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FLN, LES REDRESSEURS ET LES AUTRES
L��viction de Belkhadem au centre du consensus
Publié dans Le Soir d'Algérie le 25 - 02 - 2012


Par Brahim Taouchichet
Plus que deux mois et demi nous s�parent des �lections l�gislatives du 10 mai. Les partis en lice aff�tent leurs arguments et mobilisent leurs troupes. Le mouvement de redressement, n� il y a plus d�un an en opposition � l�actuel secr�taire g�n�ral, pr�tend voler la vedette au vieux parti et rafler le maximum de si�ges � la future Assembl�e.
�Nos listes aux �lections l�gislatives du 10 mai l�emporteront sur celles de Belkhadem.� Optimiste, celui qui tient ces propos se d�fend toutefois de tout triomphalisme. Cela fait plus d�un an qu�il est sur la br�che et ne d�mord pas dans ses d�m�l�s ou plut�t dans sa guerre ouverte avec l�actuel secr�taire g�n�ral du parti FLN. Mohamed S�ghir Kara est le num�ro 2 d�un mouvement dissident de l�ex-parti unique, intitul� Mouvement de redressement et de l�authenticit� dont le coordinateur national n�est autre qu�un dinosaure de ce m�me parti, en l�occurrence Salah Goudjil. Premi�re tendance � exprimer son opposition � la gestion politique d�une direction issue d�un coup de force contre le pr�c�dent secr�taire g�n�ral, Ali Benflis, elle aurait gagn� en l�gitimit� et en consistance � en croire ses animateurs. Malgr� des initiatives secr�tes ou rendues publiques visant � r�concilier les deux parties, la rupture est consomm�e, voire d�finitive. La proposition de sortie de crise faite r�cemment par Salah Goudjil, dans le cadre d�un directoire, si elle a �t� re�ue avec int�r�t dans l�autre camp, n�a n�anmoins par �t� suivie d�effet. L�approche des �lections l�gislatives du 10 mai prochain a remis sur le tapis l�urgence d�une solution pour Belkhadem qui active dans les coulisses. R�cemment il s�est rendu au si�ge du S�nat pour y rencontrer son vice-pr�sident Abderezak Bouhara qui lui est aussi oppos� et r�clame son d�part de la direction du FLN, c�est-�-dire qu�il lui demande ni plus ni moins de d�missionner. Connu pour sa mod�ration, Bouhara avait transmis � la direction du FLN un m�morandum pour mettre fin � la crise au sein du vieux parti rest� sans �cho. Mieux, il n�a m�me pas �t� d�battu au comit� central. Bouhara d�cline l�offre de Belkhadem. Juste retour des choses, voil� que le m�me Belkhadem � press� par l��ch�ance du 10 mai il est vrai � vient en personne solliciter Bouhara pour une m�diation en vue de de la confection de listes communes avec le mouvement des redresseurs au cours d�un �change �pique affirmant : �Ni eux ni nous ne sortirons vainqueurs de ce conflit.� Il lui r�pliqua alors : �Vous avez affaibli le parti bien avant cette crise.� Voil� de quoi apporter de l�eau au moulin des redresseurs lesquels disent avoir d�j� termin� la confection de 43 listes �Ta�assil� nationales et une de l��migration et se posent d�sormais comme alternative au �FLN officiel�. Mais cette nouvelle d�marche de Belkhadem intrigue. Certes, elle est motiv�e par la pression des �v�nements, mais il reste que les supputations vont bon train.
Assailli de toutes parts
En effet, au plan interne, le parti FLN est assailli de toutes parts. Est-ce donc pour mieux occulter les autres dissidents apparus ces derni�res semaines? Les d�m�l�s de Belkhadem avec les postulants � la d�putation sont nombreux et graves. Il y a d�abord ceux qui pr�f�rent prendre les devants � une fa�on de faire pression � en se rapprochant des redresseurs faisant jouer l�image de leur statut de haut cadre en exercice. Il en est ainsi de Rachid Harroubia, Tayeb Louh ou Berbara Chikh, membre du comit� central. Les redresseurs jubilent mais pr�f�rent rester sur leurs gardes : �Sont-ils en mission command�e ?� A Harraoubia, qui lorgnait une position de t�te de liste � Alger, il est pr�f�r� Ziari, le pr�sident de l�Assembl�e nationale, en d�pit de sa contestation par quelques dizaines de militants devant le si�ge de la kasma de Bouzar�ah. A l��vidence, les m�thodes de la direction du FLN portent la marque de l�opacit� quant � la confection des listes pour les pr�tendants � la d�putation. �C�est cela qui fait notre force�, affirment les redresseurs qui mettent, � l�inverse, en avant le principe du choix d�mocratique par les militants de base. Mohamed Seghir Kara regorge d�anecdotes aussi croustillantes les unes que les autres, comme par exemple dans l�affaire de M�sila o� Belkhadem, pour d�samorcer la crise entre Rachid Bena�ssa (actuel ministre de l�Agriculture) et Hassani, un riche entrepreneur de la r�gion, cr�e deux mouhadhas, l�une au nord et l�autre au sud. Conclusion: �Non seulement Belkhadem a import� le slogan de Tourabi mais il a partitionn� M�sila comme au Soudan.� Dans cette effervescence des pr�paratifs du prochain scrutin, les langues se d�lient, des accusations graves fusent : la cible ? Belkhadem encore et toujours ainsi que les amis dont il s�est entour� au bureau politique. L�on parle d�un certain Frikha, milliardaire, qui le �tient�. Les d�tracteurs du secr�taire g�n�ral du parti FLN sont de plus en plus nombreux � d�noncer les smasria de la politique qui d�j� font bombance dans les restaurants hupp�s de la capitale, l�abandon du programme originel du FLN, la lib�ralisation sauvage de l��conomie qui �crase les plus faibles, l�injustice au niveau de la cellule de base du parti, la kasma. �C�est pour tout cela que nous nous attendons � un report massif des voix FLN sur nos listes�, explique-t-on dans les rangs de redresseurs. Pas de slogan pour le mouvement de redressement car �nous sommes respectueux de la loi et puis notre but n�est pas de cr�er un parti mais de remettre le train FLN sur les rails face aux d�viations sur la base d�un triptique id�ologique, politique et organique�. Pour Mohamed Seghir Kara, �le lobby qui soutient Belkhadem veut que le FLN soit divis� pour mieux pr�server leurs int�r�ts�. Il se demande �dans quelle mesure Belkhadem ne fait pas lui-m�me partie de cette conspiration �. Virulent, il ne manque pas d�arguments pour descendre en flammes son ennemi jur� : �Les 3 500 candidats dont il se pr�vaut ne sont pas un signe de popularit� du parti, tout ce qui les int�ressent ce sont les 400 000 DA et les autres avantages li�s au poste de d�put�.�
Les ravages du lobby de l�argent
Il est vrai que de nombreuses voix s��l�vent quant au r�le de l�argent dans le fonctionnement du FLN d�aujourd�hui par la gr�ce encore une fois de son actuel secr�taire g�n�ral qui l�introduit dans les m�urs au comit� central sous le ph�nom�ne de chkara. Cependant, le mouvement de redressement et de l�authenticit� ne saurait �tre l�arbre qui cache la for�t de la contestation au sein du parti FLN. Ce serait trop commode pour Belkhadem. Il est aujourd�hui grandement interpell� par les risques de d�sintr�gration de son parti. Qu�on en juge : pas moins de 6 tendances ruent dans les brancards. Toutes ont pour point commun l�appel au d�part de l�actuel secr�taire g�n�ral qui fait la sourde oreille aux arguments des uns et des autres, et fait la politique de l�autruche devant l�h�morragie continue dans ses rangs. Outre les redresseurs men�s par Salah Goudjil, le tandem Bouhara-Boukhari, citons le �mouvement de l��veil national � (Sahwa) dirig� par un certain Djamel Sa�di qui pr�tend vouloir �purifier les rangs du FLN des opportunistes�. Un pur produit des arcanes du FLN en la personne de Abdelaziz Bela�d qui vient de cr�er son parti � lui, le Front de l�avenir. Il y aussi Chemeddine Boudjedra longtemps utilis� par Belhakadem, dit-on, et qui n�appr�cie gu�re d��tre jet� comme un citron press�. Il ne faut pas oublier les l�galistes rest�s fid�les � Ali Benflis. Cette r�bellion, qui se pose en rangs dispers�s portant le sceau de la frustration aux motivations diverses, ne semble pas pour autant inqui�ter le chef contest� du vieux parti. A se demander de quelle �baraka� il se pr�vaut pour r�sister � tout ce beau monde ! N��tant pas seul sur la sc�ne politique face � l�imminence des l�gislatives, il est soup�onn� d��tre tent� de tirer le diable par la queue, � savoir jouer une alliance avec les islamistes dont il serait le chef et � long terme briguer un mandant pr�sidentiel en 2014. Cette id�e a �t� vite �vent�e, c�est pourquoi il a fait r�cemment son mea-culpa arguant qu�il ne les cr�dite que de 35% des suffrages. Mais bon, il ne faut pas �tre dupe, car ceci n�excluant pas cela.
Le r�ve les yeux ouverts des islamistes
D�autre part, c�est sans compter sur les ambitions d�mesur�es des chefs islamistes, en l�occurrence les Djaballah, Aboudjerra Soltani et autre Menasra, sourcilleux quant aux privil�ges d��tre enfin au plus haut niveau de la pyramide sociale et leurs ambitions de leadership islamique. Divis�, min� par son d�sir d�h�g�monie, le chapelet de partis islamistes, du plus radical (Djaballah) au plus timor� (Aboudjerra), r�ve en plein jour. Le �Printemps arabe� est une belle partition musicale pour des lendemains qui chantent. Et puis cela va dans le sens des calculs des grands de ce monde (Etats- Unis-Europe) pour un Maghreb islamique d�barrass� de toute contestation, stabilis� pour leurs int�r�ts actuels ou � venir. Les jeux sont loin d��tre aussi simples. La grande inconnue reste l��lectorat dont on ne semble pas beaucoup se soucier car vue traditionnellement comme une masse � disposition que l�on mobilise au gr� des circonstances. C�est vendre la peau de l�ours avant de l�avoir tu� ! Apr�s la chape de plomb de la dictature, Tunisie, �gypte, Libye s�inscrivent dans une �volution n�gative pour tous ceux qui r�vent d�un avenir meilleur. Le chaos apparent donne de plus en plus � ces pays des contours d��pouvantail, des aspects repoussants. Pour conjurer donc le risque de la r�p�tition du sc�nario catastrophique des l�gislatives de 1991, le pouvoir l�che, l�che du lest. Les agr�ments de nouveaux partis sont all�grement d�livr�s et jouent ainsi une carte par leur surnombre face aux islamistes. Le FLN ne peut pas oublier la d�b�cle qui l�a pr�cipit� dans l�ab�me. Belkhadem a-t-il conscience aujourd�hui du risque qu�il fait courir au FLN en se mettant � dos une opposition de plus en plus large. Apr�s Octobre 1988 qui a mis fin � sa pr��minence en tant que parti unique et aux victoires �lectorales gagn�es � l�avance, le FLN version Belkhadem d�mentira- t-il tous ses d�tracteurs � la faveur du scrutin du 10 mai ? En l�absence de sondages, il se pr�vaut n�anmoins de 40% des voix, soit 144 si�ges dans la future Assembl�e qui en comptera 462 ! Moment crucial pour celui qui aura choisi la force de l�argent � l�engagement des humbles militants et d�avoir fait liguer contre lui tous les m�contents. En cas de d�faite, comme le pr�disent les redresseurs, sera-t-il alors le fossoyeur de l�ex-parti unique. En cas d��chec, lui-m�me d�clare quitter son poste. La porte ouverte � un congr�s extraordinaire du FLN apr�s les �lections ? Les deux tendances fortes le revendiquent.


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