Il est des traditions tribales que l�on n�est pas pr�s d�abandonner sous pr�texte de modernit�. La fantasia, cet art ancestral, fait partie de notre patrimoine, quoique d�laiss� par les autorit�s alg�riennes et en particulier la F�d�ration alg�rienne �questre (FEA), � laquelle �taient affili�es les nombreuses associations �questres traditionnelles du temps du d�funt Abdelmadjid Aouchiche. Que reste-t-il de ces cavaliers fiers de notre Alg�rie profonde ? Un tour du c�t� du fief du cheval barbe dans la vall�e du Sersou (Tiaret) renseigne sur l�ampleur des d�g�ts. Et pour s�en rendre compte, il n�y a pas mieux qu�un chef de tribu qui a r�uni dans son association �questre traditionnelle plus de 1 200 adh�rents avec autant de chevaux et de fusils. Depuis 2009, le travail colossal de plusieurs ann�es accompli par El-Hadj Daoud Abed, 68 ans, un homme tr�s respect� du cheval en Alg�rie se consume. Ce natif de Tiaret, ancien sportif de l��quipe de football, la JSM Tiaret, Ezzerga pour les initi�s, qui a fait sa scolarit� au lyc�e technique d�Oran (Les Palmiers) a fini par int�grer le secteur de la jeunesse et des sports dans sa ville natale en tant qu��ducateur sportif. Il s�est lanc� tr�s jeune, en milieu familial, dans l�art �questre. El-Hadj Daoud Abed a pratiqu� l��quitation moderne aux c�t�s de son �pouse dans les ann�es 60 au sein du club hippique de Tiaret, le tr�s c�l�bre Centre �questre l�Emir- Abdelkader. Le cheval et tous ce qui entoure ce noble animal, � savoir la mar�chalerie, la sellerie et les soins m�dicaux n�ont point de secret pour ce monument de l��quitation alg�rienne. C�est cet homme humble qui nous a re�us chez lui, comme le veut la tradition tiaretie. El-Hadj Daoud Abed ne s�est pas emp�ch� de fustiger les autorit�s locales et la F�d�ration alg�rienne �questre (FEA) � laquelle �taient affili�s les groupes de fantasia. �La fantasia ou l�art de monter � cheval et de charger l�ennemi avec un fusil ou sabre n�est pas une discipline import�e, comme nombre d�autres disciplines sportives. Elle fait partie de nos traditions, et c�est de nos anc�tres que nous d�tenons cette tradition qui, avant tout, �tait li�e � l�art de la guerre. C�est pour �a que je suis devenu un fervent cavalier de la fantasia�, assure notre interlocuteur qui fait appel, � chaque fois que le besoin se fait sentir, � sa tr�s bonne m�moire pour reproduire l�histoire de cette pratique dans le Sersou et � travers le pays. Son instruction lui a valu en plus des nombreux postes de responsabilit� au sein du MJS et des associations, d��tre �lu pr�sident de l�APC de la ville de Tiaret. En l�an 2000, El-Hadj Daoud Abed a �t� �lu pr�sident de la ligue �questre traditionnelle de Tiaret � laquelle il a insuffl� un nouveau souffle. Proche du mouvement associatif depuis son jeune �ge, El- Hadj Daoud Abed a pu r�unir plus de 1 200 adh�rents. Un nombre consid�rable de cavaliers qui faisaient la fiert� de la FEA � chaque rassemblement �questre. C�est � partir de 2009, plus exactement depuis l��lection du nouveau pr�sident de la FEA et de son bureau, que la pratique de l��quitation traditionnelle et moderne a commenc� � d�cliner. A telle enseigne que El-Hadj Daoud Abed s�est senti dans l�obligation de d�noncer le plan qui tend � d�truire tout ce qui a �t� entrepris au prix de grands sacrifices en direction de la promotion de cet art. �C�est gr�ce aux 24 associations l�galement agr��es en plus des 64 groupes de fantasia que j�ai �t� aussi �lu pr�sident de l�Association nationale du cheval arabe barbe. Ce qui m�autorise, je crois, de m�exprimer sur la cause du d�clin de l��quitation alg�rienne. Je dis que l�apr�s-Aouchiche a �t� une �tape dramatique dans le processus de d�veloppement de la discipline. Franchement, je n��tais pas pour ce bureau actuel et de son pr�sident pour la simple raison que ceux-ci ne remplissent pas les conditions pour mener � bien la mission dont ils avaient �t� charg�s. La preuve, mis � part le pr�sident, tous les membres du bureau f�d�ral ont d�missionn�. Quand on voit des cavaliers et des adeptes des sports �questres demander au pr�sident de la f�d�ration de partir � l�occasion des rares manifestations �questres organis�es par la FEA, on comprend mieux l�ambiance d�l�t�re qui s�vit au sein de la famille du cheval. Personnellement, j�avais pr�vu que l�on arrive � cette situation au lendemain des �lections de 2009 mais rares �taient les personnes qui m�ont soutenu. L�application du d�cret 05/405 de M. Guidoum a fait tomber plusieurs pr�sidents qui ont �t� remplac�s par d�autres sans que la discipline en tire profit. Pis, des ligues traditionnelles n�ont pas d�agr�ment et sont, du coup, devenues hors la loi aux yeux de l�administration. Malgr� mes relations personnelles au sein des services de la wilaya de Tiaret, je n�arrive pas � avoir un rendez-vous avec le wali. C�est le fait peut-�tre de ne pas avoir renouvel� l�agr�ment de l�association, comme l�exige la loi. De 1 200 adh�rents, l�on ne compte plus d�sormais que 474. A Tiaret la fantasia est toujours active, et ce, malgr� l�absence de soutien et de reconnaissance de la FEA et de l�administration locale qui nous ont tourn�s le dos. Nos activit�s n�ont pas cess� et nous continuons � �tre pr�sents � toutes les festivit�s locales (Taarm et rassemblements des tribus aux f�tes). Je tiens � signaler que la FEA continue de m�inviter � venir voter le bilan moral et financier. Moi, je me demande comment est-ce possible de voter un bilan d�une instance � laquelle je ne suis filialement pas li� ni dans le cadre des activit�s qu�elle organise ni des r�unions qu�elle tienne. Et puis, quand le minist�re de la Jeunesse et des Sports donne une subvention, c�est pour organiser des activit�s et non pas pour payer un personnel � ne rien faire. Un personnel qui se fait augmenter les salaires sans que l�on passe par l�assembl�e qui n�a, d�ailleurs, plus sa raison d��tre du fait que beaucoup de ses membres n�ont pas d�agr�ment. J�apprends aujourd�hui que la situation de la f�d�ration n�est pas reluisante. J�entends dire que le pr�sident encourage les organisateurs de concours hippiques (clubs et ligues) et qu�il a d�cr�t� l�ann�e 2012 comme celle de la selle traditionnelle. Moi, je dis que ceux qui ne peuvent pas tenir leurs promesses n�ont pas � assumer des responsabilit�s aussi bien au niveau des clubs qu�au niveau des ligues et de la f�d�ration. Qu�ils laissent la place aux gens qui veulent et peuvent promouvoir cette discipline �, tonne-t-il. Le constat amer dress� par El-Hadj Daoud Abed confirme l��tat d�abandon des cavaliers de l�Alg�rie profonde, poussant un des piliers de l��quitation alg�rienne � sortir de sa r�serve pour d�noncer les irr�gularit�s et l�absence de solutions � ces maux qui rongent l��quitation alg�rienne. Pourtant, les hommes et les id�es ne manquent pas pour redonner � l��quitation ses lettres de noblesse.