De notre envoy� sp�cial � Illizi, Mehdi Mehenni Illizi, 14 f�vrier 2013. Il est 11h30. Dans la salle de conf�rences de la ville, un jeune citoyen, la vingtaine, s�adresse au ministre de l�Int�rieur, Daho Ould Kablia : �Monsieur le ministre, vous qui parlez et vous exprimez en notre nom et au nom de l�Alg�rie. Vous qui avez toujours dit que le terrorisme n�est pas propre � l�Alg�rie mais un fl�au qui touche l�ensemble des nations, vous avez d�clar�, alors que le monde entier vous regardait et vous �coutait, que le groupe terroriste qui a pris en otage le complexe gazier de Tiguentourine est issu de la r�gion. Cela ne refl�te-t-il pas votre mauvais jugement quant � la population de la r�gion ?�. Malaise g�n�ral dans la salle ! Le wali d�Illizi assis � la droite de son ministre, ne peut plus se tenir sur sa chaise. Les voix s��teignent, les regards ne se croisent plus. Deux hommes s�approchent tour � tour et discr�tement de l�intervenant, pour calmer ses ardeurs, mais sans succ�s. Le jeune Brahim Intamet, imperturbable, encha�ne : �Monsieur le ministre, vous avez dit en vous adressant � la nation, qu�il n�y a pas lieu de s�inqui�ter; cela se passe aux fronti�res� Le sort du Sud n�est-il pas celui du Nord et vice-versa, Monsieur le ministre ? Nous exigeons de vous des excuses officielles �. Certains intervenants qui monopolisaient la parole depuis d�j� un moment, pour la plupart des cadres de l�administration locale, venus prononcer des louanges � tout va pour le pr�sident de la R�publique et le gouvernement, dans l�espoir de quelque promotion, rangent leurs feuilles de discours et se mettent � l��cart. Brahim Intamet a comme lib�r� la parole et le ton. Un d�bat v�ritable et un franc parl� s�installent. Place aux choses s�rieuses. Ahmed Zegri, ancien d�put� (1997-2002), actuellement patron d�une agence de voyage fait une r�v�lation : �En 2001, alors que je me rendais souvent en Libye, j�ai dit � Ahmed Ouyahia qu�il fallait renforcer la vigilance sur les puits de p�trole et de gaz. Il m�avait alors r�pondu : nous n�allons quand m�me pas installer devant chaque puits une arm�e. A l��poque les Touareg alg�riens qui se d�pla�aient en Libye avaient compris ce qui se pr�parait pour l�Alg�rie. C��tait �vident. En 2003 avec la prise d�otages des 32 touristes dans la r�gion d�Illizi, j�ai r�ussi � avoir un dossier confidentiel en Libye que j�ai transmis � qui de droit. Cela a permis de d�chiffrer certaines �quations � l��poque. Mais c��tait la seule fois o� l�Etat alg�rien a travaill� avec nous, bien que nous ayons r�ussi � retrouver les traces des ravisseurs�. Ahmed Zegri ne s�arr�te pas l�. Il fait le lien : �Si l�Etat travaillait avec nous, le groupe terroriste qui a pris en otage le complexe gazier de Tiguentourine n�aurait jamais pu s�infiltrer chez nous. Il existe seulement trois postes avanc�s du c�t� de la bande frontali�re avec la Libye et ils ne comptent pas assez d�effectifs. De plus, les militaires post�s l�-bas ne connaissent pas tous les gens de la r�gion. Souvent des personnes suspectes se font passer pour des �leveurs qui ont perdu leurs troupeaux de camelins� Choses qu�ils ne peuvent pas raconter � nous, car nous connaissons tous les �leveurs ici et l�bas, l�information circule entre nous et nous ma�trisons surtout la g�ographie de la r�gion� Je demanderais, � l�occasion, de refaire un recensement de la population des trois da�ras de la wilaya pour �viter � l�avenir de tomber dans une quelconque confusion�. Un brouhaha dans la salle. Le wali d�Illizi prend le micro et prie les intervenants de ne pas sortir du contexte de la rencontre qui est le d�veloppement local. Difficile d�exaucer ce v�u pour une population qui a tant de choses � dire et qui veut surtout faire le point sur certains sujets. Un notable d�Illizi prend alors la parole � son tour : �Monsieur le ministre, quel est le sort de nos enfants ? Le probl�me s�curitaire dans la r�gion fait fuir les touristes et nous n�avons plus de quoi vivre. Nous, les vieux, nous pouvons nous voiler la face avec notre ch�che, mais nos enfants lisent et parlent diff�rentes langues et ils sont surtout en contact avec le monde � travers les nouvelles technologies. Ils ont le sang vif par rapport � nous� �. Ould Kablia s�explique Le ministre de l�Int�rieur, Daho Ould Kablia qui avait d�j� pris la parole pour l�ouverture de la rencontre, qui a d�but� � 10h du matin, et qui s�inscrit dans le cadre des r�unions de concertation avec les populations locales pour le d�veloppement du Sud, a �cout� les intervenants pendant plus de deux heures avant de revenir � la charge. Il tient � r�pondre en premier lieu, au jeune Brahim Intamet : �Je n�ai � aucun moment voulu toucher � la dignit� de la population d�Illizi ni encore remettre en question son d�vouement pour la Nation. Il ne faut donc pas faire sortir les mots de leur contexte g�n�ral. En disant que le groupe terroriste qui avait pris le complexe gazier de Tiguentourine �tait issu de la r�gion, je ne voulais pas faire entendre qu�ils sont d�Illizi ou de Tamanrasset. A vrai dire, j�insinuais la r�gion du Sahel. Nous avons r�ussi � savoir, d�s le premier jour d�o� ils �taient rentr�s mais je ne pouvais pas � ce moment l�, le dire, pour ne pas froisser les autorit�s libyennes, car nous n�avions pas encore toutes les preuves. Deux jours apr�s, lorsque nous avions annonc� le pays de provenance du groupe terroriste, le Premier ministre libyen nous a contact� et nous lui avons pr�sent� les pi�ces � conviction �. Et, au ministre de l�Int�rieur d'encha�ner pour r�pondre aux diff�rents intervenants : �Nous entendons souvent que l�Etat ne fait pas assez pour la r�gion du Sud et n�accorde pas beaucoup d�int�r�t � sa population. Savezvous que l�Etat alg�rien a consacr� 122 milliards de DA entre 1999 et 2012 � la r�gion d�Illizi. Ce qui donne 10 milliards de DA par ann�e. Je ne vous parlerais pas des routes et des ouvrages qui ont �t� construits, mais je me limiterais � vous citer ce que la ville r�ceptionnera en 2014. Il s�agit de 4 h�pitaux, 36 salles de soins, 8 salles d�accouchement, 15 groupes scolaires entre �coles primaires et lyc�es et 11 �tablissements d�enseignement moyen. Il y aura 20 �l�ves par classe. Aussi, une universit� avec 2 000 places p�dagogiques et 1 000 lits, huit complexes sportifs et 45 aires de jeux profiteront � la population locale. En 2014, la ville comptera 21 700 logements et nous pouvons encore mettre � votre disposition 1000 habitations rurales. La ville de Bordj El Haou�s sera �galement d�velopp�e et �largie pour r�duire la distance entre Djanet et Illizi. En mati�re d�emploi, 61 des 484 postes budg�taires r�serv�s au sud, seront accord�s � Illizi. Des 1 540 policiers que nous recruterons au Sud, 28 seront issus de la r�gion. De m�me pour les 50 des 400 futurs pompiers qui rejoindront les casernes de la Protection civile. Pour les postes sup�rieurs, entre chefs de da�ras, directeurs et inspecteurs g�n�raux, 23 postes sont d�j� garantis pour vous. Ceci, sans parler des 35 000 postes d�emploi en attente pour les r�gions du Sud et dont la part d�Illizi sera de 7 800 recrutements��. Toutefois, Dahou Ould Kablia reconna�t qu�il y a des insuffisances : �Il y a un probl�me de gouvernance dans la r�gion. L�administration est faible et il n�y a pas de comp�tences vraiment capables de d�velopper la r�gion. Mais avec l�universit� qui ouvrira ses portes en 2014 et le lancement de la formation de proximit�, les choses vont beaucoup s�am�liorer�. Il est 14h pass�es, les deux parties avaient vid� leur sac et un soulagement se sentait de part et d�autre. Illizi vient de casser un tabou. C�est alors qu�un des pr�sents parmi l�assistance lancera : �Finalement �a ne co�te rien d�en parler.� M. M. ILLIZI D�CIDERA DE SES PROJETS DE D�VELOPPEMENT AGRICOLE ET RURAL Bena�ssa lib�re l�initiative Le ministre de l�Agriculture, Rachid Bena�ssa, a annonc� � la population d�Illizi que son d�partement a d�centralis� la d�cision au profit des acteurs locaux pour d�finir les projets agricoles et ruraux qui s�appliquent le plus pour la r�gion. Rachid Bena�ssa, qui accompagnait le ministre de l�Int�rieur, Dahou Ould Kablia � Illizi dans le cadre des r�unions de concertations avec les populations pour le d�veloppement local au sud, a signifi� aux agriculteurs que le r�le de son d�partement se limitera � les accompagner dans leur d�marche pour relever le d�fi dans la r�gion. �Les terres sont disponibles, l�eau et les moyens financiers le sont aussi, reste � trouver des acteurs qui peuvent traduire de v�ritables projets agricoles. Quatre milliards de dinars sont r�serv�s entre 2013 et 2014 � Illizi, dans le domaine de l�agriculture et aucun projet ne vous sera impos�. Vous �tes les mieux au fait des potentialit�s agricoles de la r�gion et les m�canismes de coordination install�s, entre la Direction des services agricoles et la Chambre agricole de la wilaya et autres, vous permettront de d�finir ce qui convient le plus pour vous�, a-t-il soulign�. Le ministre de l�Agriculture qui a fait savoir qu�une op�ration de r�habilitation et de cr�ation de plusieurs puits d�eau au profit des �leveurs de camelins sera entam�e, a rappel� par ailleurs, que le sud de l�Alg�rie a particip� � 18,2% de la valeur de la production agricole en 2012. �Si les choses continuent dans cette dynamique, l�expansion de l�agriculture au Sud ne sera plus un r�ve. Seulement que les agriculteurs doivent comprendre que nous voulons des acteurs en face de nous, des gens capables de relever le d�fi, car distribuer de l�argent et persister dans une logique d�assistanat peut s�av�rer destructrice�, a-t-il conclu.