Par Ahmed Cheniki Amin Khan (ou Khene de son vrai nom), qui vient de recevoir ce 6 d�cembre � Paris le prix de l�Acad�mie fran�aise, est un po�te qui �crit depuis sa tendre enfance. Il est marqu� par des voix po�tiques qui ont profond�ment investi l�art d�une charge �motionnelle et d�une force politique ind�niable : Baudelaire, Rimbaud, Hikmet, Aragon, Darwish� Ses vers produisent une sonorit� associant des paroles venues de partout et des disciplines artistiques comme la musique et la peinture qui apportent � sa po�sie une extraordinaire fra�cheur. Auteur de recueils po�tiques �dit�s en Alg�rie (Colporteur, Les mains de Fatma) ou � l��tranger (Archipel Cobalt et Arabian Blues ), Amin Khan, dont le nom figure dans l�anthologie po�tique �labor�e par Tahar Djaout, �voque dans cet entretien l��tat de la po�sie, les jeux culturels et la situation politique. Ahmed Cheniki : Arabian Blues est un hymne � l�amour et � la musique qui semble d�ailleurs structurer vos po�mes. Comment travaillez-vous vos textes ? Amin Khan : Je crois que la po�sie est essentiellement l�expression de la solitude primordiale du po�te, mais au-del�, celle de tous les humains dot�s de conscience. Et l�amour est la source, la substance et l�identit� du lien qui me lie au monde, l�amour de certaines personnes, de certains lieux, de certaines id�es, de certaines valeurs, de certaines m�moires, de certains r�ves, de certaines illusions... L�amour de l�Alg�rie, de son histoire et de ses paysages, l�amour de l�Alg�rie, r�elle et fantasm�e, est ainsi, depuis toujours, une source majeure, et constante, de ma po�sie. Arabian Blues, paru cette ann�e, est un livre compos� � Alger dans la seconde moiti� des ann�es 80� C�est une pri�re silencieuse� Devant le d�litement du pays dans les ann�es 80, devant l�accablement des malheurs sur la soci�t� alg�rienne bris�e dans son �lan, devant donc le spectacle lamentable de la r�gression morale, intellectuelle, spirituelle, culturelle, sociale, �conomique, politique de cette �poque, que pouvaient dire ces po�mes, sinon une pri�re silencieuse, une sorte de blues, un blues de nous autres� Quant � la musique, elle est pour moi une frustration, une source d�inspiration et une contrainte imp�rieuse. La frustration d�un amoureux de musique qui aurait voulu pouvoir s�exprimer par la musique. Une source d�inspiration, plus importante d�ailleurs que la litt�rature et la po�sie. Elle est aussi une contrainte �vidente, car le po�me n�existe v�ritablement que par son rythme, sa musicalit�, sa voix, le respect coh�rent, total et absolu du sens et des sons, et le respect du silence� Ainsi, le texte po�tique est l�aboutissement d�un processus � la fois organique et conscient, d�un chaos �motionnel et d�une certaine rigueur intellectuelle, d�un travail artisanal et d�une respiration. Mais je n�ai pas de technique ou de rituel d��criture. Je passe par de longues p�riodes de silence et puis par des moments de transe. Et j�ai, le plus souvent, l�impression de n��tre, en r�alit�, qu�un instrument de la po�sie, comme le serait, pour la musique, un instrument de musique, un tambour ou un saxophone... Dans la pr�face d� Arabian Blues, Ren� Depestre �voque la mise en �uvre d��une expression elliptique et d�pouill�e � divers h�ritages transnationaux et transculturels�. Justement, quels sont les po�tes qui vous ont marqu� ? J�ai commenc� � �crire des po�mes enfant, � l��ge de dix ans, sans rien conna�tre de la po�sie que quelques �r�citations� qu�on apprenait � l��cole primaire. Mais, enfant, j��tais extr�mement sensible � la musique et aussi � la musique des mots tels que dits par elle, dans les contes et r�cits de ma grand-m�re maternelle qui ne savait ni lire ni �crire, mais qui avait l�esprit et le talent d�un po�te authentique. Puis, � l�adolescence, au lyc�e, j�ai pris connaissance de textes qui m�ont ouvert l�esprit, et qui ont aussi, d�une certaine fa�on, �l�gitim� � � mes yeux mon activit� tr�s personnelle, quasi secr�te, intime, d��criture de la po�sie. Si, � cette �poque, j�ai aim� Baudelaire, Rimbaud et d�autres po�tes, c�est la lecture de Nedjma de Kateb Yacine qui m�a litt�ralement enflamm�. Kateb me montrait la voie ! Il montrait le pouvoir de la po�sie d�aller � la racine des terribles sentiments humains, contraires, contrari�s, jusque dans les zones de l�exp�rience et de la m�moire o� ils sont inextricablement li�s. Il montrait un sentier � travers des t�n�bres enflamm�es. De plus, il s�agissait d�un �crivain alg�rien ! Sublime motif de fiert� et d�espoir ! Plus tard, j�ai d�couvert Lorca, Neruda et Nazim Hikmet, qui ont confirm� mon go�t pour la po�sie vraie, la po�sie lumineuse, la po�sie de la chair et du sang des hommes et des peuples, la po�sie du combat pour les valeurs essentielles de l�humanit�. Po�sie qui va au fond des choses, avec des mots simples, avec une clart� de point de vue, une po�sie capable de construire sa pertinence, sa valeur, sa beaut�, son sens, son identit�, en dehors des discours �tablis, qu�ils soient id�ologiques, politiques, litt�raires ou po�tiques. La po�sie d�Amin Khan, depuis les premiers textes ( Colporteur, Les Mains de Fatmaet surtout Vision du Retour), est l�expression d�une solitude et une sorte d�association syncr�tique de v�rit�s apparemment contraires comme la vie et la mort, le d�senchantement et l�espoir, par exemple. Qu�est-ce qui, justement, vous incite � construire cet univers po�tique ? Je crois que la contradiction est l�essence de toute chose, de toute chose humaine en particulier. Lorsqu�on ambitionne d�approcher la �v�rit� dans un po�me, je crois qu�il est impossible de se d�rober � la n�cessit� de se confronter � l�appr�hension et � la connaissance de la contradiction, puis de tenter de la restituer de fa�on intelligible � la raison et � l��motion du lecteur, � commencer par le premier lecteur qu�est le po�te lui-m�me. Je crois qu�� force de rigueur et de lucidit�, � force de refuser la complaisance, la facilit�, les clich�s, la forfanterie, le narcissisme, les postures conventionnelles, les tournures, peut-�tre plaisantes, mais souvent creuses, le po�te peut �ventuellement parvenir � exprimer, parfois, une �v�rit� qu�il n�est plus alors seul � percevoir ou � comprendre. Il parle alors aux autres, et il en est entendu. Cette rencontre, quand elle a lieu, peut intervenir, exceptionnellement, dans la proximit� du temps et de l�espace, mais plus probablement dans la distance du temps et de l�espace. Quant � la solitude, je crois qu�elle nous est commune � tous. Seulement, il en existe diff�rentes consciences, et diff�rentes fa�ons de la vivre et de la supporter, et, parfois, d�en faire un moteur, une arme, un outil cr�atif... Et lorsque la po�sie ambitionne d�approcher autant que possible la �v�rit�, elle ne peut faire l�impasse sur la solitude, sur cette dimension essentielle de la condition humaine� D�j�, � travers les titres de vos textes, on sent que les derniers recueils constituent une rupture avec les premiers : Archipel Cobalt, Arabian Blues. Peut-on parler de continuit� ou de rupture ? En r�alit�, il n�y a pas de rupture. Mes textes po�tiques, titres compris, sont anim�s par un m�me esprit, une m�me volont�, une m�me vision, qui se pr�cise, au fur et � mesure du temps et de l�exp�rience. Vos derniers regards mettent en sc�ne la solitude, le d�senchantement, mais, paradoxalement, l�espoir est toujours pr�sent, comme si nous �tions en face de deux univers th�matiques, de deux langues qui n�en font, � la fin, qu�un. Qu�en dites-vous ? C�est le cas, en effet. Cela est d�autant plus vrai que, du fait des al�as de la vie et de l��dition, mes publications sont irr�guli�res et ne respectent pas la chronologie de l��criture des textes. Par exemple, comme je l�ai dit tout � l�heure, ma publication la plus r�cente, Arabian Blues, est un texte qui date de la fin des ann�es 1980, alors que cette publication a �t� pr�c�d�e en 2010 par celle d� Archipel Cobalt �crit des ann�es plus tard, en 1995. Entre ces deux livres, il existe un in�dit, Jours amers, qui date de 93/94. Mais, finalement, peu importe, puisque depuis le d�but, la d�marche est la m�me... La solitude, oui, d�finitivement. Le d�senchantement, non, car je n�ai pas le souvenir d�avoir jamais �t� vraiment enchant�. L�espoir, oui, mais un espoir raisonnable. Une esp�rance obstin�e plut�t� La d�sillusion et le d�senchantement marquent le paysage po�tique des ann�es 1970, notamment le groupe anim� par Jean S�nac. Peut-on parler de points de rencontre ? Je ne sais pas si cela est d� � la diff�rence d��ge de quelques ann�es entre les po�tes de ce groupe et moi, ou bien � une diff�rence de point de vue et d�appr�hension de notre environnement de l��poque, mais dans les ann�es 1970, j��tais, pour ce qui me concerne, port� par une profonde confiance dans la capacit� de la soci�t� � triompher des obstacles qui commen�aient � appara�tre sur le chemin d�une Alg�rie libre et ind�pendante, en d�veloppement rapide. Le d�veloppement du pays dans les ann�es 1970 �tait certes chaotique et contradictoire, mais il �tait r�el, dans l��ducation et l�industrialisation notamment. Et les �contradictions du d�veloppement�, on pouvait raisonnablement esp�rer qu�elles se r�soudraient dans un avenir pr�visible en faveur des Alg�riens les plus pauvres, les plus d�munis, les plus d�favoris�s, en faveur des paysans, des travailleurs, des ch�meurs, des illettr�s, des femmes, des jeunes, des intellectuels, des artistes et des po�tes ! Pour moi donc, la �d�sillusion� intervint plus tard, dans les ann�es 1980. Une autre diff�rence, peut-�tre, est que, pour ma part, je n�ai jamais eu d�illusion sur la nature ou la port�e politique imm�diate de la parole po�tique... Il y a tr�s longtemps que le po�te ne porte plus de majuscule, qu�il n�est plus le chantre impr�gn� de la gloire qu�il chante, le coryph�e qui concentre l�attention et l��coute des �lites et du peuple, le h�raut attendu et respect� par les multitudes, le porteur du chant g�n�ral, le concurrent des proph�tes, le phare de la cit� En effet, la po�sie aujourd�hui semble en crise, un peu partout dans le monde, notamment dans le domaine de l��dition. A quoi est due, selon vous, cette situation ? Le statut de la po�sie dans une soci�t� d�pend d�une foule de facteurs� Toutefois, aujourd�hui, le facteur fondamental de la marginalisation extr�me de la po�sie est, � mon sens, la domination brutale qu'exerce l�argent sur le monde ainsi que la concentration des m�dias d�tenus par les grandes puissances d�argent qui forment et nivellent sans rel�che et sans nuance, sans piti�, sans aucun souci du bien ou du mal, l�opinion des millions et des milliards de lecteurs ou d�auditeurs potentiels de po�sie. Aujourd�hui, l�argent exerce une h�g�monie dictatoriale morbide, d�sastreuse sur les go�ts et les comportements des gens, et ce, sur la quasi-totalit� des pays et des cultures de la plan�te. L�impact du pouvoir de l�argent sur la culture, la litt�rature, la po�sie se traduit par un paysage �ditorial plut�t plat, conformiste, malgr� les fausses audaces et les fausses libert�s qui servent en fait le grand m�canisme de l�ali�nation et de la consommation, par une activit� �culturelle� fr�n�tique et multiforme mobilis�e � emp�cher l��mergence d�une pens�e r�ellement critique, c�est-�-dire capable de bouleverser le statu quo. Le pouvoir absolu de l�argent, dans ses diff�rentes incarnations sur l��dition de la litt�rature, tend � fa�onner le lecteur en consommateur passif de l��crit de la m�me fa�on que la t�l�vision fa�onne son attitude passive d�absorbeur d�images, de slogans, de mensonges� Or, la po�sie est, par essence, une insurrection contre l�ordre oppresseur de la b�tise, de l�ignorance, du conformisme de la pens�e et de l�ali�nation. En Alg�rie �galement, la po�sie, aussi bien en arabe qu�en fran�ais, contrairement au bouillonnement des ann�es 1970, conna�t une certaine r�gression. Qu�en dites-vous ? L�Alg�rie n��chappe pas au mouvement du monde. Les m�mes causes produisent les m�mes effets. La po�sie, la litt�rature, la qualit� de l�expression artistique, les performances sportives, les pathologies dans la population, toutes ces choses sont li�es � la nature de la dynamique sociale en �uvre� Gabriel Garcia Marquez dit quelque chose comme : �Pour bien parler de la tristesse, il vaut mieux se sentir en forme� ! Quand une soci�t� se sent mal ou, plus pr�cis�ment, lorsqu�elle est malade, elle n�est pas encline � produire du lyrisme ou de la performance� La r�gression qu�on peut �ventuellement constater aujourd�hui, il faut d�abord la relativiser, car il existe des voix po�tiques en Alg�rie qui ne sont pas n�cessairement connues, mais qui existent. Et puis, il ne faut pas oublier que la po�sie ne s�exprime pas seulement sous la forme de textes. Elle est aussi la substance d�autres formes d�expression artistique. La po�sie fait partie de la �nature humaine � et de la respiration naturelle de toute soci�t�. Mais il est vrai que l��tat actuel de la po�sie chez nous refl�te, par sa marginalit� notamment, le profond malaise qui s�est empar� de la soci�t� alg�rienne depuis une trentaine d�ann�es. Souvent en France, on insiste plus sur l�aspect politique, occultant souvent le c�t� litt�raire, comme si l�Alg�rie devenait un v�ritable fonds de commerce pour de nombreux �crivains. Qu�en dites-vous ? Cela revient � ce qu�on �voquait plus t�t, � savoir la soumission de la litt�rature aux canons de la domination de l�argent, de l�id�ologie dite lib�rale, des balivernes sur �la fin de l�histoire�, de la confusion des victimes et des bourreaux, de la culture de l�eau ti�de et des sirops exotiques, des poncifs et des clich�s n�ocolonialistes, depuis plus d�une g�n�ration... Il est vrai que le fardeau de l�id�ologie dominante a �t� en partie transf�r� sur de nouvelles �paules, parfois �indig�nes�... C�est la r�gle du jeu. Mais tous ne succombent pas aux attraits de la servitude ! La v�rit� est un combat perp�tuel. Ce sont les jur�s anonymes de l�histoire � et de la litt�rature � qui jugeront. Vous suivez, j�en suis convaincu, l�actualit� de la culture dans notre pays o� l�on semble r�duire un projet possible � l�organisation incessante de festivals. Qu�en pensez- vous ? Les festivals sont une bonne chose dans la mesure o� ils peuvent �ventuellement apporter du dynamisme dans la vie culturelle, des opportunit�s, un acc�s, m�me s�il est ponctuel... Mais il est vrai qu�aujourd�hui il y a un monde entre l�immense potentiel culturel de l�Alg�rie et la r�alit�. Le r�gne de l�argent s�accompagne partout dans le monde du r�gne des apparences, du circonstanciel, du politiquement rentable. Certains dans notre pays consid�rent la culture comme quelque chose de secondaire ou de superflu, alors que, bien au contraire, la culture est la condition primordiale de l�existence d�une soci�t�, d�un Etat, d�une nation. La culture est la substance m�me de l�identit� d�un peuple. Elle est ce qui lie les individus et les communaut�s dans le d�sir de vivre ensemble, dans la volont� d�un destin commun. Aujourd�hui, la culture devrait �tre consid�r�e comme un chantier prioritaire, non seulement de l�Etat, mais aussi de la soci�t�, des citoyens, de tous et de chacun. Le potentiel culturel immense de l�Alg�rie r�sulte fondamentalement de son histoire complexe et tourment�e. Or, cette histoire n�est pas connue. Et l�ignorance de l�histoire est la garantie de la poursuite de l�ali�nation et d�une course erratique, aveugle, confuse, d�sesp�r�e, vers l�ab�me. Par ailleurs, il faut �tre conscient que l��tude, la connaissance et l�appropriation de l�histoire, est non seulement une �uvre de longue haleine, mais aussi une entreprise qui requiert la libert�, la libert� de penser, la libert� de s�exprimer... C�est l� que je verrais aujourd�hui deux urgences nationales : un effort massif d�investissement dans la recherche historique et la diffusion du savoir historique dans la soci�t�, y compris dans le recueil et la pr�servation de notre patrimoine dans toute sa richesse et sa diversit� et, parall�lement, la mise en place des conditions d�exercice d�une r�elle libert� de penser et de cr�er dans le pays. A ce propos, comment �valuez-vous les jeux politiques en cours en Alg�rie et quelle analyse faites-vous de la situation ? En 50 ans, l�Alg�rie a v�cu, en acc�l�r�, un concentr� d�exp�riences politiques contradictoires, des hauts et des bas, des succ�s et des trag�dies, des �lans de progr�s et des inach�vements� Aujourd�hui, en cons�quence, la situation politique est d�une extr�me complexit�. En sch�matisant, on peut toutefois distinguer, notamment � la lumi�re du soi-disant �Printemps arabe�, un double probl�me fondamental : l�absence d�efficacit� et l�absence de l�gitimit� des institutions. L�absence d�efficacit� des institutions est attest�e par l��tat du pays : une �conomie artificielle, la corruption, la violence, la criminalit�, le naufrage de l�administration, de l��cole et de l�universit�, la d�gradation de la sant� de la population� On peut arr�ter la liste. Le tableau est connu. Pourtant, nous connaissons tous de nombreux Alg�riens comp�tents et int�gres, activement engag�s dans les diff�rents domaines de la vie nationale. Force est de constater alors que ces Alg�riens- l�, quels que soient leur nombre, leur m�tier, leur position sociale, leur opinion politique, leur capacit� d�enthousiasme et d�optimisme, se retrouvent � vivre, � travailler, � batailler � contre-courant du �syst�me� actuel� Un tel syst�me puise sa force dans la jouissance effr�n�e de la rente, hors de tout contr�le politique r�el. Or, un tel contr�le ne peut �tre exerc� efficacement que par des institutions encore plus fortes que le syst�me qui s�est constitu� par la mainmise d�un groupe sur la rente, des institutions fortes de leur l�gitimit�, la l�gitimit� que conf�re le peuple � ses repr�sentants librement choisis.