Le Soir d�Alg�rie : Vous avez connu feu Chokri Bela�d. Quel type d�homme politique �tait-il ? Benissad Noureddine : On s'est connus � travers les collectifs d'avocats maghr�bins pour d�fendre des militants poursuivis pour des d�lits politiques. C'est un avocat qui s'�tait beaucoup investi dans ces causes, qui d�fendait aussi les petites gens mais �galement un militant acharn� et convaincu de la d�fense des droits humains, la d�mocratie et la justice sociale. Il �tait aussi un animateur tr�s engag� dans le milieu associatif. Je suis doublement affect� en tant qu'avocat et militant des droits de l'Homme. Qui a int�r�t, selon vous, � l�assassiner ? A l��vidence, il s'agit d'un assassinat politique. Ceux qui ont commandit� et ex�cut� odieusement Bela�d Chokri veulent faire taire toutes les voix qui s'expriment pour une alternative d�mocratique, le respect des droits humains, la promotion des droits des femmes, l'ind�pendance de la justice, la justice sociale et la tol�rance en Tunisie. En assassinant Chokri Bela�d, qui �tait par ailleurs un militant du mouvement associatif, ne veut-on pas � travers ce crime mettre fin ou stopper la dynamique sociale de la r�volution tunisienne ? Il y a effectivement des vell�it�s de certaines forces politiques en Tunisie de donner une autre orientation � la r�volution tunisienne et de la vider de son contenu. Les Tunisiens se sont d�barrass�s d'une dictature et une certaine sph�re politique essaye par diverses tactiques de lui substituer une autre dictature, notamment par la cr�ation et l'entretien d'un climat de violence aussi bien politique que physique. Cet assassinat intervient deux mois avant la tenue du Forum social maghr�bin o� cinquante mille personnes, notamment issues du monde associatif, sont attendues en Tunisie pour discuter de la d�mocratie, des droits de l'Homme, de la justice sociale, de la libert� de la presse, des migrations, de l'environnement, etc. Bela�d Chokri s'�tait beaucoup investi pour la pr�paration de ce Forum. Ceux qui ont commandit� et ex�cut� Chokri sont allergiques � toutes ces th�matiques, aux solidarit�s locales, r�gionales et mondiales et aux perspectives d�mocratiques. La Ligue alg�rienne pour la d�fense des droits de l'Homme tient � pr�senter ses condol�ances � la famille de Bela�d Chokri, � ses amis et � la Tunisie. Ce crime odieux ne doit pas rester impuni et il est de la responsabilit� premi�re de l'Etat tunisien d�ouvrir une enqu�te judiciaire, � arr�ter les commanditaires et les assassins et � les traduire devant un tribunal impartial.