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FESTIVAL
Le diwane, un genre qui part � la conqu�te du Nord
Publié dans Le Soir d'Algérie le 14 - 07 - 2012

Enracin� dans la culture du Sud- Ouest alg�rien, le diwane ou le gnawi, de nouveau mis � l'honneur � l'occasion du 5e Festival culturel international de musique diwane (8-14 juillet � Alger), s'est impos� en une d�cennie sur la sc�ne musicale du nord de l'Alg�rie et s'attire les faveurs d'un public de connaisseurs, jeunes pour la plupart, et de plus en plus exigeant.
Musique des esclaves d�port�s de certains pays d'Afrique subsaharienne (Soudan, Mali, Guin�e,...) vers le Maroc, le diwane est un style mystique bas� sur des chants incantatoires accompagn�s d'un jeu instrumental au guembri, tambour et karkabou. Comme le pr�cisent plusieurs adeptes de ce style, le diwane n'est que la partie �merg�e d'une culture ancestrale appel�e �tagnaouit� et centr�e sur un m�allem (ma�tre) et la hadra, appel�e aussi lila ou diwane, une forme de rituel mystique profond. Transmis oralement, les textes de ces chants rituels, parfois compos�s dans les dialectes des pays du Sahel, n'ont jamais �t� transcrits ni m�me traduits, alors m�me que les c�r�monies du diwane sont soumises � des r�gles tr�s strictes que les ma�lmine transmettent � leurs disciples (guendouz), sur des g�n�rations depuis des si�cles. C'est ainsi que le diwane a r�ussi � survivre pr�s de cinq si�cles durant, traversant sans grands dommages la p�riode coloniale. Apr�s l'ind�pendance, le diwane a conserv� ses pratiques mystiques et le caract�re intime et restreint, quasi �sot�rique, de ses c�r�monies organis�es dans le Sud-Ouest et quelques autres r�gions d'Alg�rie o� vivent de petites confr�ries d'inspiration soufie. Vers la fin des ann�es 1990, il sort de l'ombre, gr�ce � Ga�da Diwane B�char et � la fusion de diwane, reggae et ra� du groupe Gnawa Diffusion, cr�� en France au milieu des ann�es 1990, qui le propulsent sur la sc�ne musicale alg�rienne. Dans un style ancr� dans le terroir po�tique pour l'un, plus festif et engag� pour l'autre, les deux formations ont r�ussi � �retoucher� cette musique mystique pour la rendre accessible � un large public de profanes, de plus en plus demandeur de ce genre. Selon Tayeb Laoufi, membre fondateur du groupe Ga�da Diwane B�char, le public �tait �pr�dispos� � car il avait �soif de culture�. Le �matraquage des musiques venues du Moyen-Orient et d'Occident�, dit-il, a rel�gu� le patrimoine musical maghr�bin au rang de sous-culture et de simple folklore. �Quelques groupes se sont attel�s � changer le regard sur nos cultures musicales, et la jeunesse alg�rienne a suivi, d�couvrant, du coup, qu'elle pouvait aussi s'�clater avec des musiques du terroir�, se f�licite le musicien. L'amalgame fait par le public entre le diwane et le reste des styles musicaux du Grand Sud est lui aussi un facteur qui a beaucoup facilit� la propagation du diwane. Ce m�tissage s'est av�r� positif, se r�jouit Tayeb Laoufi, qui estime que l'int�r�t port� par le public � la �vaste �tendue culturelle (de l'Alg�rie) ne peut �tre que b�n�fique�. N�anmoins, un travail subtil s'imposait pour donner � cette musique une dimension festive capable d'emporter l'adh�sion du public gr�ce � des arrangements musicaux propres aux deux groupes, � l'introduction d'instruments qui "parlent � la jeunesse" et au pari sur la fusion, un travail de pure forme concernant cette derni�re, comme l�explique Tayeb Laoufi. Au d�but, beaucoup d'observateurs assimilaient la fulgurante ascension du diwane � un simple ph�nom�ne de mode, mais les deux groupes pr�curseurs de ce style sont la preuve de leur long�vit� et l'engouement grandissant du public pour leurs spectacles, rappelle-t-il. Par ailleurs, le diwane, comme tout �l�ment constitutif d'une identit� culturelle, repr�sente, au yeux de Tayeb Laoufi, un �acc�l�rateur de la communication entre les diff�rentes r�gions� d'Alg�rie. �L'on ne peut s'entendre qu'apr�s s'�tre mis d'accord sur un r�cit culturel. Et le partage du diwane nous permet d'�largir le substrat culturel que partagent les Alg�riens de diff�rentes r�gions pour pouvoir communiquer et �changer�, affirme le musicien. De fait, le succ�s du diwane a r�v�l� une dimension mystique de la r�appropriation du patrimoine musical, au-del� de l'aspect musical, parfois d�crit comme �facultatif �. Le succ�s du diwane au-del� de ses fronti�res g�ographiques naturelles a provoqu�, en outre, un grand engouement de la part des jeunes du nord de l'Alg�rie pour la culture et le mode de vie des communaut�s gnaoua et des populations du grand Sud en g�n�ral. Les portes du Sud �tant ouvertes aux curieux, la sc�ne musicale alg�rienne a connu, gr�ce � ce regain d'int�r�t, un foisonnement de formations musicales qui tentent tant bien que mal de perp�tuer la tradition du diwane sur toutes les sc�nes locales, � l'instar de Dar Bahri, une confr�rie de Constantine sortie de l'anonymat en 2010, ou Diwane Dza�r, un groupe qui a r�v�l� la famille Bahaz qui formait une confr�rie entre Alger, Blida et Tipasa. Aux c�t�s de ces confr�ries famili�res depuis toujours de la tradition du diwane, un tr�s grand nombre de groupes amateurs se sont, eux aussi, essay� au diwane apr�s des voyages initiatiques dans la r�gion de la Saoura.

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