Le Conseil français du culte musulman traverse pour la énième fois une nouvelle crise. Les élections du 8 juin semblent compromises après le retrait du recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubekeur, et celui probable de Fouad Alaoui, vice-président de l'UOIF. Rien ne va plus dans la maison islam de France. Il y a un mois, la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris (GMP), une des principales associations de musulmans, avait décidé de ne pas participer aux prochaines élections du Conseil français du culte musulman (CFCM), l'instance représentative des musulmans de France. Pour Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée et président sortant du CFCM, les critères de représentativité au sein des Conseils régionaux du culte musulman (CRCM) sont injustes et favorisent « l'émergence d'une représentativité qui ne reflète en rien la sociologie de l'islam ». Il est rejoint cette semaine par son principal concurrent, l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) qui pourrait boycotter les élections du Conseil français du culte musulman (CFCM) prévues les 8 et 22 juin, a annoncé mercredi son vice-président, Fouad Alaoui, qui doit faire face aux divisions qui minent son organisation. Il y a un clivage entre ceux qui veulent participer aux élections pour faire valoir la représentativité du mouvement et ceux qui contestent le mode de fonctionnement et l'utilité même du CFCM. Si cette décision est confirmée par les instances de l'UOIF, les élections du 8 juin auront peu de chances de se tenir. Sans la présence de la Fédération nationale de la Grande Mosquée de Paris et de l'UOIF, les résultats ne seraient pas représentatifs. Le corps électoral est composé de délégués, dont le nombre est fonction de la surface des lieux de culte : une salle de prière de 100 m2 donne droit à un délégué, une mosquée de 301 à 400 m2 « vaut » 5 délégués, de 601 à 700 m2 8 délégués, etc. Ce critère de surface détermine aussi le poids électoral des différentes associations de musulmans qui gèrent les lieux de culte. Ainsi, selon le ministère de l'Intérieur, il y a en France un million de musulmans marocains (soit 20% de la communauté), mais leurs associations gèrent plus de 40% des lieux de culte. La Mosquée de Paris conteste ce mode de scrutin, c'est pourquoi elle boycotte les élections. Le CFCM, créé en 2003 par Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur et ministre des Cultes, est l'instance représentative des musulmans de France qui sont actuellement quelque cinq millions. Il est présidé depuis sa création par Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris (GMP), qui représente historiquement les Algériens musulmans. Actuellement, c'est l'impasse totale. Dalil Boubekeur a exclu toute concession et tire un bilan mitigé du CFCM, paralysé par les querelles.