De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed A l�ouverture du scrutin mardi, visite � l�ex-si�ge du consulat g�n�ral de Paris, transform� en centre de vote pour les r�sidents de Paris intra-muros. 13 bureaux de vote y ont �t� ouverts et le seront jusqu�� aujourd�hui (jeudi) pour y accueillir ceux parmi les 71 482 �lecteurs qui auront d�cid� de prendre part � la consultation. A l�approche de la b�tisse consulaire, aucun rassemblement de foule, deux v�hicules de police fran�aise tranquillement gar�s � proximit� et seuls quelques volontaires et agents de s�curit� du consulat sont aux portes d�entr�e. Une dizaine de citoyens p�n�trent le centre en m�me temps que nous. Aucun attroupement autour des bureaux de vote, une fluidit� �tonnante, sauf pour un des bureaux consacr� � tous ceux qui, inscrits mais n�ayant pas leur carte d��lecteur, sont dans l�obligation de faire v�rifier leur inscription. Ambiance pour le moins calme, un calme plat mais cela ne semble pas l�avis du consul g�n�ral rencontr� sur place et qui nous parle �d�engouement�. Il y aurait eu, selon ce diplomate, �une cha�ne qui aurait fait le tour du quartier jusqu�� la mi-journ�e�. En mi-journ�e, nous y �tions, mais point de file d�attente, m�me pas de quelques m�tres. Les observateurs de partis sont l�, dans chaque bureau, et nous disent que les choses se passent normalement. Et ce, jusqu�� ce que l�on rencontre certains qui rel�vent que �si l� tout se passe bien, il est tout de m�me curieux de voir qu�� intervalle r�gulier, les poubelles (bulletins jet�s dans les poubelles des isoloirs apr�s le choix des �lecteurs) sont ramass�es par l�administration et enferm�es � clef par le chef de centre. A quoi cela rime-t-il ? Que va faire l�administration de ces poubelles ? A ces questionnements, un membre de l�administration s�est d�abord �tonn� que les partis s�inqui�tent du sort de ces poubelles et a r�pondu qu�elles seront tout simplement br�l�es, alors que le consul g�n�ral n�a pas trouv�, comme son collaborateur, la question incongrue et nous apprend qu�elles ne seront �d�truites qu�une fois les r�sultats du scrutin annonc�s�. Autre ambiance : le consulat de Vitry-sur-Seine, qui regroupe encore plus d��lecteurs (82 118) que le consulat g�n�ral. L�, l�on est vraiment dans une journ�e pas comme les autres. Une tr�s longue file d�attente, interminable, avance vers l�entr�e du centre de vote qui regroupe 7 bureaux. Depuis ce matin, �a n�en finit pas, nous assure-t-on. Il est clair que cela fait le bonheur des candidats ou de leurs repr�sentants sur place, mais cela fait aussi le bonheur du consul de Vitry qui consid�re que l�action de sensibilisation qu�il a entreprise avec son �quipe a port�, et, dit-il, il faut le noter, �notre action a seulement consist� � appeler, par voie de presse, radios communautaires et courriers, les citoyens � faire leur devoir, sans immixtion aucune dans leur choix�. Le premier de liste du parti Jil Djadid, � Bendali Fatah � rencontr� sur place, nous confirmera que globalement l�administration a correctement assur� les t�ches qui lui revenaient pour la pr�paration du scrutin. �Vous savez, le listing que l�on nous a remis est totalement inexploitable. On nous a remis des listes du corps �lectoral portant juste les noms et pr�noms et des num�ros pour chaque �lecteur. Comment voulez-vous que l�on puisse utiliser ce listing ? Aucune adresse n�y figure�. C�est l� une remarque formul�e par de nombreux candidats et au sujet de laquelle ici � Vitry, comme ailleurs, la r�ponse des autorit�s est que le contenu de ce listing a �t� d�cid� par les autorit�s � Alger. Celles-ci, nous dit-on, ont aussi refus� que les consulats se chargent, comme demand� par certains candidats, de l�envoi par courrier des professions de foi de chaque parti se pr�sentant. Cet ensemble de restrictions para�t incompr�hensible pour ceux qui se pr�sentent � cette consultation. Selon eux, cette absence d�aide, ajout�e aux d�lais tr�s courts de la campagne, fait que les �lecteurs n�ont pas �t� touch�s. C�est le moins que l�on puisse dire, en effet, de la m�connaissance quasi g�n�rale des candidats par ceux qui sont venus voter. Nous avons abord� � Vitry pr�s d�une trentaine d��lecteurs (essentiellement constitu�s de vieux retrait�s, tr�s peu de jeunes) qui, � la porte du bureau de vote, ne savaient ni pour qui voter, ni, pire encore, qui se pr�sentait. Abord�e, une femme, la quarantaine, nous explique qu�elle est venue voter �pour remercier Bouteflika de lui avoir permis, elle dont le mari est �tranger, de pouvoir enfin donner la nationalit� alg�rienne � ses enfants�. Cette autre dame, d�un �ge plus avanc�, nous apprend �qu�elle mettra n�importe quel bulletin dans l�urne, l�essentiel est de voter pour l�Alg�rie�. Pr�s d�elle, un quinquag�naire intervient : �Il va y avoir de la triche mais �a m�est �gal, l�essentiel est que ma carte d��lecteur soit tamponn�e, on ne sait jamais !� La configuration du si�ge du consulat, d�j� pas tr�s fonctionnelle, se r�v�le tout � fait inad�quate pour ce type d�op�rations, surtout si l�affluence est aussi grande que cette matin�e du mardi. Au moment o� nous nous appr�tions � quitter Vitry, une altercation, pas la seule, a �clat� entre �lecteurs dont certains ont fini par traiter cette op�ration par tous les noms d�oiseaux.