La Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) a condamné hier l'assassinat de Chokri Belaïd, avocat, secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié et leader du Front populaire, une coalition de 12 partis de la gauche tunisienne. Dans un communiqué rendu public hier, cette ONG a appelé à des mesures urgentes qui doivent être prises pour faire la vérité sur ce «crime odieux». «Nous sommes sous le choc. Avec l'assassinat de Chokri Belaïd un cap est franchi. Les autorités ont la responsabilité de diligenter immédiatement une enquête impartiale et doivent faire la preuve qu'elles sont au service de l'Etat, de la justice et de la sécurité des citoyens. Toutes les mesures nécessaires doivent être prises pour que ces crimes ne restent pas impunis et que la violence ne l'emporte pas», a déclaré Souhayr Belhassen, présidente de la FIDH, estimant, par ailleurs : «Quels qu'en soient les auteurs, cet assassinat est le résultat direct de violences politiques dont jusqu'à ce jour les responsables même quand ils sont connus restent largement impunis.» Ces derniers mois, la Tunisie a été le théâtre d'attaques ayant pris des formes diverses : meurtre, incitation à la haine et au meurtre, agressions physiques, destructions de biens et campagnes de diffamation. Ces attaques ciblent aussi bien des défenseurs des droits humains et autres militants de la société civile, particulièrement des femmes, que des membres des partis politiques, ou encore des artistes ou des universitaires. A plusieurs reprises, la FIDH a dénoncé l'inertie des autorités face à ces actes. «La recrudescence de la violence politique s'est nourrie de l'impunité dont ont généralement bénéficié les auteurs de ces actes qui visent à mettre à mal les libertés fondamentales, en particulier les libertés d'association, d'expression et de rassemblement pacifique et le pluralisme politique. Dans ce contexte, la majorité des partis politiques tunisiens et les organisations de la société civile ne cessent entre autres de demander, en vain, la dissolution des ligues de protection de la révolution qui revendiquent la plus grande partie de ces actes», est-il écrit dans ce document.