Mustapha Merzouk d�cline les grandes lignes de la strat�gie de Tonic Industrie publique visant � l�affranchir du lourd passif h�rit� du temps de Tonic Emballage et de la repositionner sur l��chiquier �conomique national, avec pour ambition la reconqu�te de sa place de leader dans l�industrie du papier en Alg�rie. Le Soir d�Alg�rie : Vous �tes � la t�te de Tonic Industrie depuis une ann�e, comment avez-vous g�r� le passif h�rit� de Tonic Emballage ? Mustapha Merzouk : Pour nous, la faillite de Tonic Emballage fait partie d�sormais du pass�. N�anmoins, il y a une r�alit� ind�niable, ce sont les importants investissements engag�s pour am�liorer la situation de l�entreprise. Tonic Emballage a connu une faillite, puis il y a eu la reprise par l�Etat qui a consenti d��normes efforts. Aujourd�hui, il faut construire le succ�s sur la base du respect du pass�, une connaissance rigoureuse du pr�sent, tout en ayant une vision positive sur l�avenir. Depuis notre installation, nous nous sommes attel�s � construire un nouveau projet d�entreprise qui est Tonic Industrie, appel�e � se positionner par rapport � son march�, � la concurrence nationale et internationale et � reconqu�rir sa position de leader. Pour ce faire, nous avons d�clin� cette vision en actions op�rationnelles : la mise en place de l�ensemble des syst�mes de gestion et du processus de direction, l�encadrement de la relation du travail qui nous a permis de mettre en place un r�glement int�rieur et l��laboration d�une convention collective, d�un syst�me de stimulation pour nos travailleurs et d�un programme de mise � niveau. Comme seconde phase, nous avons en projet des investissements pour compl�ter notre gamme de produits et nous lancer dans de nouveaux domaines strat�giques, entre autres la production de carton compact dont l�Alg�rie est un importateur net et la remise en l��tat de la machine Liner. A l�horizon 2018, nous projetons l�acquisition d�une nouvelle machine � papier pour produire des qualit�s assez sp�cifiques. Dans ce cadre, nous avons �labor� un programme d�urgence �valu� � 2,3 milliards de dinars consentis par l�Etat pour r�gler les probl�mes d�adduction d�eau, d��lectricit� et de r�aliser une station de traitement des eaux. Nous avons eu l�accord de principe pour engager un projet d�une machine � carton pour 10 milliards de dinars et � l�horizon 2018-2019, nous avons un programme d�investissement de l�ordre de 10 milliards de dinars. Dans le cadre de ces programmes, la priorit� est donn�e � la mise � niveau et au recouvrement des capacit�s de production (2,3 milliards de dinars), la formation des ressources humaines (40 millions de dinars) et la modernisation de tout le syst�me d�information. Parmi tous ces chantiers visant � mettre l�entreprise sur les rails apr�s des ann�es de gestion marqu�e par de graves d�s�quilibres, quels sont vos chantiers prioritaires ? Je dois dire que l�une de nos priorit�s aujourd�hui est de recouvrer nos capacit�s de production, car le taux d�utilisation des capacit�s varie en moyenne de 10 � 70% pour diverses raisons, dont le probl�me des charges, des approvisionnements en mati�re premi�re et les probl�mes de contentieux avec les anciens �quipementiers. Nous avons des programmes d�actions pour normaliser la situation. Je saisis cette occasion pour dire que l�entreprise est entr�e dans une logique de recherche de r�sultats car nous sommes une entreprise �conomique. Maintenant, c�est � nous de montrer que nous sommes capables de redresser cette situation et d��tre d�sormais une entreprise performante. Il faut sortir du syndrome de l��chec et op�rer les changements n�cessaires pour mener � bien ces transformations. Aussi, je fais appel � nos travailleurs pour qu�ils cessent de s�interroger sur le devenir de l�entreprise et sur les �checs suppos�s. Il faut, par contre, se mettre sur une trajectoire de gagnants m�me si les probl�mes du pass� et du passif empoisonnent la vie dans un environnement souvent difficile. Notre objectif est de ma�triser et d�assainir cet environnement. Tonic Industrie fait face donc � une baisse de ses capacit�s de production. Est-ce que c�est li� aussi � la non-ma�trise technologique des �quipements dont dispose l�entreprise ? Je pense que l�insuffisance du taux d�utilisation des capacit�s de production s�explique beaucoup plus par l��tat des �quipements qui exigent une mise � niveau. Il y a certains �quipementiers qui ont pratiquement cess� de nous approvisionner en pi�ces de rechange car ils n�ont pas �t� pay�s. Cela fait partie de l�h�ritage. Par ailleurs, nous avons perdu beaucoup de main-d��uvre qualifi�e. A cela, il faut ajouter les probl�mes d�approvisionnement en mati�re premi�re, ce qui a engendr� des ruptures de stocks. Cette situation se normalisera d�ici la fin de l�exercice et nos stocks seront reconstitu�s. Qu�en est-il de la situation financi�re de Tonic Industrie aujourd�hui par rapport � l�ann�e derni�re ? Et qu�en est-il de vos pr�visions financi�res pour le prochain exercice ? Quand j�ai �t� d�sign� � la t�te de Tonic Industrie, l�entreprise connaissait d�j� une situation financi�re assainie. L�enveloppe de 2,3 milliards de dinars qu�a consentie l�Etat que nous avions �voqu�e a permis de parer au plus press�. Sur le plan financier, si on exclut les amortissements qui sont des investissements importants, la situation s��quilibre. Les d�ficits ont �t� r�duits de plus d�un milliard de dinars par rapport � l�exercice ant�rieur. Pour l�ann�e 2013, nous nous sommes engag�s � ne pas enregistrer de pertes. Il faut au minimum arriver � des situations d��quilibre en d�gageant des r�sultats positifs. Tonic Industrie a connu d�but 2011 quelques gr�ves. O� en est la situation aujourd�hui, surtout apr�s la r�cente mise en �uvre d�une convention collective et l�introduction d�une nouvelle grille de salaires ? D�s mon installation, il fallait introduire l��quit� et la justice dans la politique des salaires. J�ai d�couvert alors 142 niveaux de salaires. Une situation in�dite qui refl�te un d�s�quilibre flagrant entre les r�mun�rations des travailleurs. Il y a en exemple trois ou quatre r�mun�rations pour un m�me poste. Donc, il fallait absolument harmoniser tout cela par la mise en place d�un r�glement int�rieur, d�une convention collective et d�une nouvelle grille des salaires. Un projet destin� � l�encadrement de l�entreprise est actuellement en cours. Dans la wilaya de Tipasa et � Bou Isma�l, en particulier, l�environnement constitue une pr�occupation centrale au sein de la population. Que fait votre entreprise pour r�duire ses rejets et prot�ger l�environnement dans lequel elle �volue ? Tonic Industrie, qui entend devenir une entreprise citoyenne, a fait siennes les pr�occupations li�es � l�environnement, notamment dans la r�gion de Bou Isma�l. Un des projets que nous avons initi� concerne une station de traitement des rejets dont les travaux seront achev�s au premier semestre 2013. Cette station nous permettra de r�duire notre consommation d�eau qui passera de 36 m3 � 10-12 m3 la tonne produite et r�cup�rer l�ensemble des fibres et les produits chimiques. La SGP-Gephac nous a donn� son accord pour la r�alisation d�une autre station de traitement de rejets des unit�s de Bou Isma�l (site I) pour un montant d�un milliard de dinars, ce qui nous permettra d��tre aux normes OMS. Quels sont les contours de votre strat�gie pour p�n�trer les march�s internationaux � travers l�exportation de vos produits ? Nous abordons les march�s ext�rieurs prudemment et il nous importe de rester un fournisseur agr�� et p�renne pour les clients �trangers. Pour l�exercice 2012, nous avons repris le contact avec nos clients �trangers, nos exportations pour cette ann�e sont d�un montant modeste, mais nous avons l�ambition de r�aliser des exportations de l�ordre de 5% de notre chiffre d�affaires, pour l�exercice 2013. Actuellement, nous sommes en discussion avec des partenaires am�ricains, europ�ens et asiatiques repr�sentant de grandes cha�nes de distribution pour d��ventuelles op�rations d�exportation de nos produits. A. A. Qui est Mustapha Merzouk ? Dipl�m� en sciences �conomiques de l�universit� d�Alger, Mustapha Merzouk, PDG de Tonic Industrie, a effectu� la totalit� de sa carri�re dans l�industrie papeti�re. Depuis 1975, il a occup� plusieurs postes de responsabilit� � Sonic, � l�Enepac et � Celpac, puis directeur du complexe de Bordj-Bou-Arr�ridj, avant de devenir directeur g�n�ral puis PDG de Celpac, entre 1989 et 1998. M. Merzouk a �galement dirig� le groupe Gipec apr�s la fusion de Celpac et de l�Enepac avant d��tre nomm� PDG de Tonic Industrie en novembre 2011. Il a pr�sid� et a �t� membre de plusieurs conseils d�administrations d�entreprises (ERCO, ENPC, ENAP, EGTEC El-Aurassi, Endimed, Digromed, Sonatro, etc.) A l��chelle internationale, il a pr�sid� l�Union arabe du papier entre 1999 et 2002. Il est aussi membre du conseil d�administration de cette union depuis 1993.