Le président de l'Assemblée nationale constituante (ANC) de Tunisie, Mustapha Ben Jafaar a appelé jeudi à combattre toute forme de dictature notamment celle fondée sur le religieux, lors du congrès d'Ennahda, le parti islamiste qui domine le gouvernement. "Il faut affronter la dictature qu'elle soit au nom de la religion ou de la modernité ", a déclaré M. Ben Jafaar, chef d'Ettakatol, l'un des deux partis de centre-gauche alliés à Ennahda. "Notre réussite est liée à notre capacité à préserver l'esprit de consensus", a-t-il encore dit. "Notre avenir est entre nos mains pour former une société citoyenne et instaurer un régime républicain civil, pour instaurer un Etat moderne qui préserve l'identité du peuple arabo-musulman", a encore dit cette figure de l'opposition au régime déchu de Ben Ali. Il a aussi rejeté les "calculs partisans et étroits". Le Premier ministre Hamadi Jebali, issu d'Ennahda, a promis un "engagement pour la démocratie et les droits de l'Homme" et envers le "consensus et la coalition au niveau du pouvoir", en référence à l'alliance gouvernementale qu'il dirige. Au sujet d'Ennahda, M. Jebali a jugé qu'il fallait "renforcer le critère civique du mouvement et son attachement à la liberté, aux acquis de la société et à la défense de l'identité et de la référence islamique". "Il faut que le mouvement renforce sa présence en tant que leader et force modérée qui supporte le poids du pouvoir", a-t-il déclaré. Rached Ghannouchi, le chef du parti islamiste, avait présenté, dans une récente interview, le congrès du mouvement comme celui devant ancrer Ennahda dans un islamisme "modéré". Ennahda, accusé par l'opposition de tentations hégémoniques, tient son premier congrès depuis 1988 en Tunisie de jeudi à dimanche. Le parti a cependant renoncé au printemps à faire inscrire la loi coranique dans la Constitution en cours d'élaboration. Il doit fixer lors du congrès sa stratégie politico-sociale et notamment travailler à concilier les différents courants du parti, modérés comme tenants d'une ligne plus radicale. Comme pour symboliser cette recherche de consensus, M. Ghannouchi et le cofondateur d'Ennhada, Abdelfattah Mourou, en froid depuis le début des années 1990, se sont réconciliés en public, se donnant l'accolade et s'embrassant sur le front sous les applaudissements des militants.