Dans ce num�ro, vous allez d�couvrir un g�teau qui s�est fait oublier, mais qui reste un symbole culturel cher aux familles alg�roises d�antan. A l�occasion du bain de la mari�e, les ka�ka�t � l�aspect brioch� s�offrent � l�int�rieur du hammam aux invit�s, dans une ambiance de f�te et s�accompagnent en g�n�ral d�une boisson fra�che, cherbet. La p�riode estivale arrive � pas de g�ant. Les familles alg�riennes, qui vont f�ter le mariage de leurs enfants cet �t�, pr�parent cet �v�nement avec minutie, ne n�gligeant aucun d�tail, m�me les g�teaux du bain pr�nuptial, les ka�ka�t bouchkara. Entre tradition et modernit�, elles pallient les deux pour contenter les jeunes et les moins jeunes. Dans cette famille des hauteurs d�Alger, on pr�pare un mariage et il ne reste plus qu�une semaine avant le jour J. Toutes les filles et les bellesfilles sont r�unies dans la grande maison. LlaFettouma a confi� � son a�n�e la confection des ka�ka�t bouchkara pour le bain de sa petite-fille qui va convoler en justes noces. C�est une t�che on ne peut plus difficile, et il s�agit de ne pas rater ces fameuses �ka�ka�t�, car il va de la r�putation de la famille. L'histoire de ces fameux g�teaux secs remonte � tr�s loin, au sein des familles alg�roises dont chacune l�a h�rit�e des g�n�rations pr�c�dentes. LlaFettouma nous dit qu�elle se rappelle encore, elle avait � peine 8 ans, du vieux vendeur de ka�ka�t, ammiMokhtar, qui, � l�heure du caf� de l�apr�s-midi, venait frapper � chaque porte des maisons de son quartier en criant � tue-t�te et d�une voix stridente : �Ka�ka�t ! ka�ka�t !� Il venait �couler sa marchandise bien envelopp�e dans des sacs ( chkara) en toile d�un blanc immacul�, d�o� le nom de bouchkara. Alors, vite, les m�res de famille envoyaient leurs ch�rubins qui se bousculaient pour rapporter ces d�licieux bracelets dor�s . �Ne vous tiraillez pas ainsi, il y en aura pour tout le monde !�, ne cessait de r�p�ter ammi Mokhtar, qui sortait de sa chkara (sac) ces fameux g�teaux, retenus par une longue ficelle que le vieillard s�empressait de d�nouer puis de les c�der un � un contre quelques menues pi�ces de monnaie. C�est ainsi que, petit � petit, cette p�tisserie, qui ne co�tait pas si cher, est devenue un rituel autour duquel toute la famille, les voisins et amis venaient se rassembler pour d�guster ces c�l�bres ka�ka�tdont l�odeur all�chante embaumait tout le quartier. Aussi, les m�res qui mariaient leurs filles ont pris l�habitude de les emporter au bain maure � l�occasion du bain de la mari�e pour agr�menter une boisson chaude ou froide qu�elles offraient aux femmes qui accompagnaient le cort�ge pr�nuptial, mais aussi � toutes celles qui �taient �trang�res � la famille et qui �taient pr�sentes ce jour- l�, car c��tait un g�teau sec facile � r�aliser, facile � transporter et surtout qui ne co�tait pas tant. Apr�s le rituel du bain, les femmes faisaient sortir la mari�e avec des youyous � vous couper le souffle pour la faire asseoir au beau milieu de la grande salle o� les tantes et les filles de la famille l�attendaient avec impatience. Elles pr�paraient alors une boisson fra�che puis servaient les fameuses ka�ka�t bouchkara� toutes les convives qui d�gustaient les g�teaux en faisant des �loges sur celle qui les a pr�par�s. � Ya�tik essaha, ka�ka�t mkhalfine, idoubou felfom.� (Que Dieu vous b�nisse). C�est ainsi qu�au fil des ann�es et des g�n�rations, ka�ka�t bouchkarasont devenues les g�teaux f�tiches, g�teaux porte-bonheur du bain de la mari�e. LA RECETTE Ka�ka�t bouchkara Ingr�dients 250 g de farine 2 cuiller�es � soupe d�huile 1 cuiller�e � soupe de sucre cristallis� 1 cuiller�e � soupe de levure de bi�re 1 grand verre de lait chaud 1 petit verre de graines de s�same Un peu d�eau de fleurs d�oranger 1 �uf Pr�paration � Mettez la farine dans un large r�cipient en bois. Ajoutez les deux cuiller�es d�huile, puis bien m�langez la farine et l�huile entre la paume des deux mains jusqu�� ce que la farine devienne sabl�e. � Ajoutez le sucre, m�langez puis incorporez l��uf. � M�langez le tout. � Ajoutez la levure de bi�re que vous aurez pr�alablement dilu�e dans le lait chaud. Ramassez le tout sans p�trir ; formez une gosse boule. � Recouvrez-la d�un linge propre et laissez reposer la p�te dans un endroit ferm� et chaud pendant 1 heure environ. � Prenez un plateau qui va au four ; huilez-le. Une fois la p�te repos�e (elle doit doubler de volume), confectionnez des boules de m�me volume. Mouillez les doigts avec un peu d�eau de fleurs d�oranger pour que la p�te ne colle pas puis prenez chaque boule et formez un long boudin de 15 cm. � Faites une fente sur un des bouts du boudin. � Rassemblez les deux bouts de fa�on � former des bracelets d�un m�me diam�tre. � Placez-les un � un dans le plateau et enfournez pendant 30 minutes. Une fois la cuisson termin�e, ils doivent gonfler et se fendiller. � Faites-les dorer puis retirez-les du four. � Laissez-les refroidir, puis servez-les avec un bon caf� chaud ou des boissons fra�ches. A nos lecteurs Cette page est la v�tre. Si vous connaissez une recette du terroir : un plat, un g�teau ou une friandise que vous aurez puis�e dans notre patrimoine culturel et social, partagez-la avec nos lecteurs. Faites-les voyager dans l�univers de l�art culinaire h�rit� de nos grands-m�res. Alors � vos plumes !