Le groupe Gaâda Diwan de Béchar animera, ce soir, un concert à la salle El Mouggar au grand bonheur des férus de ce genre musical. Etymologiquement parlant, el gaâda veut dire assemblée. Musicalement parlant, c'est le patronyme d'un des plus célèbres groupes versés dans le genre gnawi. Made in Béchar, la tradition gnawi faisant partie de la culture de la région sud-ouest du pays. Formé de huit musiciens dont Aïcha Lebgaâ, Abdelatif Laoufi, Taieb Laoufi, Khlif Miziallouaoua, Amar Chaoui, Mohamed Dilmi et les français Eric Rakotoarivor et Hervé Le Boucher. L'histoire du groupe, c'est aussi l'histoire des travailleurs immigrés. Particulièrement ceux de Béchar qui, pour oublier la fatigue d'une semaine de dur labeur, se retrouvent chaque dimanche pour parler des soucis du quotidien mais surtout pour chanter la nostalgie du bled. Au fil des rencontres, une véritable gaâda voit le jour. C'est ainsi que la culture gnawi est ressuscitée dans le pays de l'exil. Pour que le gnawi redevienne un moyen d'apaisement pour toutes les âmes troublées. En 1998, le groupe sort son premier album éponyme Gaâda Diwan de Béchar aux éditions Samarkand/Night & Day. Il sera suivi d'un live enregistré à Alger au festival Bled Stock en 2001, qui sera une révélation pour le public algérien. Ziara (visite) est un périple vers la guérison. Mûri pendant deux ans, l'album comprend 11 chansons dont une est une invitation au voyage. Un voyage dans le Touat, le Gourara (au bord de l'Erg occidental) jusqu'aux Atlas, en passant par les hauts-plateaux algériens. Mêlant et tissant tour à tour des rythmes arabo-berbères, des chants mystiques traditionnels, des sonorités africaines, des fresques musicales colorées de blues. Gaâda Diwan Béchar perpétue la tradition des esclaves africains exilés dans les pays du Maghreb et qui a donné naissance aux confréries Gnawa. Si la confrérie est un véritable melting-pot de populations — des Noirs, des Berbères et des Arabes — leur musique traduit, on ne peut mieux, l'ouverture de la World Music aux rythmes très locaux du Sud algérien. Une musique qui, à l'origine, était une fusion de rythmes que les esclaves adressaient au ciel. Des prières d'opprimés mais aussi une manière de célébrer le merveilleux miracle de la vie. Plusieurs siècles après, le gnawi fascine et libère les amateurs de ce genre musical des contraintes du quotidien. Alors, les jeunes, vos chèches (turbans) pour une soirée qui promet beaucoup de rythmes. Comme on dit : “Quand Gaâda sème le vent, nos corps récoltent le tempo.” Et du tempo ça ne risque pas de manquer ! W. L.