Le mot tittytainment a �t� utilis� pour la premi�re fois par l'id�ologue n�olib�ral Zbigniew Brzezinski en 1995 lors d�une r�union de la Fondation Gorbatchev. Le 27 septembre, la ville de San Francisco a vu affluer 500 personnes qui devaient sugg�rer une politique globale pour le nouveau si�cle. Parmi les participants, on pouvait compter Mikha�l Gorbatchev, Margaret Thatcher, George H. W. Bush, Bill Gates et Zbigniew Brzezinsk (conseiller pour la s�curit� nationale aupr�s de Jimmy Carter de 1977 � 1981). Ce jour-l�, la plupart des congressistes � l'h�tel Fairmont sont parvenus � la conclusion suivante : au nouveau mill�naire, 20 % de la population active suffira � faire fonctionner l'�conomie mondiale et 80 % de la population restante sera superflue. Nos �lites, qui se sont donn� le droit de r�fl�chir et de prendre des d�cisions � notre place, avaient un seul souci : comment emp�cher la r�volte des 80 % dont le syst�me de production n�a pas besoin ? La r�ponse qui a �t� applaudie par nos �lites est celle de Brzezinski, sans doute il �tait le plus brillant, la solution se nommait tittytainment. Ce terme invent� par Brzezinski est une combinaison des mots tit (sein en argot am�ricain) et entertainment (divertissement). L��vocation du mot sein ne fait pas r�f�rence au sexe mais plut�t � l�effet soporifique de l�allaitement maternel sur le b�b�. Le concept est un cocktail d�aliments et de divertissement qui endormirait la masse. Pour contenir la populace dans l�ali�nation, il fallait non seulement lui donner des hamburgers et des boissons, mais aussi lui donner acc�s aux �tablissements de divertissement et de spectacles. C�est un totalitarisme des temps modernes. Noam Chomsky l�exprime si bien : �La propagande est � la d�mocratie ce que la matraque est � la dictature.� En r�alit�, le tittytainment essaye de nous convaincre que la situation sociale et �conomique que nous vivons est le r�sultat naturel du d�veloppement de l'homme et n'a pas �t� cr�e volontairement pour servir l�oligarchie qui en profite actuellement. Le tittytainment cherche � convaincre l'individu qu�il ne peut rien faire pour changer la situation. Il lui sugg�re que le mieux � faire c�est se distraire. L�exemple des multinationales de la grande distribution illustre tr�s bien le monde qui se pr�pare sous nos yeux, s�il n�est pas d�j� en place. Le consommateur est en train de tomber dans un sinistre pi�ge. Pour le moment, on lui propose une gamme �tendue de produits � moindre co�t. Mais une fois les multinationales de la grande distribution auront �limin� le commerce de proximit�, un accord sur le partage des territoires sera sign� entre les barons. Quand ils auront le monopole du march�, l�augmentation des marges b�n�ficiaires sera d�cr�t�e et on dira adieu � la qualit� autrefois assur�e par le commerce de proximit�. L�exemple des multinationales de la grande distribution n�est pas unique, le secteur de l�agriculture, des transports, de la fabrication du livre connaissent le m�me sort. La destruction programm�e des ressources de la classe moyenne rencontrera-t-elle une r�sistance ou est-ce la fin de la lutte des classes ? LE MONDE DE JACQUES ATTALI Jacques Attali est un ancien professeur d'�conomie � l'�cole polytechnique, n� en 1943 � Alger. Il a �t� conseiller de Fran�ois Mitterrand avant d��tre nomm� pr�sident de la Banque europ�enne pour la reconstruction et le d�veloppement. Il est l�auteur de plusieurs livres. Aujourd�hui, il est tout fier d�avoir rep�r� le jeune �narque Fran�ois Hollande qu�il a fait venir � l�Elys�e sous le r�gne de Fran�ois Mitterrand. Il faut souligner que le livre de M. Jacques Attali, Demain, qui gouvernera le monde ?a �t� �dit� en Alg�rie en 2011. Depuis quelques ann�es, l�auteur pr�ne trois id�es principales : 1) La d�mocratie ne trouvera son accomplissement que lorsqu�elle sera une structure avec un gouvernement mondial, des gouvernements r�gionaux et des gouvernements locaux. 2) Pour devenir un citoyen exemplaire dans le monde futur qui sera nomade et sans fronti�res, il faudrait rompre avec tous les enracinements comme l�attachement � un pays ou � une culture. 3) J�rusalem serait la meilleure capitale du monde unifi� autour d�un gouvernement mondial. Jaques Attali a toujours eu des id�es singuli�res, raison pour laquelle Nicolas Sarkozy lui a confi�, en 2007, la pr�sidence de la commission charg�e d'�tudier les freins � la croissance. Mais il faut dire que les id�es de Jacques Attali suscitent beaucoup de questions, notamment chez ceux qui trouvent effrayant le monde dont il parle. Les r�ponses on va les trouver forcement dans des livres d�auteurs de la m�me envergure et non pas dans des �missions TV anim�es par des humoristes. Ce serait int�ressant de lire des auteurs qui ont critiqu� les travaux de Jacques Attali. D�ailleurs, l�un des penseurs qui ne partagent pas sa vision du monde vient de lancer une id�e int�ressante. Selon le sociologue et essayiste Alain Soral, la nouvelle lutte des classes aura lieu entre les pr�dateurs nomades et les producteurs s�dentaires. Face � l�apologie des multinationales pr�datrices nomades pr�n�e par Jacques Attali, nous avons donc l�apologie du producteur s�dentaire. Alain Soral avoue qu�il n�est pas le premier � avoir eu cette id�e, qu�elle est cit�e dans l�introduction du livre du sociologue allemand Werner Sombart sur Les juifs et la vie �conomique. Alain Soral tient � vulgariser cette id�e de la nouvelle lutte des classes, il serait inspir� par Larbi Ben M'hidi qui disait : �Jeter la r�volution dans la rue, le peuple la prendra en charge.� En effet, si Larbi Ben M'hidi �tait vivant, il exploserait une r�volution socioculturelle. Jacques Attali, lui, fait la r�volution � sa mani�re. Mais il faut tout de m�me avouer que son livre Demain, qui gouvernera le monde ? publi� en France en 2011 n�est pas un grand succ�s, alors que celui d�Alain Soral Comprendre l�Empire publi� la m�me ann�e dans le m�me pays est un bestseller. Sachant que les deux auteurs ne sont pas ennemis � bien qu�ils aient souvent confront�s leurs id�es � et que chacun d�entre eux se pr�sente comme un ami des Alg�riens, une question l�gitime se pose alors : pourquoi le livre d�Attali a �t� �dit� en Alg�rie contrairement � celui de Soral ? Cette discrimination intellectuelle est incompr�hensible. Le lecteur alg�rien est � la recherche des id�es int�ressantes et respecte tous les libres penseurs. N�a t-il pas le droit de lire Jacques Attali et Alain Soral ? Les Alg�riens font-ils tous partie des 80 % de la population concern�e par le tittytainment ? Belhaouari Benkhedda, enseignant universitaire et �crivain