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AU SUJET D��MILIE BUSQUANT
Pas de ressentiment ni d�anachronisme en histoire
Publié dans Le Soir d'Algérie le 04 - 09 - 2012


Par Amar Belkhodja, journaliste et auteur
Dans un article paru dans le Soir d'Alg�rie du 27 ao�t 2012, intitul� �La v�ritable histoire du drapeau alg�rien�, M. Ouali A�t Ahmed tente de nous �clairer sur les origines de l'embl�me national, mais en r�alit� il nous affranchit par de bien maigres r�v�lations, tout juste des g�n�ralit�s.
Le but vis� �tant surtout de renier � Mme Messali d'avoir confectionn� le premier �sp�cimen� de l'embl�me national en puisant les composantes, les motifs et les couleurs chez son �poux et ses compagnons. Tout le monde est d'accord l�-dessus. Je ne m'attarderai pas sur cette question. Elle a �t� d�j� trait�e par le docteur Mostefa� dans les moindres d�tails, depuis l'origine de l'embl�me jusqu'� son adoption officielle par une loi promulgu�e au lendemain de l'ind�pendance. Ce qui m'interpelle le plus dans cet article, c'est une s�rie de griefs que l'auteur de l'article oppose � Mme Messali. Alors M. Ouali s'interroge � je cite � : �Si Mme Emilie Busquant avait cet amour passionn� pour la lib�ration de l'Alg�rie qu'on veut lui pr�ter, elle aurait exerc� toute son influence sur son mari pour �tre parmi les fondateurs de l'ENA (...) Elle lui aurait souffl� de faire sienne la cause nationale du 1er Novembre 1954 au lieu de cr�er son propre MNA.� Je fais une halte � ce niveau pour pr�ciser � M. Ouali que Mme Emilie Busquant n'avait rien � dire � son �poux pour la bonne raison qu'elle est d�c�d�e en 1953, donc bien avant la proclamation du 1er Novembre 1954 et la cr�ation du MNA. Poursuivant son r�quisitoire, M. Ouali �crit plus loin que �le corps de Mme Emilie Busquant sera recouvert, lors de son d�c�s, un an avant le recouvrement de la souverainet� nationale, de l'embl�me national�. Faut-il pr�ciser � nouveau � M. Ouali, en rapportant une �tude que j'ai consacr�e � Mme Emilie Busquant, que le d�c�s de celleci est survenu un an avant le d�clenchement de l'insurrection de Novembre 1954, d�c�s qui eut lieu plus pr�cis�ment le 2 octobre 1953 � Alger, en l'absence de son �poux qui se trouvait en d�portation � Niort depuis mai 1952. Tout en apportant un d�menti aux affirmations de M. Ouali, je ferai certainement �uvre utile, surtout pour les jeunes lecteurs du S oir d'Alg�rie, en rapportant une �tude que j'ai consacr�e � Mme Emilie Busquant, il y a quelques ann�es d�j�, et que j'ai enrichie pour rendre hommage � ses luttes et ses souffrances. L'histoire du Mouvement national ne commence pas en 1954. Elle remonte bien avant. Pourquoi alors s'ent�ter � l'effacer, � la falsifier ou � la renier ? Rassurez-vous M. Ouali, Mme Emilie Busquant va compter pour beaucoup dans le combat pour la libert� aux c�t�s de Messali qu'elle �pouse en m�me temps qu'elle �pouse sa cause. Ce que Messali reconna�t lui-m�me : �Je puis dire que ma petite amie, notre nid d'amour et ma nouvelle situation ont �t� le destin miraculeux et la premi�re base de d�part de la lutte pour la lib�ration nationale. � ( M�moires de Messali cit� par Marie- Victoire Louis - Parcours - 12 - 14 octobre 1990). Les t�moignages ne font pas d�faut sur l'engagement de cette femme aux c�t�s de son �poux ; malgr� les attaques dont elle fut l'objet vers la fin de sa vie par certains amis de Messali, notamment parmi eux Ahmed Bouda : �La fraternit� de compagnonnage du d�but, les souvenirs v�cus en commun, la solidarit� qu'exige la lutte collective contre la r�pression, avaient fait de la premi�re ENA une grande famille au sein de laquelle madame Messali �tait tout � la fois un p�le de r�f�rence, un symbole de continuit� ; bref, une m�re. Et ses qualit�s �taient grandes : courage, t�nacit�, sangfroid, esprit d'initiative, d�vouement, sens politique, sacrifices, tous les t�moignages concordent en se sens.� (Marie-Victoire Louis - Parcours - 12- 14 octobre 1990). Originaire de Neuve-Maison en Meurtheet- Moselle o� elle est n�e le 3 mars 1901, Emilie Busquant s'est install�e � Paris dans les ann�es 1920. C'est ici qu'elle va conna�tre Messali Hadj qui se pr�destine � une existence fort mouvement�e parce qu'il sera � la t�te du plus puissant courant nationaliste d'Alg�rie. De son union avec la jeune Emilie na�tront deux enfants : Ali le 8 juillet 1930 et Djanina le 15 avril 1938. Emilie Busquant ne savait certainement pas qu'elle allait partager tous les tourments auquel son mari va s'exposer � cause de son engagement avec sa patrie et son peuple. Pourtant, elle avait fait son choix. Et tout en assumant son r�le de m�re de famille, elle s'acquittera d'importantes missions au sein du mouvement nationaliste. Du temps de l'Etoile nord-africaine, elle assure la liaison entre les cadres de ce parti � Paris et son �poux qui se trouvait momentan�ment (1935) en Suisse pour �chapper aux mesures r�pressives des autorit�s fran�aises. En Alg�rie, au lendemain de la cr�ation du PPA (Parti du peuple alg�rien), elle participe � plusieurs rassemblements et se fait inculper en 1939. Quand Messali est intern� � Lamb�ze, c'est encore elle qui maintient le lien entre le leader nationaliste et les cadres de la nouvelle direction du PPA qui est en quelque sorte la continuit� de l'Etoile nord-africaine mais qui, cette fois-ci, va s'implanter en Alg�rie. Emilie Busquant, c'est la militante engag�e aux c�t�s de son �poux qui d�fend farouchement et sans r�pit la cause nationale mais c'est aussi la m�re de famille et l'�pouse qui partage toutes les souffrances de Messali Hadj qui va �tre pers�cut� toute sa vie par le r�gime colonialiste. Cette �pouse exemplaire va s'�teindre le 2 octobre 1953 � Alger en l'absence de son �poux, qui encore une fois est frapp� de d�portation. Nous allons justement �voquer quelques pages des vexations et souffrances subies par M. Messali Hadj et son �pouse Emilie Busquant comme nous parlerons des conditions fort �mouvantes de la mort de celle qui a accept� de partager la gloire dans la souffrance. Condamn� � 16 ans de travaux forc�s par le tribunal militaire d'Alger le 28 mars 1941, Messali s�journa pendant deux ans au tristement c�l�bre bagne de Lamb�ze. �Selon Maarouf Boumedi�ne, A la prison de Lamb�ze, en 1942, les prisonniers � v�ritables morts-vivants � n'avaient d'autres liens r�guliers avec le monde ext�rieur que les visites de Madame Messali (Maire-Victoire Louis - Parcours - 12-14 octobre 1990). Messali fut ensuite plac� en r�sidence forc�e � Boghari le 23 avril 1943. C'est dans cette ancienne place forte de l'Emir Abdelkader que les �poux Messali vivaient, s�v�rement surveill�s par l'administration coloniale. Parce qu'il avait saisi le g�n�ral de Gaulle pour l'entretenir sur le destin de l'Alg�rie dans une lettre dat�e du 11 octobre 1943, M. Messali est d�port� manu-militari � In-Salah le 16 novembre 1943, oblig� d'abandonner sa femme et ses deux enfants � Boghari. Toutefois, le s�jour en extr�me-sud est bref. Son retour est d�cid� le 31 d�cembre 1943 non pas � Boghari mais � Reibell (Ksar- Chellala) � une distance de la premi�re localit� d'une centaine de kilom�tres environ. L'ancien captif de Lamb�ze n'avait donc pas le droit de quitter Ksar-Chellala, m�me pour aller retrouver sa famille � Boghari. Une autorisation de ce type lui fut refus�e par exemple le 18 septembre 1944. L'administrateur de la commune mixte de Ksar-Chellala, charg� de lui notifier ce refus, poussa le z�le jusqu'� mettre M. Messali sous-�coute et ainsi il intercepta une communication transmise au sous-pr�fet de M�d�a. Emilie Busquant rend compte � son �poux du mouvement de troupes que conna�t la bourgade de Boghari pour intimider la population locale et l'emp�cher de manifester quelque soutien au leader du PPA. Elle rapportait ce jour-l� : �Hier soir, des soldats fran�ais ont brutalis� de jeunes musulmans, l'un d'eux voulut faire usage de son r�volver. De nombreux indig�nes musulmans se sont alors rassembl�s et ont protest� violemment. Le r�sultat a �t� que, peu apr�s, six mitrailleuses ont �t� mises en batterie � la gendarmerie et que le contr�le de la circulation a �t� organis�. Ce sont de v�ritables provocations. Tout cela est dirig� contre nous� (extrait de communication transcrite et transmise en annexe de correspondance - archives da�ra de Ksar-Chellala). M. Messali �tant interdit de quitter sa r�sidence forc�e, c'�tait donc son �pouse qui demandait l'autorisation de quitter Boghari pour se rendre � Ksar-Chellala o� l'administrateur de cette commune mixte passe la plupart de son temps � �pier tous les mouvements du leader nationaliste et les visites qu'il re�oit, esp�rant, pour cela, gravir les �chelons de la hi�rarchie administrative. Mais le 18 avril 1945, alors que le nouveau mouvement des AML est � son apog�e, la localit� de Ksar-Chellala devient le th��tre de graves incidents. De nouveau, Messali est d�port� � El-Gol�a puis � Brazzaville. De nouveau Madame Messali est confront�e � toutes sortes de tracas et pers�cutions insurmontables, inhumaines. Elle r�side encore dans la r�gion de M�d�a. Le 9 juin 1945, pendant que la trag�die du peuple alg�rien se poursuit � Kherrata, S�tif et Guelma, Emilie Busquant proteste aupr�s de l'administrateur de la commune mixte de Ksar-Chellala. Elle r�clame d'envoyer des v�tements et de l'argent � son �poux et de pouvoir regagner son domicile � Alger avec ses enfants. Elle menace de porter son cas devant une nation �trang�re. L'administrateur s'agite et avise les autorit�s sup�rieures. Le pr�fet d'Alger, humili� quelque temps auparavant � Ksar-Chellala, saisit � son tour le gouverneur g�n�ral sur le cas Emilie Busquant. Il propose au chef de la m�tropole le d�placement d'Emilie Busquant, sa pr�sence � Ksar-Chellala �tant d�sormais ind�sirable, v�u si pressant de notre z�l� administrateur de la commune mixte. Il signale �galement que Ali, fils de Messali, venait d'�tre renvoy� du coll�ge de M�d�a parce qu'il a �t� appr�hend� en train de distribuer les photos de son p�re � ses camarades. C'est dire que la r�pression frappait toute la famille Messali. Mais au mois d'ao�t 1945, Mme Messali est toujours � Ksar-Chellala, entour�e de tous les �gards des disciples de son �poux d�port�. Cependant, le torchon br�le toujours entre elle et l'administrateur qui ne cesse de d�noncer les agissements de la dame. Dans les correspndances officielles �chang�es entre le sous-pr�fet de M�d�a et son subalterne � Ksar-Chellala, on nie m�me les liens conjugaux l�gitimes
entre Emilie et Messali. Tant�t elle est sa �concubine �, tant�t elle est �dite madame Messali �. Bref, l'administrateur r�clame toujours le d�part d'Emilie Busquant de sa localit� parce �qu'elle est arrogante et tient avec lui et son adjoint des conversations sur un ton v�h�ment, dans le but, dit-il, d'attirer l'attention de la population sur elle�. (Correspondance du 20 ao�t 1945). Le �malheureux� administrateur de Ksar-Chellala se plaint m�me du jeune Ali qu'il sermonna parce qu�il avait �ostensiblement � refus� de le saluer, et ce, en pr�sence de �nombreux musulmans�. Les incessantes plaintes de l'administrateur de la commune mixte de Ksar-Chellala aboutissent. Mme Messali et ses deux enfants quittent d�finitivement Ksar-Chellala le 21 f�vrier 1946. C'est la fin d'un �pisode fort mouvement� et qui m�rite davantage d'investigations pour d�crire avec force les pressions et les intimidations subies par Mme Messali et ses deux enfants et qui sont all�s rejoindre le leader d�port� au Congo. Peu de temps apr�s, Messali est lib�r�. Il s'installe avec sa famille � Bouzar�ah (Alger). Naissance du MTLD et nouvelle �pop�e avec ses points faibles. Le mouvement prend le soin d'entretenir son aile clandestine le PPA. L'�toile de Messali brille toujours. C'est le leader le plus aim� et le plus populaire. L'ordre colonial est conscient de cette nouvelle ascension qui fait de Messali l'incarnation incontest�e de la conscience nationale parce qu'il a accept� de se sacrifier pour son peuple. En 1952, il entame une tourn�e en Alg�rie qui se termine par une trag�die � El-Asnam (Chlef) le 14 mai de cette ann�e. La police tire sur la population venue accueillir le �Za�m�. Deux jeunes Asnamis p�rissent sous les balles de la police coloniale. Les �v�nements se pr�cipitent. Messali est arr�t� sur les lieux du drame puis expuls� � Niort (France). C'est un coup fatal. Car le vieux routier du nationalisme alg�rien ne retournera plus en Alg�rie. Il y retournera sans vie en 1974 pour �tre enterr� � Tlemcen, sa ville natale. Cette d�portation va porter un coup fatal � son parti qui va �tre secou� par une s�rie de crises et de divergences entre Messali et plusieurs de ses cadres. Coup fatal aussi pour l'�pouse Emilie Busquant qui, quelque temps apr�s l'expulsion de son �poux, va souffrir d'une h�mipl�gie qui l'emportera le 2 octobre 1953, � une �poque o� l'une des plus f�roces r�pressions s'abattra sur les militants du PPA-MTLD. Oui M. Ouali, je dis bien le 2 octobre 1953. Mais alors pourquoi vous la culpabilisez de ce qu'elle aurait pu faire pour conseiller son �poux alors qu'elle n'�tait plus en vie ? Mme Messali ne se rel�vera plus de son mal qui empire puisque le 28 septembre 1953 elle va tomber dans le coma. Elle est admise alors � la clinique des Glycines � Alger. Pendant toute la dur�e du mal qui la ronge, Emilie Busquant n'aura pas le bonheur d'avoir � ses c�t�s son �poux, parce que telle fut la volont� du r�gime de la honte et de l'exploitation. Lorsque Emilie Busquant sombre dans le coma, la direction du MTLD r�clame le retour de Messali pour qu'il soit au chevet de sa compagne quand elle rendra le dernier soupir. Le gouvernement fran�ais soumet cette autorisation � condition que l'ancien captif de Lamb�ze s'engage par �crit que son �retour en Alg�rie ne soit pas exploit� � des fins politiques�. Messali refuse cette forme de chantage. Ali et Djanina, les enfants de Messali, tentent de sensibiliser le gouverneur g�n�ral en lui adressant la lettre suivante : �Notre maman, qui est tomb�e malade � la suite d'une h�mipl�gie depuis quinze mois, a vu sa maladie s'aggraver tout r�cemment. Elle se trouve depuis le 24 septembre �coul� (1953) dans le coma, � la clinique des Glycines. Pendant sa longue maladie, elle n'a cess� de demander la pr�sence de notre papa � son chevet. Nous vous demandons, monsieur le gouverneur g�n�ral, de permettre � notre p�re de revoir notre m�re agonisante. Nous sommes deux enfants, ma s�ur Djanina et moi-m�me, qui veillons sur elle jour et nuit. La pr�sence de notre papa sera pour nous d'un grand r�confort et le v�u le plus cher de notre m�re aura �t� exauc�. C'est au nom de l'humanit� que nous vous adressons cette lettre, esp�rant que vous r�pondrez favorablement � une demande de deux enfants priv�s de leur p�re et peut-�tre bient�t de leur m�re.� (Lettre reproduite dans l'Alg�rie libre n�81 du 3 octobre 1953). Vous voyez, M. Ouali, au lieu de vous pr�cipiter et vous ruer sur Mme Messali, il vous aurait fallu consulter les archives. Et vous auriez alors constat� qu'elle n'�tait plus l� en 1954 pour influencer son �poux sur telle ou telle attitude � prendre vis-�-vis des �v�nements et des hommes Cet �mouvant appel des deux enfants des �poux Messali n'aura aucun effet sur les institutions �r�publicaines� fran�aises. L'indignation des Alg�riens, tous courants confondus, est g�n�rale. Emilie Busquant rendra le dernier soupir sans la pr�sence de Messali. �Le MTLD s'incline pieusement devant la m�moire de celle qui a men� toute sa vie au service de l'Alg�rie, morte, priv�e du r�confort moral de la pr�sence de Messali Hadj mais entour�e de la chaude sympathie du peuple alg�rien.� ( L'Alg�rie libre n�81 du 3 octobre 1953). Le peuple alg�rien rend un dernier hommage � Emilie Busquant. Plus de 10 000 personnes se sont recueillies devant le cercueil recouvert du drapeau alg�rien. C'est Mustapha Ferroukhi qui pronon�a l'�loge fun�bre au nom du comit� central du MTLD, rendant hommage � �la femme mod�le aussi bien vis-�-vis de son compagnon et de ses enfants que de la cause alg�rienne. Elle a droit � la gratitude de tout le peuple alg�rien et de notre mouvement pour la lutte qu'elle a men�e en faveur de notre pays.� ( L'Alg�rie libre du 10 octobre 1953 - cit� par Marie Victoire Louis - Parcours - 12-14 octobre 1990). Il s'agit l� d'un hommage exprim� par un cadre reconnu du parti de M. Messali. Il suffit de consulter les archives pour reconstituer fid�lement les �v�nements historiques. La lecture de l'histoire ne peut se faire avec le ressentiment et l'esprit de vengeance. Encore une fois notre jeune lectorat est tromp� lorsque M. Ouali lui raconte que Mme Messali est morte une ann�e avant le recouvrement de l'ind�pendance et, comble de l'audace et de l'effronterie, le fait que son cercueil soit recouvert du drapeau alg�rien, M. Ouali l'attribue � une �fleur� accord�e par l'administration fran�aise pour les besoins de la manipulation. Des divagations qui portent atteinte � la m�moire d'une femme qui se trouvait � l'avant-garde du combat anticolonialiste. M�me en France, lorsque le corps d'Emilie Busquant y sera transf�r�, M. Messali ne sera pas autoris� � assister librement aux obs�ques de sa compagne. Il est sous escorte polici�re au cimeti�re de Neuve- Maison o� il fera une d�claration d'une tr�s haute port�e politique et humanitaire : �Par-de-l� la tombe de celle qui fut mon �pouse, je m'adresse au peuple fran�ais et je lui dis : cette Fran�aise qui �tait lorraine m'�crivait dans les moments les plus difficiles, dans le noir et le secret des prisons : Messali, tu es sur la bonne voie. Dans mon c�ur de Fran�aise, je sais qu'il n'y a pas de fronti�res pour la libert�. Par- del� la tombe de celle qui fut mon �pouse, je m'adresse au peuple alg�rien et je lui dis : Vois, il y a des Fran�ais, travailleurs et d�mocrates, qui sont avec toi dans la lutte contre les oppresseurs. Par-del� la tombe de celle qui fut mon �pouse, je m'adresse au peuple alg�rien et fran�ais et je leur dis : ensemble, nous construirons une soci�t� humaine, plus juste o� la libert� ne sera pas un vain mot.� (cit� par Benjamin Stora dans Messali Hadj - Pionnier du nationalisme alg�rien- Rahma 1991 - p.219. Voil� la vie qu'avait choisie Emilie Busquant. Celle de d�fendre un id�al noble et juste parce que ce peuple dont elle n'�tait pas originaire souffrait de tous les abus et de toutes les avanies. Ce que je raconte ici, M. Ouali, s'arr�te � 1953, chronologiquement parlant. C'est-�-dire que nous ne sommes pas encore arriv�s � 1954, ann�e qui va surprendre le parti de Messali d'une crise qui va engendrer de bien lourds d�g�ts. Mme Messali a quitt� notre monde avant cette crise. Mais pourquoi donc, M. Ouali, vous vous �tes acharn� � la charger de toutes les accusations, gratuites et calonieuses? C'est injuste. Si on a des comptes � r�gler avec Messali, il n'est pas loyal d'impliquer son �pouse dans ces affrontements a posteriori.


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