Par Aliane Merouane * L�inflation est un sujet �conomique tr�s sensible, et qui pr�sente un int�r�t incontestable pour la soci�t� en ce sens qu�il est une variable majeure dans le pouvoir d�achat des m�nages. Et malgr� la cr�dibilit� toute relative des chiffes avanc�s en la mati�re, il est incontestable, notamment durant l�ann�e �coul�e, de constater que l�inflation atteint des niveaux tr�s �lev�s (7,5 %), rabotant largement les augmentations de salaires dont ont b�n�fici� les fonctionnaires alg�riens. Et entendre dire, r�cemment, que la Banque d�Alg�rie n�est pas responsable de la r�gulation de l�inflation, ou qu�elle ne dispose pas des outils n�cessaires � sa normalisation, rel�ve d�un raisonnement pour le moins al�atoire ! En effet, une des pr�rogatives principales d�une Banque centrale est justement de juguler cette augmentation des prix � travers notamment la fixation des taux directeurs d�int�r�ts servis aux banques primaires. Ainsi, cet argent se rench�rit (augmentation des taux d�int�r�t) avec pour cons�quence moins d�emprunt des m�nages et donc moins de consommations. A l�inverse, la Banque centrale encourage la consommation et donc l�augmentation des prix en baissant son taux d�int�r�t directeur ! En pratique, ces derni�res ann�es n�ont enregistr� que tr�s peu d�actions concr�tes de la Banque centrale ayant des vis�es d�flationnistes ; seules des bonifications des taux d�int�r�t � l�endroit des investisseurs ont �t� accord�es dans l�objectif �vident de les encourager. Dans un autre registre, les �conomistes Alesina et Summers ont voulu (en 1992) d�montrer une corr�lation entre faible inflation et grande ind�pendance des banques centrales (voir graphique) ! De l� � dire que notre Banque centrale n�est pas ind�pendante � ce n�est pas le propos ! Jean-Claude Trichet, directeur sortant de la BCE et ancien de la BDF, a rendu son bilan largement positif avec un taux d�inflation autour de 1,9 %, avec une Europe � 25 ! Une forte augmentation des produits agricoles frais � l�importation A sa d�charge, la Banque centrale n�a sans doute pas �t� consult�e pour la mise en place des augmentations de salaire, notamment dans les secteurs de l�enseignement, police, administrations, etc. Aussi une partie de cette inflation est-elle import�e ; elle d�coule d�une forte augmentation des produits agricoles frais � l�importation, doubl�e d�un taux de change dollar/dinar � la hausse. La suppression des droits et taxes sur les importations de ma�s et de soja, rendue effective par l�Etat � compter du 1er septembre 2012, va dans le sens d�amortir cette inflation import�e. Et m�me si les politiques d�flationnistes vont souvent de pair avec un ralentissement de la croissance, plusieurs leviers peuvent �tre actionn�s pour att�nuer les augmentations des prix : - Intensifier une politique de l�offre avec un encouragement massif de l�investissement productif ; en raison du d�calage actuel par rapport � la demande des m�nages. Une demande qui sera, sans une offre nationale, satisfaite par un surplus d�importation et donc le risque d�importer de l�inflation. Les taux de croissance actuels affich�s par les banques commerciales en mati�re de financement de l�investissement (+20% en 2011, +14% au 30- 09-2012) doivent se p�renniser. - Stabiliser les salaires de la Fonction publique, cela induira une baisse de la demande globale et donc une moindre pression sur l�offre. - D�courager l��pargne des m�nages par une plus faible r�mun�ration (m�me si la r�mun�ration actuelle reste mod�r�e) afin d�orienter la consommation des m�nages vers une offre nationale ; laquelle offre doit �tre privil�gi�e clairement au nom d�un patriotisme �conomique de plus en plus en vogue dans les pays d�velopp�s. - Mieux organiser et cerner le march� de l�immobilier qui repr�sente, avec l�achat de la voiture, l�investissement majeur et n�cessaire pour chaque m�nage. En l�absence de produits financiers alternatifs (march� des actions et obligations), plusieurs fortunes investissent massivement dans l�immobilier pour r�aliser des plus-values doublement pr�judiciables : pour l�acheteur qui est ob�r� d�une somme d�argent importante, et pour le vendeur qui accentuera l�inflation par cette rentr�e d�argent sans effort ! - Enfin, replacer le curseur des taux de change du dinar par rapport aux autres monnaies majeures (euro et dollar). Un dinar faible encourage certes les exportations alg�riennes (p�trole), l�op�ration inverse, en l�occurrence l�importation, engendre un co�t plus �lev� de la mati�re import�e, et donc un prix plus haut � la vente. A ce titre, le d�bat sur la r��valuation du dinar, � la lumi�re d�une situation budg�taire plus stable et plus solvable, est plus que jamais d�actualit�. Il aura un double effet salvateur : � cr�er un manque � gagner en mati�re de recettes p�troli�res, qui donnera lieu � un effort suppl�mentaire indispensable en mati�re d�investissement interne ; � annihiler la partie de l�inflation due � l�importation pour mieux ma�triser ce ph�nom�ne au niveau national. A. M.