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AHMED BENBITOUR AU SOIR D�ALG�RIE :
�45 partis, c�est du populisme pas de la d�mocratie�
Publié dans Le Soir d'Algérie le 29 - 04 - 2012


Entretien r�alis� par Brahim Taouchichet
Avec la pond�ration et l�appr�ciation sans complaisance des choses de la vie politique, le Dr Ahmed Benbitour a bien voulu pour les lecteurs du Soir d�Alg�rie nous livrer son analyse du contexte dans lequel vont se tenir les l�gislatives prochaines. Et bien s�r quel type d�Assembl�e va sortir des �lections du 10 mai. Le nombre de partis en course ne signifie nullement une vraie comp�tition �lectorale d�mocratique. Elle rec�lerait, par contre, des �l�ments de contradiction qui produiront une Chambre ��miett�e�, inefficace, qui ne pourra pas jouer son r�le de contr�le de l�ex�cutif.
Pas de changement apr�s le 10 mai, nous assure-t-il. �Je n�attends pas de changement significatif de la configuration politique actuelle, ni de dynamique nouvelle.� Mais ce n�est pas une raison pour c�der au pessimisme, souligne notre interlocuteur.
Le Soir d�Alg�rie : Le 10 mai, c�est-�-dire dans quelques jours, auront lieu les �lections l�gislatives pour le renouvellement de l�Assembl�e populaire nationale. D�embl�e, pourriez- vous nous dire ce qu�un tel �v�nement vous inspire ?
Ahmed Benbitour : Une op�ration �lectorale s�appr�cie par rapport � l��lectorat, aux partis politiques et � la vie parlementaire. Par rapport � l��lectorat, le mode de scrutin ne permet pas � l��lecteur de d�signer facilement son repr�sentant, puisqu�il vote pour une liste de wilaya. Par rapport aux partis politiques, quelle appr�ciation pourrait avoir l��lecteur quand il a affaire � des dizaines de partis qui n�ont que quelques mois, sinon quelques semaines d�existence ? Il faut faire la diff�rence entre le parti en tant qu�institution et la qualit� des personnalit�s qui y si�gent. Une institution a besoin de temps et d�exp�rience pour fonctionner correctement, m�me si elle poss�de des cadres valables. Par rapport � la vie parlementaire, il est de notori�t� publique que l�Assembl�e ne jouit pas d�une bonne image aupr�s de la population. C�est dire que les �lections l�gislatives ne se d�rouleront pas comme l�ont voulu leurs organisateurs.
45 partis politiques prennent part � cette comp�tition �lectorale. N�est-ce pas l� un signe de pluralisme et d�ouverture d�mocratique promise dans le cadre des r�formes politiques ?
C�est plut�t la volont� d�installer un espace politique divis� jusqu�� l��miettement. Peut-on raisonnablement parler de partis ? On constate l�existence de deux grands partis ayant des d�cennies d�exp�rience ; deux � trois partis de dimension moyenne et deux ou trois partis de dimension petite. Alors, les conditions de comp�tition politique et de s�paration des pouvoirs ex�cutif et l�gislatif sont r�unies ? Avec 45 partis politiques, nous sommes dans le populisme et non dans la d�mocratie.
Des voix discordantes s�expriment pourtant et veulent bien briser cette apparente unanimit� en appelant au boycott. Mais l�on peut douter de l�impact d�un tel appel.
Il est vrai que la gravit� de la situation appelle � passer de la pol�mique � l�action. Mais lorsque la constitutionnalit� et la l�galit� sont bafou�es, que restet-il au peuple, autre que le parall�le � l�Etat et la disqualification de tout ce qui �mane du pouvoir et de ses satellites ? Le faible taux de participation ne viendra pas de l�appel au boycott, mais de l�aveuglement des tenants du pouvoir face � la complexit� de la situation. Et cet aveuglement est la cons�quence directe de la fermeture de la porte aux contre-pouvoirs et au contr�le exerc� par le syst�me sur la communication politique qui se d�veloppe dans la soci�t�. Il suffit d��couter ce qui se dit dans la rue, dans les moyens de transport ou tout autre espace de rencontre publique des gens pour s�en rendre compte.
Les instigateurs du boycott auraient-ils gagn� � participer dans une sorte �d�union sacr�e�, compte tenu de la situation dangereuse aux fronti�res que vit le pays et du risque d�atteinte � l�int�grit� du territoire ?
Il y a, certes, une situation dangereuse aux fronti�res et le risque d�atteinte � l�int�grit� du territoire ; mais je ne vois aucun rapport avec les �lections l�gislatives. Faire face � ce danger rel�ve de d�cisions hautement strat�giques qui sont prises aux niveaux les plus �lev�s de la hi�rarchie de l�Etat, comme le Haut- Conseil de s�curit�, ou � un degr� moindre, le Conseil des ministres.
Participer � ces �lections signifie-t-il forc�ment faire le jeu du pouvoir ?
J�ai d�j� expliqu� � une occasion pr�c�dente que le syst�me de pouvoir alg�rien se caract�rise par le patrimonialisme. Un tel syst�me consid�re la soci�t� non apte � la question politique, donc manipulable. Mais, gr�ce au Village Global et la circulation mondiale de l�information, la population est politiquement consciente, politiquement active et politiquement interactive. L��lecteur est conscient que lorsqu�il s�adresse � l�urne, c�est pour choisir son repr�sentant dans le pouvoir l�gislatif pour que s�il est dans la majorit�, il forme un nouveau gouvernement ; s�il est dans la minorit�, il forme une capacit� de contr�le et de surveillance du travail de l�ex�cutif. Qu�en est-il apr�s trois l�gislatures depuis le retour de l�APN ? La Constitution alg�rienne ne contraint nullement le chef de l�Etat � d�signer le gouvernement dans la composante parlementaire et encore moins dans la majorit�. C�est l�, la grande diff�rence avec les constitutions actuellement en vigueur dans les pays de la r�gion. Chez nous, la formation du gouvernement rel�ve du seul d�sir du chef de l�Etat et n�ob�it � aucune contrainte constitutionnelle. Donc, l��lecteur sait a priori que son vote n�a pas d�impact sur la formation du gouvernement. En ce qui concerne le contr�le parlementaire du travail de l�ex�cutif, apr�s trois l�gislatures, aucun projet de loi n�a �t� initi� par la Chambre, aucune commission de contr�le sur des sujets importants, comme la corruption par exemple, n�a abouti. Les d�put�s continuent de voter les lois de finances sur des prix de p�trole � 19 dollars et � 37 dollars, lorsque les prix affich�s sur les march�s d�passent 100 dollars. Reste la motivation subjective, souvent avanc�e, � savoir choisir son repr�sentant pour qu�il puisse user de son influence locale afin d�aider l��lecteur � r�gler quelques probl�mes personnels. Par le syst�me proportionnel, avec circonscription de wilaya, il y a une grande distance (sans jeu de mots) entre l��lecteur et l��lu. De plus, l�opinion enracin�e dans la population est que l��lu use de cette influence pour r�gler ses probl�mes personnels. En r�alit�, le scrutin de vote proportionnel au niveau de wilaya encourage plus la corruption pour le positionnement en t�te de liste que la repr�sentation des �lecteurs. Avec le niveau actuel d�efficacit� des partis politiques, le pays a plus besoin d�un scrutin uninominal, majoritaire � deux tours avec des circonscriptions �lectorales plus proches de la commune que de la wilaya.
Les partis anciens et nouveaux d�veloppent, � s�y m�prendre, dans cette campagne des th�mes identiques (tous appellent � un vote massif ; la sp�cificit� alg�rienne) et mettent en avant les dangers inh�rents au contexte r�gional. Peut-il y avoir un �deal� entre le pouvoir et ces partis ?
Les missions d�un parti politique sont au nombre de quatre : l�information des citoyens ; la repr�sentation, c'est-�-dire le rep�rage des candidats aux �lections ; la s�lection et la formation du personnel politique ; la direction de l�ex�cutif lorsque le parti est dans la majorit�. Ce n�est pas en quelques semaines que ces missions sont remplies. Le �deal� entre le pouvoir et les partis avant les �lections est contraire � l�essence m�me de la d�mocratie qui est la s�paration des pouvoirs. Le �deal� n�a de sens qu�entre les diff�rentes composantes de la Chambre parlementaire.
Le pouvoir ne s��meut pas apparemment des appels au boycott. C�est plut�t l�abstention qui semble �tre son cauchemar. Pourquoi cette hantise, selon vous ?
Par les r�ponses aux questions pr�c�dentes, j�ai prouv� qu�il n�y a pas de relations contraignantes pour le pouvoir entre la composante du Parlement et le fonctionnement de l�ex�cutif. Il n�a donc pas de souci de ce c�t�. Mais le pouvoir a cru r�pondre aux �v�nements de 2011 dans le pays et dans la r�gion par des r�formes cosm�tiques ; la premi�re preuve formelle de la d�faillance de ces r�formes sera le faible taux de participation. D�o� son inqui�tude.
Malgr� les gros moyens de propagande mis en branle avec la mobilisation des m�dias lourds (radios, TV, presse �crite publique et certains journaux priv�s), la rue semble en d�connexion par rapport � l�engouement esp�r� � ces �lections. Quelles analyses en faites-vous ?
Justement, le taux de participation est �lev�, lorsque l��lectorat est clair, c'est-�-dire lorsqu�il est possible de d�signer facilement son repr�sentant ; bien conna�tre les r�gles du jeu ; mesurer imm�diatement la port�e de son vote ; ne pas craindre les combinaisons ; conna�tre la personnalit� de l��lu qui s�occupe de sa circonscription. L��lecteur alg�rien est suffisamment m�r pour se pr�occuper de la port�e de son geste �lectoral. Or, le choix du mode de scrutin de la proportionnelle avec circonscription de wilaya est � l�oppos� de la clart� de l��lectorat. Au contraire, il d�poss�de l��lecteur du choix de son candidat au profit des partis politiques. Mais les partis politiques n�ont qu�une existence l�gale, loin encore de l�existence de terrain. Quand le pouvoir affaiblit les institutions, il r�duit leurs capacit�s d��tude et d�anticipation. De ce fait, il se prive des instruments qui lui permettraient d�atteindre ses objectifs. On le voit, il garde le syst�me de scrutin qui va � l�encontre de la r�alisation de ses objectifs.
Pourtant, le pouvoir donne l�impression qu�il veut jouer � fond la carte d�un scrutin r�ellement libre mais ses opposants affirment que les jeux sont d�j� faits avec des quotas, d�ores et d�j�, fix�s ?
Le mode de scrutin de la proportionnelle avec une liste de wilaya permet la d�finition de la configuration de la Chambre avant les �lections. Les premiers dans la liste sont assur�s de passer. C�est pourquoi il y a la corruption autour de la priorit� du placement dans la liste. Il semble que le pouvoir ne veut plus de la majorit� de l�Alliance pr�sidentielle qui a pr�valu durant les trois pr�c�dentes l�gislatures ; il a augment� d�mesur�ment le nombre de partis participants. Mais cela va � l�encontre d�un fort taux de participation. �On ne peut pas avoir le beurre et l�argent du beurre.�
Apr�s le 10 mai, une dynamique nouvelle dans le jeu politique va s�installer. La configuration politique � venir avec l�arriv�e en force des islamistes pourrait-elle favoriser une sortie de crise ou, au contraire, la compliquer ?
Nous venons de voir qu�il y aura, probablement, un faible taux de participation et que la Chambre n�aura pas de r�le politique significatif � jouer. J�aimerais profiter de votre question pour clarifier cette notion d�islamiste en politique. La d�finition d�islamiste en politique, c�est : �une organisation ou un groupe d�individus qui cherchent � s�accaparer du pouvoir pour nationaliser la religion et l�Etat � leur profit �. Est-ce le cas des partis politiques engag�s dans la course �lectorale ? C�est aux institutions qui l�galisent l�existence des partis de r�pondre � cette question. Pour le moment, je n�attends pas de changement significatif de la configuration politique actuelle, ni de dynamique nouvelle. Mais ce n�est pas parce que les portes sont ferm�es qu�il faille se r�signer � ne pas en forcer l�ouverture par une mobilisation pacifique pour le changement. A la tentation du pessimisme, opposons la n�cessit� de l�optimisme.


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