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17 JUIN 1962/FLN-OAS
L�accord qui signait la fin de l�Alg�rie fran�aise
Publié dans Le Soir d'Algérie le 16 - 06 - 2012


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Qui parmi les spectateurs de la station d�Alger de la t�l�vision fran�aise s�attendait, ce 17 juin 1962, � voir et � entendre le Dr Chawki Mostefai, responsable du groupe FLN de l�Ex�cutif provisoire faire �tat d�un accord entre le Front et l�OAS et qui des Alg�riens en ont aujourd�hui connaissance ?
L�accord, confirm� le soir m�me par Jean- Jacques Susini, responsable politique de l�OAS, dans une �mission pirate, pour autant qu�il ait pu aussi surprendre acteurs et observateurs du conflit, n�en marque pas moins une inflexion d�cisive dans le cours de la transition vers l�ind�pendance mise en place par les accords d�Evian de mars 1962. Il est pour le moins notable qu�en cinquante ann�es d�ind�pendance et de pol�miques r�currentes de l�gitimit� ou portant sur tel fait ou tel acteur de la guerre d�ind�pendance, cet �pisode, non d�nu� d�enjeux dans un contexte d�extr�me violence, ait �t� � ce point scotomis� et litt�ralement effac� de la m�moire collective nationale. L�accord du 17 juin 1962 est-il ainsi stricto sensu un non-�v�nement � la fois dans la liturgie patriotique institu�e � dont il ne pouvait que bouleverser les postulats h�ro�ques et populistes � mais aussi dans les �laborations acad�miques d�un r�cit national et tout autant dans les recherches � souvent d�une grande diversit� � engag�es y compris en France m�me. Dans ses m�moires, le pr�sident de l�Ex�cutif provisoire Abderrahmane Far�s, qui avait jou� un r�le de premier plan dans la conduite de ces n�gociations, a priori improbables, souligne que cet accord �amena le miracle de la fin imm�diate de l�OAS et de la guerre d�Alg�rie� (1). Ce seul titre justifierait que l�on s�y int�ress�t et que l�on rappel�t ce que fut l�OAS, ses objectifs et les conditions qui pr�sid�rent aux n�gociations avec le FLN.
1- Les illusions meurtri�res de l�OAS
Formellement mise sur pied en Espagne en f�vrier 1961 par un groupe d�ultras de l�Alg�rie fran�aise exil�s ou entr�s en clandestinit� au lendemain de l��chec de �la semaine des barricades�, l�Organisation arm�e secr�te, OAS, s�enracine en Alg�rie m�me au lendemain de l��chec du putsch des g�n�raux d�avril 1961 et avait vocation � f�d�rer civils et militaires engag�s dans la d�fense, par tous les moyens, du maintien de l�Alg�rie fran�aise (2). Des assassinats cibl�s de Me Popie et du commissaire Gavoury jusqu�� ceux de Ch�teau Royal o� p�riront Mouloud Feraoun et ses compagnons, l�OAS pr�tend d�abord frapper �l� o� elle veut et quand elle veut� avant de faire sans nuance du musulman alg�rien � et cela comprend largement les Alg�riennes � l�objectif d�clar� de son action. Que le but ait �t� de contraindre d�une part le FLN � r�agir et par effet d�entra�nement cheviller encore plus l�arm�e fran�aise aux int�r�ts des activistes de l�Alg�rie fran�aise faisait peu de doute. La strat�gie de �faire basculer l�arm�e� se comprenait, comme l�explique sans ambages Jean- Jacques Susini, responsable politique de l�OAS : �Nous envisagions un nouveau coup de force, le putsch avait �chou�, mais un autre soul�vement de l�arm�e pouvait r�ussir, pensaient les militaires. Comment, avec quels chefs et quelles unit�s ? Nous en discutions. Pour moi, l�atout majeur restait la mobilisation de la population, de la population en armes. Il fallait �tablir une passerelle entre les civils en armes, les unit�s territoriales pour simplifier et le reste de la population.(3) Ce rappel, d�une source aussi autoris�e, remet en perspective les conduites et les responsabilit�s des Europ�ens d�Alg�rie, principalement � Oran et dans la capitale o� ils �taient fortement implant�s, durant cette meurtri�re s�quence (4) dont t�moignent aussi les journ�es des casseroles ou du ruban qui visaient � rendre audible et visible la r�alit� du soutien dont b�n�ficiait l�OAS. �La population �tait de notre c�t�. Nous trouvions des relais partout�, pr�cise Jean- Jacques Susini qui ajoute : �Nous �tions comme un poisson dans l�eau dans la population alg�rienne� (5). La circulaire 29 de f�vrier 1962 du g�n�ral Salan � Soleil, dans la clandestinit� � codifiait ce qui allait �tre connu comme la politique de la terre br�l�e dont l�objectif d�clar� �tait de rendre inapplicables les accords annonc�s entre le GPRA et le gouvernement fran�ais (6) et requerrait explicitement l�extr�me violence de l�organisation, autrement dit des Europ�ens engag�s dans la d�fense de l�Alg�rie fran�aise. Il s�agit bien ainsi d�une guerre comme en rend compte sans ambigu�t� Susini qui ciblait d�abord � ce sont ses termes � les �pro- FLN� et devait par la suite s��largir aux �l�ments de l�arm�e fran�aise dans laquelle les civils europ�ens en armes ou pas ont pris une part active et � divers niveaux du renseignement ou de l�action. �En mai 1962 � rel�ve Jean-Pierre Peyroulou �, le pr�fet de police d�Oran Biget estimait que la s�curit� publique, les renseignements g�n�raux, la police de l�air et des fronti�res, ainsi que la police judiciaire compos�es � 90% de pieds-noirs �taient inutilisables pour le maintien de l�ordre� (7). Toutes les cibles vis�es lors de l�exp�dition punitive mont�e par le Commandant Azzeddine et les hommes de la Zone autonome d�Alger le 14 mai 1962 �taient des civils en armes connus comme tueurs de l�OAS (8). S�il est, sans surprise, controvers� le bilan des op�rations de l�OAS � qui aurait fait, selon le pr�fet de police d�Alger Vitalis Cros, trois fois plus de victimes que le FLN entre 1956 et mai 1962 � pour les seuls deux mois de mars � mai 1962, s��tablit � ce niveau insoutenable de mille six cent cinquante- huit tu�s et cinq mille cent quarantehuit bless�s dont quatre vingt cinq pour cent (85 %) de musulmans selon une source du commandement militaire.
2- Les voies improbables d�une n�gociation
Si l�OAS pouvait sans conteste se pr�valoir du soutien d�une large part des Europ�ens d�Alg�rie � y compris dans les services publics et l�administration � sa capacit� de nuisance et de n�gociation �tait jour apr�s jour affaiblie � la fois par le poids de dissensions internes et par le d�mant�lement progressif de sa direction � notamment l�arrestation de Salan � mais de mani�re plus d�terminante par le nouveau contexte politique n� des accords d�Evian. Susini prend acte du d�litement de l�organisation et fait le constat que les Europ�ens d�Alg�rie devaient faire le deuil de l�Alg�rie fran�aise et au terme de r�flexion estime qu�il fallait �changer d�axe. Prendre langue avec l�aile mod�r�e du FLN pour tenter d�obtenir des garanties en faveur des Europ�ens qui d�cideraient de rester en Alg�rie� (9), mais l�initiative de la prise de contact est celle de Abderrahmane Far�s, pr�sident de l�Ex�cutif provisoire, convaincu que �la seule solution � au climat de violence qui pr�vaut � est de rencontrer Susini� (10) qui fait passer le message par ses r�seaux d�amiti�. La premi�re rencontre, le 18 mai, dans l�appr�hension et la tension, a lieu dans une ferme de l�Alma o� Far�s se rend seul et sans protection. Susini parle de garanties pour les Europ�ens, Far�s explique que celles-ci sont largement assur�es par les accords d�Evian y compris l�amnistie des faits li�s � la guerre. La pr�sident de l�Ex�cutif provisoire, apr�s s��tre assur� que Susini parlait bien au nom de l�OAS, �voque une tr�ve comme signe d�apaisement � Susini appellera effectivement � la suspension des op�rations � et s�engage � informer rapidement le GPRA de la rencontre et de son contenu. Son �missaire Boutaleb arrive � Tunis � l�heure o� toute la direction du FLN �tait r�unie en congr�s � Tripoli et en d�pit du contretemps une seconde rencontre au domicile de Jacques Chevalier � laquelle prend aussi part le colonel Gardes. L�OAS qui s�interroge sur la sinc�rit� de Far�s choisit de mettre la pression sur les Alg�riens et le colonel Godard fait savoir que des op�rations sont envisag�es pour faire sauter les �gouts d�Alger et agite la menace d�un bombardement de La Casbah et de Belcourt. Le 7 juin, Far�s en compagnie de Benteftifa et du Dr Chawki Mostefai, d�ment inform� des tractations secr�tes, se rend � Tripoli o� il fait adouber sa d�marche par Ben Bella. �Au point o� on en est, il ne peut �tre question d�un accord �crit. Trouvez une formule orale. L�essentiel est que le r�f�rendum puisse se tenir� (11) les instruit ce dernier, puis � Tunis o� il rend compte au pr�sident Benkhedda. Mostefai est officiellement mandat� pour poursuivre les n�gociations et le pr�sident du GPRA confirme aux deux responsables que la position exprim�e par Ben Bella, � savoir n�gocier mais pas d��crit, est bien tout � fait celle du GPRA. Dans un t�moignage rendu public � la fin des ann�es quatre-vingt-dix, le Dr Mostefai est bien plus pr�cis que Far�s sur les atermoiements des deux clans qui se disputent le contr�le du GPRA dont il ressort que l�assentiment � la poursuite des contacts avec l�OAS � une premi�re fois interrompus sur injonction du pr�sident du GPRA � obtenu du bout des l�vres ne pr�sageait en rien de la lecture qui en serait faite plus tard. Les membres de l�Ex�cutif provisoire rentrent � Alger avec une id�e plus pr�cise des dissensions au sein de la direction du Front et le sentiment de l�urgence dans la conduite des n�gociations. L�ultime rencontre, en pr�sence du Dr Mostefai, se tient dans l�apr�s-midi du 15 juin au domicile de Tine. Le repr�sentant du FLN pr�cise d�entr�e qu�il ne pouvait y avoir d�accord FLN/OAS d�s lors que les accords d�Evian avaient r�gl� toutes les garanties exig�es par le gouvernement fran�ais mais il s�engage � faire une d�claration radio-t�l�vis�e confirmant toutes les assurances sollicit�es. Susini, qui ferait une d�claration publique, donne son accord � la d�marche sugg�r�e par les pl�nipotentiaires alg�riens. Les deux parties conviennent que les textes des d�clarations seront soumis � approbation par chacune d�entre elles. Un �pisode in�dit prenait ainsi fin qui allait se rajouter aux lourds contentieux spectaculairement r�v�l�s par la r�union de Tripoli au sein de la direction du FLN. Relevant les faux-fuyants des uns, les calculs des autres, Ali Haroun note que : �Dans une atmosph�re d�l�t�re, pr�lude aux funestes �v�nements qu�allait vivre l�Alg�rie, une fois �teints les lampions de l�ind�pendance, aucune voix ne pouvait soutenir les efforts conjugu�s du Dr Mostefai et du pr�sident de l�Ex�cutif, soucieux avant tout de pr�server au mieux le potentiel du pays d�j� saign� par sept ann�es et demie d�une guerre atroce.� (12) L�accord FLN/OAS sera, sans surprise, convoqu� dans les luttes de pouvoir, d�sormais � visage d�couvert, et conduit les trois responsables de l�Ex�cutif provisoire � d�poser leur d�mission le 27 juin. Pour autant qu�il visait, du point de vue de l�OAS, � garantir la pr�sence et les droits des Europ�ens dans l�Alg�rie ind�pendante en devenir, cet accord aura rapidement �t� vid� de son contenu par ce qu�il est convenu de d�signer comme �l�exode� des Fran�ais d�Alg�rie vers la France. Pourquoi alors y revenir d�s lors qu�il n�impactera pratiquement pas la tenue du r�f�rendum du 1er juillet et principalement le contenu de l�ind�pendance alg�rienne ? La raison la moins discutable est historienne car enfin cet accord fait partie de l�ensemble de l�entreprise de lib�ration nationale conduite par le FLN et qu�un demi-si�cle apr�s la cons�cration de l�objectif de l�ind�pendance la seule sanction d�sormais l�gitime du pass� est celle de connaissance qui attend encore, dans notre pays, la lev�e des peurs et des interdits. Sur un autre registre, il ne peut �chapper � l�observation que la situation et les positions des Europ�ens d�Alg�rie au cours de la guerre d�ind�pendance alg�rienne continuent de faire l�objet de manipulations, de mensonges et d�approximations qui, en l�absence de mises au point pr�cises du c�t� alg�rien, ont acquis d�une part une capacit� d�impact sur les d�bats franco-fran�ais � ouvrant droit notamment � un cours clairement r�visionniste au sein de la recherche fran�aise � et constituent d�autre part une hypoth�que � laquelle les dirigeants fran�ais se sont objectivement r�sign�s dans leur appr�ciation des relations entre les deux Etats. La loi du 23 f�vrier 2005 � pr�nant la reconnaissance et l�enseignement des aspects positifs de la colonisation � en offre l�exacte illustration alors que la comm�moration du cinquantenaire en France avait vu se dresser � � Nice, Evian, N�mes, Marseille, entre autres � les oppositions parfois violentes d�organisations dites de �rapatri�s� souvent soutenues par les �lus de l�ancien parti pr�sidentiel UMP alors que les plus virulentes d�entre elles travaillent activement � c�est notamment le cas � Perpignan � � une claire r�habilitation des figures de l�OAS dans l�espace public fran�ais. La spectaculaire d�coration, par le pr�sident fran�ais sortant, d�H�lie de Saint Marc, officier putschiste d�avril 61 condamn� par la justice fran�aise, appelle toute l�attention sur ce qui ne s�inscrit plus sur le seul registre d�une �guerre des m�moires�.
3- Une construction victimaire : �les rapatri�s�
L�accord du 17 juin 1962, qui � l�exigence formelle du FLN ne devait supporter qu�une d�claration publique d�s lors qu�il ne pouvait contrevenir � la lettre et � l�esprit des accords d�Evian, demeure un marqueur important des conduites des Europ�ens d�Alg�rie d�abord en ce sens qu�il scelle sans ambigu�t� la fin formelle de l�Alg�rie fran�aise. L�OAS reconnaissant en effet la r�alit� d�une R�publique alg�rienne s�attachait � n�gocier les termes d�une repr�sentation de la communaut� europ�enne dans les institutions du nouvel Etat. L�accord aura �t�, sur le terrain, impuissant � juguler la strat�gie de d�part � laquelle se ralliait un nombre de plus en plus important d�Europ�ens alors que l�interdit qu�avait express�ment fait peser l�OAS sur toute forme de sortie d�Alg�rie n�avait plus d�effet dissuasif. Il importe de relever que les conditions dans lesquelles les Europ�ens d�Alg�rie avaient fait le choix de quitter une Alg�rie qui n��tait plus fran�aise proc�daient principalement de mouvements internes � la communaut� et qu�en tout �tat de cause ce choix ne s�est pas effectu� sous la contrainte d�un FLN � par ailleurs r�put� militairement d�fait � ni de violences directes de la part des musulmans alg�riens. D�clinant les divers motifs du d�part massif des Europ�ens d�Alg�rie, le journaliste Pierre Daum retenant en particulier la peur des repr�sailles en raison de l�engagement dans les rangs de l�OAS rel�ve : �Pourtant une grande majorit� d�Alg�riens n�a pas manifest� d�esprit de vengeance et leur �tonnement �tait grand au moment du d�part en masse des Europ�ens.� (13) Ces d�parts se sont �chelonn�s sur plusieurs mois au cours de l�ann�e 1962 et on sait d�sormais, avec la publication de l�ouvrage de Pierre Daum(14), que d�une part ils n�avaient pas concern� la totalit� des Europ�ens d�Alg�rie � quelques deux cent mille feront le choix de rester �et que d�autre part et en d�pit du contexte politique alg�rien particuli�rement difficile, il n�y eut aucune violence visant les Europ�ens dans le pays. L�attention peut �tre recommand�e, dans les entretiens d�un grand int�r�t de l�auteur avec ces �pieds-noirs� qui sont rest�s en Alg�rie, sur le cas de cet h�ritier d�une grande entreprise de transport de Blida, engag� dans les rangs des forces sp�ciales fran�aises, ayant combattu les armes � la main les maquisards de l�ALN et qui finira cadre sup�rieur dans les institutions de l�Etat alg�rien ind�pendant. La litt�rature, y compris celle des historiens, reconduit cependant sans plus d�examen la th�se du �million d�Europ�ens� contraint � �l�exode�, sans qu�il soit clairement rappel� que le choix du d�part � qui n�est pas d�nu� de fondements politiques � s�inscrivait tout � fait en contrechamp des engagements des n�gociateurs d�Evian et il est utile de rappeler que cette question, celle des garanties reconnues aux Europ�ens d�Alg�rie, aura �t� l�une des pierres d�achoppement des n�gociations entre le gouvernement fran�ais et le GPRA et une lecture, m�me rapide, des accords d�Evian suffira � faire justice de la position alg�rienne. Il est m�me justifi� de soutenir que l�hypoth�se d�un d�part massif des Europ�ens n�aura pas r�ellement retenu les n�gociateurs du GPRA. �A l��poque, nous avions tous les deux � n�gociateurs alg�riens et fran�ais � estim� au minimum � 600 000 le nombre des Fran�ais qui resteront. Les �v�nements nous ont d�mentis�, rapporte Lakhdar Bentobbal, ministre de l�Int�rieur du GPRA. (15) Dit plus simplement, le FLN n�a ni impos� ni acc�l�r� le d�part des Europ�ens d�Alg�rie qui renvoyait moins � une strat�gie �d��puration ethnique � aujourd�hui imput�e plus ou moins explicitement aux dirigeants alg�riens qu�aux choix politiques des Europ�ens d�Alg�rie au cours de la guerre et notamment dans la s�quence meurtri�re de l�OAS. Un courant particulier de la recherche en France s�attache depuis quelques ann�es � l�gitimer la reconstruction victimaire des �rapatri�s� en effa�ant sans autre forme de proc�s la responsabilit� des uns et des autres dans le cours de la guerre. Sans doute serait-il injuste et inappropri� de tenir, sans distinction, toute la communaut� des Europ�ens d�Alg�rie pour partie prenante des crimes de l�OAS mais le fait est que ceux qui s�en d�marqu�rent ne furent pas suffisamment nombreux pour peser sur le destin collectif. Hommes en armes et en guerre, ils demeurent ainsi �ligibles aux lectures admises des conflits et en l�esp�ce figurent-ils bien dans les rangs des vaincus de la guerre d�ind�pendance et en aucune mani�re dans la cat�gorie des victimes. Les images r�currentes � assur�ment path�tiques � de files dans les ports et les a�roports ne disent pas tout et sur tout le monde et masquent sous l��motionnel ce qui rel�ve sans ambigu�t� d�une fin de guerre. Il s�agit bien, pour l�essentiel, du cort�ge des vaincus. Cette position doit �tre assum�e � Susini pour sa part revendique sans ambigu�t� ses engagements � et non plus masqu�e par une construction victimaire qui sature, dans la complaisance et les calculs politiciens, l�espace public fran�ais depuis des d�cennies. En la mati�re, les victimes sont celles du terrorisme aveugle de l�OAS ni�es en France et facilement oubli�es en Alg�rie et le rappel de leurs m�moires devrait mettre le sang sur les mains qu�il faut et r�server la compassion � ceux qui y ont droit. Cinquante ann�es apr�s l�accord du 17 juin � dont la singularit� tient aussi au fait que ce soit la seule n�gociation formelle entre repr�sentants des autochtones musulmans et ceux des communaut�s migrantes europ�ennes en plus d�un si�cle de colonisation � aucun �clairage n�est venu, du c�t� alg�rien, informer la r�flexion ou r�activer les m�moires sur les rapports entre communaut�s d�une part et plus pr�cis�ment sur leurs positions et leurs responsabilit�s durant la guerre d�ind�pendance. Comme si Alger n�avait pas encore appris que le silence ne pouvait ind�finiment apprivoiser l�histoire. De l�autre c�t� de la mer, les anciens de l�OAS qui s�en revendiquent et dressent des st�les, les harkis � sans doute aucun stigmatis�s et ostracis�s par la R�publique fran�aise mais dont il faut bien rappeler que l�histoire violente ne peut se r�duire aux chiffres fantaisistes de massacres de 1962 � continuent de figurer les victimes d�un fanatisme alg�rien sans cesse remis au go�t du jour. En juin 1998, dans un �change avec le Dr Mostefai, le pr�sident Benkhedda �crit : �En fin de compte, je me dois malgr� tout de rendre hommage aux fr�res du groupe FLN de l�Ex�cutif provisoire pour avoir conclu l�accord avec l�OAS. L�histoire leur a donn� raison. Ils ont sauv� la population d�Alger d�un bain de sang et �vit� � la capitale alg�rienne des destructions massives et ruineuses. La nation leur en saura gr�.� (16) �C�est � toi en premier lieu que la nation devrait �tre reconnaissante puisque sans ton accord, l�op�ration n�aurait jamais eu lieu�, observant que �l�hommage aux fr�res de l�Ex�cutif provisoire� aurait plus de sens en juin 62. (17)
A. M.
NOTES
1-Far�s (Abderahmane) : �La cruelle v�rit� Casbah Editions-Alger 2000.
2-Dard (Olivier) : Voyage au c�ur de l�OAS� Perrin Editions Paris 2005.
3- Legendre(Bertrand) �Confessions du N� 2 de l�OAS�.
4-Dard op cit�
5-Legendre op cit�
6-Dard op cit�
7- Peyroulou (Jean-Pierre) �Guelma,1945� Editions La D�couverte Paris 2009.
8-Dard op cit�.
9-Legendre op cit�.
10 Far�s op cit�.
11- Cdt Azzeddine : �Et Alger ne br�la pas� ENAG Editions Alger 1997.
12- Haroun (Ali) �L��t� de la discorde� Casbah Editions Alger 2000.
13 Daum (Pierre) �Ni valise ni cercueil� Editions Acte Sud Paris 2012.
14 Daum op cit�.
15 Daum op cit�.
16 : Dr Mostefai (Chawki) Dans les coulisses de l�ind�pendance T�moignage.
17 Dr Mostefai (Chawki) op cit�.
LES PROTAGONISTES
Abderrahmane Far�s
Notaire, ancien �lu au Conseil g�n�ral d�Alger, ancien pr�sident de l�Assembl�e alg�rienne. Plac� � le t�te de l�Ex�cutif provisoire charg� de la transition aux termes des accords d�Evian. C�est lui qui prend l�initiative des premiers contacts avec Susini.
Dr Chawki Mostefai
Militant ind�pendantiste, membre du comit� central du MTLD. Il repr�sente le FLN � Tunis puis � Rabat avant d��tre d�sign� � la t�te du groupe FLN de l�Ex�cutif provisoire. Il lui revient de rendre publics, sur les ondes de la radio et de la t�l�vision, les termes de l�accord FLN-OAS.
Jean-Jacques Susini
Etudiant en m�decine, milite dans les rangs des syndicats ultras en France avant de revenir � Alger. Condamn� pour sa participation � la semaine des barricades, r�fugi� en Espagne, il prend part � la cr�ation de l�OAS en janvier 1951. Charg� de l�agitation-propagande dans l�organigramme de l�organisation, proche du g�n�ral Salan ; il est consid�r� comme le premier responsable politique de l�OAS. Conduit les n�gociations avec les repr�sentants du FLN et donne lecture de l�accord lors d�une �mission radio pirate le 17 juin.
Jacques Chevalier
Ancien maire d�Alger, consid�r� comme l�une des figures lib�rales de la communaut� europ�enne, il avait associ� des �lus du MTLD � son conseil municipal. Ancien ministre dans le gouvernement Mend�s France, il joue un r�le de m�diateur dans les n�gociations FLN-OAS qui se d�roulent, en partie, dans son bordj d�El-Biar.
Jean-Marie Tin�
Entrepreneur, proche de Jacques Chevalier, il met sa villa � la disposition des n�gociateurs le 15 juin et prend part � la rencontre d�cisive.
La d�claration du Dr Mostefai
�Je sais le d�sarroi dans lequel vous �tes. Vous vous posez des questions sur votre avenir dans ce pays, sur votre s�curit�, sur le respect de votre personnalit� et de votre dignit� d�hommes. Ces sentiments ont �t� exprim�s par des dirigeants des organisations syndicales et professionnelles, et en particulier par les dirigeants de l�OAS avec lesquels nous nous sommes entretenus. Et si j�ai particip� � cet entretien c�est parce que son utilit� a �t� reconnue par les dirigeants alg�riens dont vous entendez recevoir les assurances n�cessaires. �
La d�claration de Jean-Jacques Susini
�Au nom du haut commandement de l�arm�e secr�te, Jean-Jacques Susini vous parle. Alg�riens musulmans et europ�ens, depuis la conclusion de l�accord du 17 juin entre le FLN et l�arm�e secr�te, vous attendez, par del� des paroles d�espoir, de solides raisons d�esp�rer. Certes, vous avez souscrit aux paroles d�apaisement de part et d�autre mais pour reprendre confiance, les assurances positives vous manquaient encore. Ces assurances commencent aujourd�hui � �tre donn�es. Les accords du 17 juin entrent progressivement en application. Les intern�s administratifs ont �t� lib�r�s. Le recrutement d�une premi�re phalange de 225 ATO europ�ens a �t� d�cid� par l�Ex�cutif provisoire. Cette mesure inaugure la participation des Europ�ens au maintien de l�ordre et constitue un premier gage de s�curit� pour les Alg�riens d�origine europ�enne mais leur donne l�occasion de manifester leur loyalisme vis-�-vis de l�ensemble du peuple alg�rien. Un premier pas a donc �t� fait dans la r�alisation des accords conclus. Dans ces conditions, le haut commandement de l�arm�e secr�te vous invite, europ�ens d�Alg�rie, � reprendre confiance et � r�pondre � l�appel que le g�n�ral Salan vient de nous adresser � tous.�


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