Il faut une sacr�e dose de courage pour sortir manifester sous un soleil de plomb en ce mois de Ramadan. Les habitants de B�ni Mester, de Zelboun et d�A�n Douz n�en pouvaient plus de retenir leur col�re. Les habitants de ces trois localit�s s�estiment l�s�s sur tous les plans et, bien entendu, � l�instar d�autres habitants, ils ont choisi le seul moyen de revendication qui est encore possible dans ce pays : barrer la route pour se faire entendre. Il faut dire que ces localit�s situ�s � l�est du chef-lieu de la wilaya de Tlemcen n�ont pas b�n�fici� de projets de d�veloppement cons�quents � m�me de les sortir de l�isolement. Sur le plan �conomique, la seule carri�re qui existait est � l�arr�t. Le ch�mage frappe de plein fouet les jeunes, qui restent prisonniers dans ces douars parfois sans �me alors qu�il faisait bon vivre, il y a peine quelques ann�es. Le rythme de d�veloppement n�a pas suivi tout au long de ces derni�res ann�es o� les grands investissements ont cibl� surtout les zones urbaines. Les conditions de vie dans le monde rural sont � l�origine de l�exode depuis le d�but des ann�es 1970. Pourtant, ces populations paysannes de B�ni Mester, de Zelboun et d�A�n Douz ne r�clament pas la lune. Elles exigent tout simplement des routes praticables pour rentrer chez elles et se rendre � leurs lieux de travail. Les principaux axes routiers ont �t� compl�tement endommag�s par l�entreprise qui �tait charg�e de la pose des conduites de gaz naturel. C�est devenu une chose normale, apr�s la fin des travaux, personne ne se soucie de la remise en l��tat du r�seau routier, et c�est probablement la goutte qui a fait d�border le vase. Durant ces derni�res ann�es, des sommes �normes ont �t� engag�es ici et l� pour la r�alisation de projets gigantesques, mais pour autant, les priorit�s ont-elles �t� respect�es dans ce processus de d�veloppement local ? Non, il faut peut-�tre un v�ritable plan Marshall r�serv� uniquement au monde rural � travers tout le pays pour r�tablir un tant soit peu l��quilibre sinon il ne faut plus �voquer � tout bout de champ cette Alg�rie profonde. Les 20 000 habitants de ces localit�s (Zelboun, B�ni Mester et A�n Douz) sont sortis dans la rue non pas pour exiger le luxe, mais pour r�clamer le droit � une vie d�cente et surtout le droit au respect. Les citoyens doivent r�fl�chir dor�navant � deux fois avant de se rendre aux urnes.