Culture devant les journalistes, en marge de la s�ance d�adoption de cette loi par l�APN. Pour Khalida Toumi, ce texte vise � �pr�server l�Histoire de l�Alg�rie, ses symboles et ses valeurs et non � resserrer l��tau sur les cin�astes qui n�ont d�ailleurs pas besoin de le�ons de patriotisme�. Derrais rappelle que son sc�nario a �t� accept� par le minist�re de la Culture, apr�s passage par les commissions de lecture. Mais apr�s bien de p�rip�ties, il �tait sans nouvelles de son dossier, le jour de notre rencontre. �On a vu le chef de cabinet du ministre (des Moudjahidine) et quatre fois, on nous a dit que le sc�nario �tait pass� en commission de lecture et au Centre de recherche pour la r�volution de 1954 d�El Biar. � chaque fois, on nous a dit que le dossier �tait en instance, et aujourd�hui on nous affirme qu�il a disparu !� s��tonne le r�alisateur et producteur. Aujourd�hui, franchement, nous ne savons pas comment les choses ont �volu�. La journ�e nationale du chahid est c�l�br�e chaque ann�e le 18 f�vrier et Larbi Ben M�hidi est un chahid. Arr�t� le 23 f�vrier 1957 en pleine bataille d�Alger par les parachutistes fran�ais, il refusa de parler sous la torture. Il sera pendu sans proc�s par Aussaresses dans la nuit du 3 au 4 mars 1957. Le g�n�ral Bigeard, qui avait rendu hommage auparavant � Ben M'hidi avant de le confier aux Services sp�ciaux, regretta trente ans plus tard cette ex�cution. Lors d�une conf�rence de presse donn�e le 6 mars 1957, le porte-parole du gouvernement g�n�ral (fran�ais) avait d�clar� : �Ben M'hidi s'est suicid� dans sa cellule en se pendant � l'aide de lambeaux de sa chemise.� En 2001, dans son livre Services sp�ciaux, Alg�rie 1955-1957paru aux �ditions Perrin, le g�n�ral Aussaresses reconna�t avoir proc�d� � l'ex�cution sommaire, par pendaison maquill�e en suicide. L�assassinat, ajouta-t-il, a �t� commis avec l'assentiment tacite de sa hi�rarchie militaire et d'un juge qui avait lu le rapport sur le pr�tendu suicide avant que celui-ci ait eu lieu. Le 5 mars 2007, Aussaresses, dans un entretien au Monde, retrace les derni�res heures du moudjahid. Les faits se sont d�roul�s ainsi : Larbi Ben M'Hidi est conduit dans une ferme d�saffect�e de la Mitidja appartenant � un colon extr�miste. Six hommes dont Aussaresses pr�parent l'ex�cution. Ils passent une corde � travers un conduit de chauffage. L'un des hommes joue le r�le du supplici� pour v�rifier que tout �tait au point. Il monte sur un tabouret, passe sa t�te dans le n�ud et regarde les autres provoquant un fou rire g�n�ral. Un parachutiste veut bander les yeux de Ben M'hidi, mais celui-ci refuse. Le soldat lui dit qu'il ex�cute un ordre. Larbi Ben M'hidi r�plique qu'il est colonel de l'ALN et qu'il sait ce que sont les ordres. Sa demande sera refus�e ; il sera pendu les yeux band�s. Pour le pendre, les bourreaux ont d� s'y prendre � deux fois, car la premi�re fois, la corde s�est cass�e. C�est Ben M�hidi qui a dit aux militaires fran�ais: �Donnez- nous vos avions et nous vous donnerons nos couffins.� On lui attribue d�autres c�l�bres citations, notamment celle-ci : �Si nous venons � mourir, pr�servez notre m�moire.� Un (bon) film peut contribuer � pr�server la m�moire des hommes et des femmes qui ont fait la glorieuse r�volution du 1er Novembre 1954. K. B.