Lance Armstrong et ses sept Tours de France ne sont que l��cume d�une affaire qui concerne le pr�sent et l�avenir du cyclisme, bien plus que son pass� honteux. Lance Armstrong va (probablement) perdre les sept Tours de France qu�il a gagn�s en se dopant (et en s�entra�nant, aussi). La r�action du peloton a �t� sans int�r�t � quelques exceptions pr�s, se limitant � des �no comment� parfois agr�ment�s d�un : �A quoi sert de remuer le pass�, c�est encore de la mauvaise publicit� pour le v�lo.� C�t� pass�, la chute d�Armstrong n�a qu�un seul int�r�t : montrer que m�me le champion le plus puissant de l�histoire du cyclisme peut �tre rattrap� par ses tricheries. Ses sept Tours ? Vol�s, on s�en doutait, on le savait, m�me, depuis la publication des charges de l�Agence antidopage am�ricaine (USADA). Et alors ? Inutile de se livrer � l�exercice consistant � chercher les coureurs propres derri�re lui au classement. Mieux vaut tirer un trait sur cette d�cennie de Tours de France. Ne pas oublier mais la prendre pour ce qu�elle �tait. Non, le plus int�ressant, dans l�affaire Armstrong, ce n�est pas Armstrong et son palmar�s. C�est tout ce qu�il y a autour, qui attire moins la lumi�re mais constitue une opportunit� de nettoyer le cyclisme. Des m�decins suspendus � vie L�affaire est baptis�e �Conspiraton USPS� par l�agence am�ricaine, parce qu�elle ne concerne pas Armstrong mais toute une �quipe, l�US Postal Services (USPS) et sa successeur, Discovery Channel. L�enqu�te doit permettre de mettre hors d��tat de nuire plusieurs personnes encore susceptibles d�aider des sportifs � se doper. Trois sont d�j� suspendues � vie par l�USADA. Mais ce sont des m�decins qui peuvent tr�s bien continuer � agir clandestinement : Michele Ferrari en est la preuve, puisqu�il est d�j� interdit de pratiquer par le Comit� olympique italien (Coni) pour avoir dop� des coureurs et qu�il continue de conseiller quelque 70 sportifs (cyclistes, athl�tes, marathoniens, triathl�tes) selon une enqu�te en cours de la justice italienne, qui a fuit� dans le magazine Panorama. Luis Del Moral, m�decin de l�US Postal de 1999 � 2003, a ensuite prodigu� ses savoirs dans le football (le FC Barcelone pour la saison 2003/04 et le FC Valence quelques mois en 2005, avant de se faire licencier) et la voile (il s�est occup� de plusieurs �quipages lors de la Coupe de l�America 2007). Il travaille dans une clinique du sport � Valence � qui a enlev� son nom du site internet mais l�a gard� dans la version anglaise � et au sein de l�acad�mie de tennis valencienne TenisVal, o� s�entra�nent la finaliste de Roland-Garros Sara Errani et le cinqui�me joueur mondial, David Ferrer. Pepe Marti a continu� d�entra�ner Alberto Contador chez Discovery Channel puis chez Astana. On ignore ce qu�il faisait depuis un an et demi. L�UCI veut-elle vraiment gu�rir le v�lo ? Le coureur, son manager, son entra�neur, ses m�decins. Pour certains, il faut aussi aller chercher un dernier coupable, tout en haut de la hi�rarchie du sport : le pr�sident de l�Union cycliste internationale, Pat McQuaid, qui a souvent d�nonc� l�enqu�te de l�USADA. L�UCI est directement concern�e par l�enqu�te, non seulement car Lance Armstrong �tait l�embl�me de son sport entre 1999 et 2005, mais aussi parce qu�elle est soup�onn�e d�avoir couvert un contr�le positif d�Armstrong en 2001. Floyd Landis, vainqueur du Tour 2006 avant d��tre contr�l� positif, est celui qui a racont� l��pisode du contr�le dissimul�. Il y attribue une grande partie de ses pratiques dopantes. Dans son interview confession accord�e au journaliste irlandais et ancien coureur Paul Kimmage, il expliquait : � Si j�avais eu une quelconque raison de penser que les gens qui dirigent ce sport voulaient vraiment le gu�rir, je me serais peut-�tre dit : �Si j�attends suffisamment longtemps, j�aurai l�occasion de gagner sans �a (le dopage)�, mais dans aucun sc�nario je ne m�imaginais courir et gagner le Tour en �tant propre.� Le journaliste Paul Kimmage est un adversaire acharn� de l�UCI et de Lance Armstrong. Aujourd�hui, il r�clame qu�on coupe �les racines et les branches� de la F�d�ration internationale, qui est pourtant � l�avant-garde de la lutte antidopage. �Tant que �a n�arrivera pas, tant que quelqu�un n�aura pas auscult� ce sport de haut en bas et litt�ralement nettoy�, rien ne changera. Ce doit �tre radical et la v�rit�, c�est �a : tant que les coureurs ne penseront pas que les r�gles s�appliquent � tout le monde, que le dopage ne sera tol�r� sous aucune forme et que s�exprimer sur le dopage ne sera pas sanctionn�, il n�y aura pas moyen que �a change�.