Les islamistes tunisiens au pouvoir ont certes proclam� leur mod�ration, mais les ambigu�t�s restent apr�s leur congr�s qui n'a d�gag� de position claire ni sur leur vision de la future Constitution ni sur les libert�s avec un appel � r�primer �l'atteinte au sacr�. Les d�bats de ce premier congr�s du parti Ennahda hors de la clandestinit� avaient �t� pr�sent�s comme un �v�nement historique destin� � d�terminer une ligne politique claire, �mod�r�e� et �centriste� en vue des �lections pr�vues en mars. Mais la d�claration finale, �labor�e apr�s cinq jours de d�bats et avec vingt-quatre heures de retard, reste dans l'ensemble tr�s vague. D�s lors, des analystes y voient un compromis a minima entre diff�rentes factions : exil�s de l'�poque du pr�sident d�chu Ben Ali contre ceux rest�s au pays pendant la r�pression, jeunes contre anciens, mod�r�s contre tenants d'une ligne religieuse plus radicale. �C'�tait un congr�s pour construire une unit� un peu factice (...) ce qui les lie le plus c'est la volont� de garder le pouvoir�, juge le politologue Ahmed Mana�. �Ils sont rest�s vagues pour pr�server l'unit�, estime-t-il. Ainsi, Ennahda s'engage � la fois � �garantir la libert� d'expression et de cr�ation� et �� criminaliser l'atteinte au sacr� consid�rant que c'est une atteinte � la libert� d'autrui�. Aucune pr�cision n'a �t� apport�e sur ce sujet pourtant sensible. L'opposition craint une d�rive h�g�monique et une islamisation rampante dans une soci�t� habitu�e depuis des d�cennies � un Etat s�culier, m�me si Ennahda a dit avoir renonc� � inscrire la charia dans la future loi fondamentale. D'autant que le nouveau pouvoir tunisien a d�j� �t� critiqu� sur ce dossier. En juin, une vague de violences �tait d�clench�e par la mouvance salafiste pour d�noncer une exposition d'art dont certaines �uvres ont �t� jug�es offensantes pour l'Islam. Ennahda a alors �t� accus� de complaisance � l'�gard de ces militants extr�mistes. Peu apr�s, un jeune Tunisien �tait condamn� � sept ans et demi de prison pour trouble � l'ordre public et atteinte � la morale apr�s avoir publi� sur Facebook des caricatures du Proph�te. Concernant la Constitution en cours d'�laboration, le congr�s d'Ennahda n'apporte pas plus de clart�. La d�claration finale insiste sur un r�gime parlementaire pur, mais parall�lement ses chefs se disent ouverts au consensus, la majorit� des partis, dont les alli�s de centre-gauche des islamistes, r�clamant un syst�me laissant � la pr�sidence des pr�rogatives importantes. Ali Larayedh, ministre de l'Int�rieur, a r�sum� cette position d'�quilibriste. Ennahda �veut un r�gime parlementaire et estime que c'est le plus convenable pour consacrer la d�mocratie et les institutions�, dit ce cadre du parti. �Nous allons nous accorder avec nos partenaires sur un r�gime qui accomplit les objectifs de la r�volution, et qui fera consensus aupr�s de tous�, ajoute- t-il. Enfin, des repr�sentants de l'opposition s'inqui�tent de l'influence politique du chef d'Ennahda, Rached Ghannouchi, r��lu triomphalement lors du congr�s, et qui n'h�site pas, par exemple, � annoncer un projet de remaniement gouvernemental � la place du Premier ministre Hamadi Jebali. M. Ghannouchi �r�v�le plut�t que ce gouvernement, dit de coalition, est en r�alit� sous la coupe d'un appareil relevant d'un parti dominant et d'un leader n'occupant aucune fonction officielle�, a d�nonc� mardi, dans les colonnes du journal La Presse, Issam Chebbi, un dirigeant du parti Al- Joumhouri. Et c'est un risque, selon M. Mana�. �C'est avant tout la question de la culture de la d�mocratie. Ennahda avec Ghannouchi, comme tous les mouvements islamistes, n'ont pas cette culture�, rel�ve le politologue.