Par Na�ma Yachir [email protected] Dimanche, une foule compacte se forme devant un arr�t de bus de la capitale. Il est 7h30. A peine r�veill�s, la mine patibulaire, les mains gel�es par le froid, les habitu�s des lieux guettent d�sesp�r�ment l�engin. On jette un �il furtif � sa montre-bracelet, on tire nerveusement sur sa cigarette, on grommelle et l�on en veut d�abord aux gouvernants, puis au syst�me, enfin � toute la plan�te. �a y est, on aper�oit au loin le nez de l��norme chenille. On se bouscule. On joue des coudes, on s�amasse devant la porti�re du bus � travers laquelle doit se faufiler l�impressionnante vague humaine. On se tient immobile en attendant l�acc�s, et l�on prend d�assaut le v�hicule pour s�assurer une place assise. Des cris � peine audibles cr�ent un mouvement de panique, une petite fille pas plus haute que trois pommes se fait pi�tiner par une foule en furie. La maman, les yeux exorbit�s, extirpe son enfant et crache toute sa col�re sur le receveur : �Vous n�avez aucun respect pour ce peuple, tout est votre faute, si toutes les portes �tait ouvertes, les gens ne se jetteraient pas comme des fous sur le bus en se marchant dessus. Ils ont failli tuer ma fille.� Imperturbable, le receveur, tout en poin�onnant les tickets, lui r�pond sans lui adresser le moindre regard : �Je suis un ex�cutant, vous n�avez qu�� vous plaindre � la direction.� Une r�ponse qui a provoqu� le courroux des voyageurs assis, ceux-l� m�mes qui quelques minutes plus t�t, dans leur folie furieuse, ont pi�tin� la gamine. Et dans un �lan de solidarit�, comme horrifi�s par ce qu�ils ont entendu, ils s�exclament : �Oui, elle a raison. Ce n�est pas comme cela que vous allez mettre fin aux resquilleurs, depuis qu�il y a eu cette nouvelle machine � billets, c�est l�anarchie. Dites � vos chefs qui ne savent pas ce qui se passe dans leurs stations de bus de trouver autre chose !�