Dans les d�mocraties v�ritables, ceux qui ne participent pas n�ont pas de quoi �tre fiers. Le taux d�abstention de 58% et plus d�un million et demi de votes nuls d�voilent au grand jour un vide important au sein de la sc�ne politique, et une responsabilit� partag�e de la soci�t� et des partis politiques, qui devraient favoriser un d�bat politique sain et constructif, notamment aupr�s d�une frange strat�gique de la soci�t�, la population de moins de 35 ans. Partout dans le monde, les ligues, filiales de la jeunesse des diff�rents partis politiques, sont le foyer des prochains leaders et responsables politiques et le fer de lance des campagnes �lectorales r�ussies. Dans notre pays, la jeunesse est quasi absente du d�bat politique sinon pour illustrer une culture de nonchalance confort�e de fa�on presque complice de la part des m�dias et des analystes politiques qui semblent l�gitimer au lieu de secouer cette tendance qui ne sert les int�r�ts de personne et surtout pas ceux de la jeunesse. Cette absence par choix, par culture ou par d�faut ne devrait pas se limiter � une seule interpr�tation, celle d�un rejet de tout un syst�me, lequel syst�me n�est pourtant que la r�flexion de notre propre culture et de notre d�sengagement du d�bat politique. Cela est pr�judiciable aussi bien � l�Alg�rie, aux partis politiques mais surtout pour la jeunesse, sur laquelle ce qui se joue aujourd�hui aura un impact important, compte tenu des crises que connaissent plusieurs parties du monde. 1,7 million de voix nulles soit autant de cris muets, de feuilles blanches et de demandes non formul�es de fa�on volontaire. C�est de cela qu�il s�agit. Ce message vide sera, pourtant, interpr�t� de fa�on diff�rente pour justifier un courant donn�, alors que l�accent devrait �tre mis sur le pourquoi d�un vide dans le d�bat social qui a men� � ce r�sultat. Ceci est un sympt�me d�un malaise plus grand et plus profond que je d�nonce plus bas. A voire le r�le catalyseur jou� par la jeunesse am�ricaine lors de l�ascension au pouvoir du premier pr�sident noir, celui jou� par les jeunes de la gauche fran�aise, leur �loquence, leur courage, leur discours net et sans b�mol, je me dis que notre jeunesse ne croit plus en elle-m�me, ce qui est dommage, puisque les r�sultats d�passent rarement les espoirs, et qu�h�las, on a choisi de r�ver �tout petit� pour ne pas dire ne pas r�ver du tout. Nous devons apprendre � proposer de fa�on constructive et ne pas se limiter � avoir � redire sur ce qui est fait et ce qui n�est pas fait. Interpr�ter cette tendance inqui�tante est un devoir que devrait entreprendre notre g�n�ration, celle des moins de 35 ans, � travers l�ouverture d�un d�bat serein, o� la priorit� ne sera pas accord�e � la t�te des candidats et � leur appartenance r�gionale ou autre, mais sur un projet de renouveau du d�bat �conomique et social qui d�passe les probl�matiques de la pomme de terre et du sachet de lait, nous devons travailler sur nous-m�mes car l�individu est au c�ur de cette probl�matique. Nous en sommes capables, nous en sommes responsables, il en est de notre devoir en qualit� de jeunes citoyens assez rapides � critiquer, assez rigides lorsqu�il s�agit de proposer. Nous en sommes capables, j�en suis s�re. Au-del� de ces �lections, qui ne constituent, pour moi, qu�un exemple de plus de notre nonchalance, nous devons rouvrir le d�bat sur l�identit� alg�rienne, la culture alg�rienne, en acceptant nos lacunes et en travaillant � y rem�dier, favoriser l�autocritique constructive et applaudir quand il y a lieu de se f�liciter, sans g�ne, aucune. Nous devrons favoriser un projet de soci�t� bas� sur la question : quels d�bouch�s pour la jeunesse ? Comment la rendre plus active, plus engag�e dans des causes telles que la propret�, la citoyennet�, comment r�viser une certaine culture de d�sengagement r�fractaire quelles qu�en soient les causes. On ne vient pas au monde pour �tre spectateur mais chacun a un r�le � jouer. Et les m�dias et universitaires devront soutenir cette tendance (je ne dis pas mouvement !). A ceux qui se r�fugient sous le pr�texte du �syst�me�, je trouve ce pr�texte trop vieux et trop simple pour qualifier une �rosion de valeurs et un �je m�en-foutisme complice�. Il ne s�agit pas, enfin, de politique, il s�agit de bien plus que cela. Quelle image voulons- nous donner de notre g�n�ration, de celle � venir ? Nous avons �tudi�, grandi et aim� ce pays, nous devons pour nous-m�mes et pour nos enfants, d�velopper une vision o� l�on apprend de nos erreurs et o� l�on ravive notre conscience citoyenne engag�e en faveur d�une soci�t� progressiste qui compte avancer sur tous les plans, d�une soci�t� o� les pr�jug�s sont r�prim�s et bannis, une soci�t� o� l�habit ne fait pas le moine, une soci�t� ouverte et en paix avec elle-m�me. Intellectuels, �tudiants, universitaires d�aujourd�hui et de demain, o� �tes-vous ? Faiseurs d�opinions, vous avez un r�le � jouer pour raviver le d�bat social et politique sain et progressif. Je crois en vous tous. Une citoyenne non atteinte de myopie sociale. B. S.