Par Hassane Zerrouky Ce qui se passe aux fronti�res sud de l�Alg�rie interpelle. Ce qui n��tait � l�origine qu�une r�bellion contre un Etat central malien n�ayant pas tenu ses engagements envers la population targuie est en train de se traduire par une partition du Mali. Le MNLA (Mouvement de lib�ration de l�Azawad (Nord Mali) revendique la cr�ation d�un Etat ind�pendant, un Etat que le chercheur et sp�cialiste de cette r�gion, le Fran�ais Andr� Bourgeot, d�finit comme �tant �sans fondement g�ographique ni historique�. Le MNLA, qui a assur� avant-hier que �la lib�ration de l�Azawad contribuera � renforcer la s�curit�, le d�veloppement et la paix pour une meilleure stabilit� dans la zone saharo-sah�lienne�, n�est pas seul sur le terrain. Un autre groupe, aux vis�es radicalement diff�rentes, Ansar Eddine, veut ni plus ni moins instaurer un Etat islamique. Au-del� de la question de savoir si Aqmi a int�gr� Ansar Eddine, l�irruption de ce mouvement sur la sc�ne malienne va certainement compliquer la donne dans les semaines et mois � venir, et ce, du fait justement que les objectifs des deux mouvements touaregs sont diam�tralement oppos�s. Le MNLA s�inscrit dans le cadre d�un remodelage politico-g�ographique, � savoir la cr�ation d�un Etat targui sur fond de partition du Mali. Ansar Eddine dirig� par Iyad Ag Ghali, ex-consul malien en Arabie saoudite, vise � instaurer un Etat islamiste sur tout le territoire malien. Est-on d�s lors en train d�assister � un processus de d�membrement des Etats issus de la colonisation ? S�il est trop t�t pour r�pondre par l�affirmative, on notera toutefois que le d�ni identitaire pratiqu� � l�endroit des minorit�s par les pouvoirs centraux au Mali, au Soudan et ailleurs, sur fond de sous-d�veloppement �conomique et culturel et de mis�re sociale r�sultant de la domination d�un capitalisme mondialis�, n�est pas �tranger � l�irruption de ces violences de caract�re ethnico-religieux qui menacent l�unit� et la stabilit� de nombreux pays. Et sans tomber dans la th�orie du �complot ourdi�, on notera toutefois, du moins pour ce qui concerne le Mali, que cette soudaine violence a pour th��tre une r�gion habit�e par des minorit�s ethniques, dont le sous-sol regorge de richesses min�rales et �nerg�tiques. Il en est ainsi des sites d�uranium dans les r�gions du Kidal et de Gao qui viennent de tomber aux mains de la r�bellion. Et, dans le domaine des hydrocarbures, outre le site de Taoudenni o� le groupe Total (France) exploite un gisement p�trolier �Sonatrach y est �galement pr�sente � ou celui qu�ENI (Italie) met en valeur au nord de Tombouctou, il existe quatre autres sites non encore exploit�s �Tamesna, Ilumenden, Ditch Nara et Gao. C�est dire !Et qu�en est-il de l�Alg�rie qui partage avec le Mali une fronti�re de plus de 1 000 km ? A vrai dire, elle donne l�image d�un pays dont la diplomatie a �t� prise de court. Pourtant, l�Alg�rie savait que l�effondrement du r�gime libyen suite � l�intervention occidentale allait avoir des cons�quences � ses fronti�res est et sud-est. La plupart des combattants targuis �taient d�anciens soldats de l�arm�e de Kadhafi. Dans leur retraite vers le Mail et le Niger, ces soldats perdus (pas pour tous) ont eu le temps de puiser toutes sortes d�armes dans les arsenaux de Kadhafi. Ce qui leur a permis de lancer une offensive sur le Mali qui s�est traduite par la chute de Tombouctou et de Gao, et qui fait planer une menace sur Bamako. D�s lors, outre les d�clarations se bornant � condamner le coup de force des militaires maliens et � r�clamer le retour � l�ordre r�publicain ant�rieur, la question est de savoir si l�Alg�rie est en mesure d�influer sur le cours d��v�nements qui touchent directement � sa s�curit� nationale ! Une chose est s�re, apr�s le Soudan, qui a vu sa partie sud se constituer en Etat ind�pendant, c�est le risque de voir le Mali dispara�tre en tant qu�Etat issu de la d�colonisation avec en sus le risque d�une intervention internationale. La France de Sarkozy, en pleine campagne �lectorale, s�inqui�te.