De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed Dalil Boubekeur, recteur de la Grande Mosqu�e de Paris, retire ses deux repr�sentants du Conseil fran�ais du culte musulman mais rien ne dit qu�il ne reviendra pas, comme il a l�habitude, sur sa d�cision annonc�e � grands fracas. Le communiqu� que vient d��mettre Dalil Boubekeur, le recteur de la Grande Mosqu�e de Paris, annon�ant le retrait de cette institution du Conseil fran�ais du culte musulman (CFCM) est loin d��tre une surprise. Le CFCM, ce �machin� cr�� par Sarkozy en 2003, est devenu, depuis, un faire-valoir, une coquille vide, en tout cas un nid de dissensions nombreuses sur fond de combat d�influence entre deux pays, l�Alg�rie et le Maroc, qui se disputent la paternit� et l�influence sur les 7 millions de musulmans install�s en France. Dans leur majorit�, les fid�les n�ont jamais cru au CFCM, dont les crit�res de repr�sentativit� proprement surr�alistes � proportionnels aux surfaces de lieux du culte, y compris les caves d�immeubles � avaient �t� vainement contest�s. Dalil Boubekeur, non plus, n�a jamais fait l�unanimit�, y compris au sein de la communaut� de fid�les alg�riens. Les associations cultuelles alg�riennes n�ont pas manqu� une occasion, notamment ces deux derni�res ann�es, de d�noncer publiquement et devant le ministre alg�rien � Benattallah � charg� de la communaut� alg�rienne � l��tranger, de d�noncer publiquement ce nid d�incomp�tents et d�affairistes que constitue la Grande Mosqu�e de Paris que �continuent � financer les contribuables alg�riens� et notamment demand�, sans r�sultat, que ce dernier ne soit plus maintenu par Alger au poste de recteur �dont il n�aurait pas les comp�tences, y compris religieuses �. Dalil Boubekeur s�est donc fendu d�un communiqu�, adress� au pr�sident du CFCM, le Franco-marocain Mohamed Moussaoui, dans lequel il annonce le retrait de la Grande Mosqu�e de Paris des instances du CFCM. Ainsi, Chems-Eddine Hafiz, vice-pr�sident du CFCM, et Abdelkader Bendidi, pr�sident de la F�d�ration de la Mosqu�e de Paris pour la r�gion Rh�ne-Alpes, ne si�geront plus au bureau ex�cutif du CFCM compos� de 15 membres, et Boubekeur d�expliquer ce retrait par �les graves dysfonctionnements du CFCM et sa gouvernance autocratique qui a tent� de minorer la surface et l�influence de la Grande Mosqu�e de Paris�. Tout est justement dans cette influence que lui ont, d�une main de ma�tre, rafl�e les Marocains. Cette influence perdue des Alg�riens dans cette institution cens�e repr�senter l�islam en France et ravie par les Marocains tient en partie, et seulement en partie, au syst�me pervers de calcul au m2 de mosqu�es qui fonde la repr�sentation des �lus au CFCM. Alors que Dalil Boubekeur pr�sidait, par d�signation, cette institution � sa cr�ation en 2003, il s�est vu �vinc� et remplac� par le Marocain Moussaoui, cons�quence logique d�un travail de fond, non seulement de ce dernier aupr�s des fid�les mais aussi des autorit�s de son pays pour le promouvoir. Depuis, Dalil Boubekeur ne repr�sentait pas grand-chose et ceux parmi les fid�les qui militaient pour que la Grande Mosqu�e garde son statut historique de repr�sentant de la plus grande et la plus ancienne communaut� musulmane install�e dans l�Hexagone ont, depuis les frasques de ce recteur � d�clarations scandaleuses sur Isra�l, silence radio sur les attaques en r�gle ces deux derni�res ann�es par Sarkozy et ses lieutenants de la communaut� musulmane, accord honteux avec Brigitte Bardot sur l�abattage de l�A�d�� d�finitivement perdu espoir dans un recteur dont le souci n�a rien � voir avec les pr�occupations des fid�les, mais qui cherche simplement � perdurer et � aider ses amis de droite. Et dans cette situation de fragilisation sans pareille de la Grande Mosqu�e de Paris, que fait l�Alg�rie ? Apparemment rien ou en tout cas sans grand r�sultat. Quant au CFCM, il a, � sa naissance avec la pr�sidence de Dalil Boubekeur comme aujourd�hui avec la pr�sidence du Francomarocain, perdu toute cr�dibilit� en se pavanant dans les salons de la R�publique et en faisant tout pour que les intellectuels musulmans qui pourraient apporter � cette institution en termes d�ouverture et d�adaptation de cette religion � la modernit�, n�y figurent surtout pas, laissant aux affairistes de tous bords la mainmise sur cette institution. Il n�est pas dit que le recteur Dalil Boubekeur fasse encore parler de lui dans les prochains jours et peut-�tre m�me en revenant sur sa d�cision de retrait : il en a donn� l�habitude.