Les premiers jours du Ramadan ont �t� synonymes pour beaucoup de je�neurs de courses �contre la nourriture�. Supermarch�s bond�s, foule dans les march�s, sup�rettes prises d�assaut, rayons des magasins vides, autant de signes qui ne trompent pas. Les Alg�riens s�approvisionnent en tout et en quantit�s consid�rables. Na�ma, m�re de famille Plaquette de douze bo�tes de ma�s, un carton de conserve de tomates, quatre kilos de pois chiches� Ce sont l� �quelques� ingr�dients inscrits dans la liste de Na�ma, les provisions de �guerre�. Rencontr�e � l�entr�e d�une sup�rette, liste � la main, elle est impatiente de finir ses achats. �Mon mari m�attend dans la voiture. Je l�appellerais d�s que j�aurais tout achet�. Il faut tout avoir maintenant. Je serai ainsi tranquille durant le reste du mois�, confie cette femme au foyer. A la question de pourquoi acqu�rir des quantit�s consid�rables et faire des provisions tout au long du mois, Na�ma r�pond tout bonnement : �Eh bien ! c�est comme �a. C�est pour ne manquer de rien pendant les 30 jours de je�ne.� Na�ma n�est pas la seule � r�fl�chir ainsi. Ils sont nombreux comme elle qui ont pris d�assaut les points de vente pour s�approvisionner en l�gumes, viandes blanches et rouges, l�gumes secs et autres ingr�dients �n�cessaires�. �Sinc�rement, je suis conscient que c�est une mauvaise habitude. C�est de cette fa�on que nous faisons en sorte d�encourager la hausse des prix. Mais pour moi, c�est une fa�on d�entrer dans le bain du Ramadan et de l�accueillir dans de bonnes conditions�, explique un jeune papa. Accompagn� de son petit gar�on d�une dizaine d�ann�es, il tente de g�rer le budget qu�il s�est fix�. �C�est simple, quand je n�aurais plus d�argent, j�arr�te.� �Pour moi, il est impensable d�acheter toutes ces quantit�s importantes. Cela donne l�impression de faire des provisions de guerre. Comme si, du jour au lendemain, il n�y aura plus rien � manger. Cela fait mal au c�ur que les Alg�riens aient encore ce genre de r�flexes. Ce sont les consommateurs qui sont la cause de l�augmentation des prix par ce genre d�achats effr�n�s�, s�insurge-t-il. Mouloud, jeune papa, cadre dans une entreprise priv�e Pour lui, pas question de changer ses habitudes de consommation : �Je fais mon march� normalement. Pourquoi, le reste de l�ann�e, nous ne mangeons pas � notre faim ? J�ach�te les quantit�s habituelles en ajoutant quelques ingr�dients pour certains plats.� Mouloud n�est pas le seul � adh�rer � ce �mouvement� mod�rateur. Nawel, fonctionnaire, jeune mari�e �D�s mon premier Ramadan, je me suis promis de ne pas faire les m�mes erreurs que mes parents. Ces derniers achetaient des quantit�s impressionnantes de nourriture. Nous gaspillions beaucoup, et en plus, le budget se ressentait. Nous finissions la fin du mois de car�me difficilement, vu qu�il n�y avait plus d�argent. Alors, chez moi, je mod�re mes achats et j�ach�te juste ce qui est n�cessaire pour des repas modestes qui sont loin d��tre gargantuesques. Si je trouve qu�un produit est trop cher, je ne le prends pas, tout simplement.� Houria, quadrag�naire, femme au foyer Elle aussi a d�cid� de changer sa fa�on de se pr�parer pour ce mois sacr�. �Il y a de cela quelques ann�es, je consacrais un budget colossal pour le mois de Ramadan. Maintenant, j�ai chang�. Je trouve que je faisais dans l�exc�s par envie, ou par imitation. Ce sont des achats effr�n�s qui n�ont aucun sens.� Souad, cadre dans une entreprise priv�e, maman de deux filles El-adhan est � vingt heures. Donc, les m�nag�res ont largement le temps de pr�parer les plats n�cessaires. Pourtant, la plupart d�entre elles ont entam� les pr�paratifs du d�ner d�s la matin�e ou en d�but d�apr�s-midi. �J�ai pr�f�r� commencer � cuisiner t�t et congeler plusieurs aliments comme le poivron ou les �pinards nettoy�s. De cette fa�on, apr�s le travail, je suis moins stress�e. D�autant plus qu�� c�t�, je dois veiller sur mes enfants en bas �ge. Le Ramadan est pour moi synonyme d�organisation et de rigueur. Je veux que nous mangions bien, sans que je me fatigue trop pour pouvoir me consacrer � la pri�re�, continue Souad. Et d�ajouter : �C�est vrai qu�� la fin du mois, je suis fatigu�e et lasse, mais aussi heureuse.� Souhila, jeune r�ceptionniste Les m�nag�res restent aussi � l�aff�t des diff�rentes recettes qu�elles soient nouvelles ou anciennes. �Cette ann�e, c�est clair ! Nous cherchons toutes des recettes de salades. Il fait tr�s chaud donc, il n�y a pas de deuxi�me plat mais plut�t plusieurs salades. Et l�, il faut faire attention aux quantit�s sinon c�est direction � la poubelle. A la maison, nous avons adopt� une m�thode pour que la salade ne dure pas plus de deux jours. Vous imaginez la salade mimosa, par exemple, avec la mayonnaise. Tout ne peut pas se manger au-del� du deuxi�me jour. C�est la m�me chose pour le hors-d��uvre ou la salade ni�oise. C�est simple, nous pr�parons ce mets pour deux jours cons�cutifs. Cela nous permet d��conomiser du temps et de l�argent.� Comme beaucoup, elle pense que durant ce mois sacr�, il y a beaucoup de gaspillage : �C�est honteux de voir le matin, par exemple, des quantit�s importantes de pain dans des sachets.� Taous, 30 ans A ce sujet, les je�neurs deviennent durant ce mois des connaisseurs et des amoureux sans limites du pain sous toutes ses formes. Qu�il soit en baguette, rond, � �pices ou � l�olive, ils en ach�tent des quantit�s importantes et sans mod�ration. �J�ai quatre fr�res d��ges diff�rents. Chacun estime qu�il est de son devoir d�acheter du pain et des brioches. C�est simple, au moment de la rupture du je�ne, nous nous retrouvons au minimum avec huit pains tous diff�rents sortes !� s�exclame Taous : �Et impossible de les conserver parce qu�au moment de mettre la table, chacun veut voir son pain garnir la table. Nous nous retrouvons avec des quantit�s importantes de pain coup� et qui, � la fin du repas, n�est m�me pas entam�. Chaque ann�e, c�est la m�me chose. Et nous ne sommes pas les seuls dans ce cas. Imaginez seulement, mes fr�res tuent le temps avec leurs amis qui, les derni�res heures, font le tour des boulangers. Vous devinez la suite !� Ghania, grand-m�re Elle a trouv� la parade. �Durant tout le mois, il n�y a pas de pain de boulanger � la maison mais que le traditionnel. J�en fais un point d�honneur. J�ai le temps pour cela et je le fais avec plaisir. De cette fa�on, je contr�le le nombre pr�par� Je cuisine les galettes en nombre suffisant, et d�s qu�il y a plus qu�il n�en faut, en deux temps trois mouvements, je les cong�le. Pour cela, je dis vive le cong�lateur. C�est la solution contre le gaspillage !�