[email protected] Dans une course folle, un bus priv� de transport en commun, bond�, s�acharne � vouloir d�passer un v�hicule dont le conducteur roule tranquillement sur sa voie. Press� d�arriver � la station, son t�l�phone portable coll� � son oreille, il s�enquit de la situation � la station de son itin�raire, A�ssat-Idir d�Alger. D�marrant en trombe de A�n-Na�dja, notre fou du volant, frais �moulu, veut � tout prix rejoindre sa destination avant son coll�gue pour assurer un autre convoi. Notre chauffeur, qui, il y a � peine quelques mois, �tait un simple receveur, est vite mont� en grade. Il conduit un bus ! Et quel bus ! Mieux vaut parler d�une carcasse ambulante. Je disais donc, dans sa folie meurtri�re, notre criminel en puissance n�en d�mordra pas malgr� les mises en garde des passagers qui voyaient le danger arriver. Dans sa course-poursuite, il finira par �craser l�arri�re du v�hicule qui le g�nait, comme un avorton. L�action s�est produite en une fraction de seconde. Le chauffeur pour ne pas se renverser et �viter le pire aura toutes les peines du monde � redresser son v�hicule. Il butera ainsi sur sa victime, la petite voiture qui le devan�ait. Un coup de frein sec, et le pare-brise volera en �clats ; quant aux passagers secou�s par le choc, ils se retrouveront clou�s sur le plancher. Des pleurs, des cris, des �vanouissements, des hurlements de col�re, la situation vire � l�apocalypse. On se t�te la t�te, les bras ; bref, le corps, heureusement aucune goutte de sang. Le chauffeur, m�dus�, les mains agripp�es � son volant, le visage livide ne dit pas un mot. Les passagers, apr�s quelques minutes, reprennent leurs esprits, remercient Dieu qu�ils s�en soient sortis sains et saufs. �Mon Dieu ! nous avons fr�l� la mort !� lancera cette jeune femme, les cheveux �bouriff�s, les v�tements en d�sordre, les yeux rouges de frayeur. Un homme, la cinquantaine bien entam�e, ne pouvant contenir son courroux, se dirigera vers le chauffeur en criant : �Laissez-moi, je vais le tuer, cet assassin !� On le retiendra difficilement, on finira par le calmer. Hommes, femmes jeunes et moins jeunes, tous les passagers quitteront le bus, en criant presque en ch�ur : �Bien s�r, � leurs yeux, nous sommes des pi�ces de monnaie qu�ils comptent � la fin de leur journ�e. Et bien s�r, ce n�est pas cet accident qui va les assagir, ils vont continuer � faire de la vitesse, � conduire des bus destin�s � la fourri�re en plein centre de la capitale. Ils le feront en toute impunit�, car tout simplement nos gouvernants laissent faire.�