Peut-�tre que la visite que Fran�ois Hollande va effectuer � Alger sera l�occasion de r�concilier l�Etat fran�ais avec les valeurs universelles fondatrices de la R�publique ? La guerre d�Alg�rie est-elle s�parable de sa matrice : la colonisation ? Celle-ci au bout de 132 ans a fait le lit de la premi�re. Les pr�tentions �civilisatrices� fran�aises, sur cinq quarts de si�cle, ont tenu les populations autochtones hors de toute humanit� ou, au mieux, dans un statut de sous-humanit�. Des populations qui ne purent �rentrer dans l�histoire�, de plain-pied, qu�aux prix de maintes r�voltes et r�sistances couronn�es par une guerre de Lib�ration de sept longues ann�es. R�sistances et combats qui constituent un recours l�gitime au droit imprescriptible � la r�volte devant la tyrannie. Il se trouve encore des voix pour consid�rer �la colonisation de l�Alg�rie� comme une �uvre civilisationnelle ! Pour s�r, ces gens doivent �tre convaincus que les 132 ann�es n�ont �t� ni ignorance, ni oubli, ni m�pris des droits de l�homme. Pour eux, la colonisation a en permanence tenu les hommes aussi libres et �gaux qu�ils sont proclam�s � leur naissance. Ils doivent croire que la colonisation n�a jamais constitu� une atteinte � la libert�, � la propri�t� et � la s�ret� des hommes autochtones. Du point de vue de ces civilisateurs, les populations autochtones, n�ayant �t� soumises � aucune oppression, ne pouvaient se consid�rer fond�es � r�sister � l��uvre de civilisation�. La colonisation, �chue en h�ritage aux diff�rentes r�publiques fran�aises dans leur succession, trouve son origine dans la d�cision souveraine de la nation �incarn�e� dans la personne du monarque de juillet, Louis Philippe. Elle a ensuite traduit les ambitions imp�riales de Napol�on troisi�me du nom. Si la R�publique est en cause, c�est du fait qu�au nom de la sacro-sainte continuit� de l��tat, elle a endoss� un h�ritage contraire � ses principes fondateurs. La raison d'�tat a la f�cheuse tendance � d�naturer les principes r�publicains. L��tat dans ses penchants r�galiens a trop souvent tendance � renier les principes universels que proclame la R�publique. A chaque �tape, il traduit la volont� des puissants du moment ; Louis XIV ne disait-il pas : �L��tat, c�est moi !� Le jour m�me de sa prise de fonction, Fran�ois Hollande, montrait qu�en mati�re d�h�ritage, un tri indispensable est � op�rer. Il a accompagn� son hommage appuy� au fondateur de l��cole publique, d�une d�marcation claire vis-�-vis des conceptions colonialistes de Jules Ferry. Il faut certainement y voir plus qu�un effet de style mais une d�marche de principe qui annonce une volont� de r�concilier l��tat fran�ais avec les valeurs fondatrices de la r�volution de 1789 et de la R�publique. Les quelques lignes du communiqu� pr�sidentiel du 17 octobre �taient pr�c�d�es par des propos tenus � Dakar, lors du Sommet de la francophonie : �C'est en fran�ais que s'exprimaient les combattants africains pour l'ind�pendance, ceux qui refusaient la souffrance des peuples asservis.� Enfin un regard serein sur l�Histoire ! L��tat fran�ais serait-il sur le point d��tre d�barrass� de ses scories s�gr�gationnistes ? De la seconde � la cinqui�me R�publique, la s�gr�gation colonialiste, envelopp�e dans l�euph�misme de �la mission civilisatrice� paraissait acceptable. L�heure de la lucidit� a-t-elle sonn� ? Si tel est le cas, l��tat et la R�publique en sortiront grandis. M. B. Nota : les mots en gras sont emprunt�s � la D�claration des droits de l�homme et du citoyen de 1789.