De m�moire de cin�philes, jamais un film n�a �t� autant ovationn� qu�El Gusto dont l�avant-premi�re alg�rienne a eu lieu vendredi � la salle Cosmos de Riadh-El-Feth, � Alger. Safinez Bousbia, pr�sente � la projection, a raison : El Gusto a �t�, est et continuera d��tre une formidable aventure humaine. �C�est tr�s important pour moi, cette avant-premi�re � Alger pour ce projet qui m�a demand� neuf ans de travail et qui, gr�ce � ces hommes, m�a donn� une nouvelle vision de la vie�, a d�clar� la jeune r�alisatrice, quelques minutes avant la projection. Tout a commenc� par une visite � La Casbah d�Alger. Safinez Bousbia venue d�Irlande entre dans une �choppe de la vieille m�dina. Elle voit un miroir et d�cide de l�acheter. A partir de ce moment et comme dans le conte De l�autre c�t� du miroir de Lewis Carrol, on entre (presque) dans un monde fantastique. Il y a comme une main du destin. Safinez Bousbia aurait pu acheter le miroir et partir. Elle discute avec l�artisan. Mohamed Firkioui est aussi musicien. Il parle de Hadj M�hamed El Anka, son professeur de cha�bi au Conservatoire municipal d�Alger dans les ann�es 1950. Il lui montre aussi des affiches et de vieilles photographies avec des �l�ves de cette classe d�El Anka. Safinez Bousbia lui pose des questions et Ferkioui r�pond que certains de ces artistes sont morts et d�autres sont �parpill�s un peu partout en Alg�rie et en France. La jeune femme d�cide de l�aider � retrouver ses amis. L�id�e va se d�velopper pour donner le film-documentaire El Gusto (Quidam production) et la constitution du grand orchestre de cha�bi du m�me nom. �L�histoire les a s�par�s, la musique les a r�unis�, lit-on sur l�affiche du film. L�histoire a s�par� les artistes cha�bi musulmans et juifs, ces derniers �tant partis en France pour la plupart. Le documentaire commence par de belles vues d�Alger la Blanche et de sa Casbah dans laquelle vivaient ensemble les juifs et les musulmans. La cam�ra se faufile dans les ruelles de La Casbah jusqu'� ce qui reste de la maison o� est n� M�hamed El Anka. Apr�s avoir r�uni les anciens artistes cha�bi vivant en Alg�rie autour d�El Hadi le fils du grand El Anka, Safinez Bousbia va retrouver les artistes juifs de l�autre c�t� de la mer. Vint le grand jour des retrouvailles � Marseille. C�est �mouvant : la musique a effectivement r�uni ceux que l�histoire avait s�par�s. De longues r�p�titions et c�est un autre grand jour, celui du premier concert de l�orchestre cha�bi El Gusto en France. La salle est archi-comble. L��motion et le trac sont � leur paroxysme. �Aujourd�hui, ou �a passe ou �a casse !�, dit un musicien quelques secondes avant l�entr�e sur sc�ne. Le concert et un triomphe. Viendra une s�rie d�autres soir�es notamment au Bercy devant des milliers de jeunes qui dansent sur les rythmes de cette belle musique jou�e par des �vieux�. Les musiciens, notamment Robert Castel, Mohamed Ferkioui et Ahmed Bernaoui, eux aussi semblaient rajeunir sous l�effet d�une miraculeuse cure de jouvence. Les applaudissements dans le film sont prolong�s par ceux du nombreux public dans la salle Cosmos. La standing ovation dure une bonne dizaine de minutes. Elle reprendra de plus belle quand Safinez Bousbia, le distributeur de films Hachemi Zertal (Cirta Films), des membres de l��quipe technique et des musiciens de l�orchestre El Gusto montent sur sc�ne. L�orchestre El Gusto sollicit� de partout a entam� une tourn�e mondiale. �C�est pour quand un concert d�El Gusto � Alger ?�, lance une femme dans la salle. �El Anka� veut dire �le Ph�nix� dans le langage alg�rien. On dit que cet oiseau l�gendaire poss�de le pouvoir de rena�tre de ses cendres� un peu comme l�orchestre El Gusto�