Hakim Choua�b est l�un des coordinateurs des gardes communaux qui m�nent depuis des mois un large mouvement de contestation. Cet ancien gendarme de 46 ans a rejoint par �conviction de servir le pays face au p�ril islamiste� comme il le dira lui-m�me lors d�une entrevue, hier en mi-journ�e, dans une hutte qui lui sert de bureau dans le nouveau campement des gardes communaux �rig� � Boufarik dans le sillage de l�emp�chement, une fois de plus, ce jeudi, de leur seconde marche vers la pr�sidence de la R�publique apr�s celle du 9 juillet dernier. Pour ce p�re de 4 enfants, chef d�un d�tachement de la garde communale dans la wilaya de Blida, le mouvement est enclench� et il n�est pas question de revenir en arri�re, �trahis que nous sommes�. Suivons-le : Le Soir d�Alg�rie :Qu�en est-il du moral de vos troupes apr�s la r�pression de la marche du lundi 9 juillet et surtout la mort d�un garde communal de Khemis Miliana et l�emp�chement de votre marche de ce jeudi ? Hakim Choua�b : Ce serait vous mentir ou cacher le soleil avec un tamis si je vous disais que notre moral n�a pas �t� alt�r� par cette cascade d�al�as. Il est, pour ainsi dire, bris� en ce sens que nous nous sentons d�laiss�s, abandonn�s et je dirai plus que cela, nous sommes trahis. Pourquoi trahis, car je pense que notre corps qui a sauv� l�Alg�rie du p�ril islamiste paie � lui seul le prix de la r�conciliation nationale qui fait la part belle � nos bourreaux d�hier. Dr�le de mani�re d�honorer la m�moire des milliers de gardes communaux et autres patriotes qui ont pay� de leur vie la sauvegarde de la R�publique. Votre seconde marche vient d��tre emp�ch�e de nouveau... �a nous perturbe certes mais pas au point de nous faire reculer. Cette fois-ci, nous venons de prouver � la face des pouvoirs publics que notre mouvement est pacifique et ne vise qu�� nous r�tablir dans notre dignit�. Apr�s nous avoir oppos�s aux forces de police qui nous ont malmen�s au point d�engendrer mort d�homme et fait subir les pires tortures � bien de coll�gues, on nous ram�ne, cette fois-ci, les �l�ments de la Gendarmerie nationale. Une strat�gie diabolique que nous avons magistralement d�jou�e en faisant preuve d�un sens �lev� de responsabilit�. Nous n�avons pas c�d� aux provocations et nous avons pr�f�r� camper ici dans l�attente d�une autre d�marche � adopter. Est-ce � dire que la �marche arri�re� n�existe pas dans votre lexique� ? Parfaitement, il n�est pas question pour nous de faire marche arri�re car, comme je vous l�ai dit, c�est le combat de la dignit� que nous menons. Il n�est pas question pour nous de retourner bredouilles chez nous apr�s tant de sacrifices. Nous avons l�impression d��tre les dindons d�une farce, celle de la r�conciliation nationale qui s�est faite sur notre dos. Trouvez-vous normal qu�une veuve de terroriste abattu touche beaucoup plus que celle d�un garde communal tomb� au champ d�honneur face � ce m�me terroriste et comp�re ? Ceci n�existe nulle part au monde. Une sorte d�ingratitude... Plus que de l�ingratitude, c�est comme si on nous envoyait balader. Et dire que pour leur quasi-majorit�, les gardes communaux ont rejoint le corps � un moment o� il n��tait point �vident d��taler le moindre indice de son patriotisme, � un moment o� il faisait bon d�accompagner le �mouvement�. Mais, nous ne nous tairons pas, nous continuerons notre combat car il vaut vraiment la peine de le mener � son terme au risque que nos compagnons d�armes morts au champ d�honneur ne se retournent dans leurs tombes. Pour revenir � vos revendications, o� situez-vous la ou les raisons du refus de leur satisfaction, ceci au moment o� d�autres corps de s�curit� ont b�n�fici� de substantielles augmentations ? C�est �minemment politique. C�est gr�ce, en tr�s grande partie, aux gardes communaux, ceci sans diminuer du r�le des autres corps de s�curit�, que le pays est rest� debout et n�a pas abdiqu� face � l�hydre terroriste islamiste. Mais politique de r�conciliation nationale oblige, il fallait bien que quelqu�un serve de bouc-�missaire, et nous sommes tout indiqu�s pour jouer ce �r�le� aux yeux des d�cideurs qui tiennent � s�approprier ce m�rite. Et pour tout dire, c�est moins une question d�argent qui pr�occupe les pouvoirs publics plus que cet aspect politique. Qu�en est-il de votre r�union avec Ould Kablia ? Vous me donnez l�, l�occasion d�apporter des pr�cisions : lors de notre marche du 9 juillet, des personnes sont venues nous voir et nous ont promis de nous organiser une r�union avec les services de la pr�sidence de la R�publique par le biais du secr�taire g�n�ral du minist�re de l�Int�rieur. Mais quelle fut notre surprise quand nous e�mes en face M. Ould Kablia qui disait que c�est le pr�sident qui l�a rappel� de son cong� pour recueillir nos dol�ances afin de les lui transmettre. Chose faite puisque nous lui avons remis notre plateforme de revendications. Ceci dit, nous pensons que la solution � nos revendications ne rel�ve pas du minist�re de l�Int�rieur qui joue � cache-cache mais plut�t de la pr�sidence de la R�publique. Il n�est plus question pour nous de continuer � �tre exploit�s par les services de s�curit� et pay�s comme des agents de l�administration.