Des actions graduelles et de la pédagogie avant d'envisager des sanctions. C'est la feuille de route que s'est dessinée le Conseil de la concurrence récemment installé. Son président reconnaît que la tâche est colossale. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Pas d'intention de révolutionner les pratiques commerciales existantes. Amara Zitouni, le président du Conseil de la concurrence, préconise une approche par étapes pour «éviter les faux-pas». Il faisait part de la stratégie du conseil qu'il préside depuis peu sur les ondes de la Chaîne III. S'il reconnaît que le travail qui attend les membres du Conseil de la concurrence est énorme, il affirme que l'arsenal juridique mis en place depuis 2003 donne au conseil les moyens de sa politique. Des pouvoirs élargis en matière d'audition, d'enquête, de perquisition et de sanction ont été donnés au conseil qui travaille sous la supervision d'un magistrat. En attendant de sévir, le conseil se structure et trace une feuille de route avec des actions prioritaires avec à leur tête la vulgarisation des missions du conseil. Amara Zitouni est formel : le conseil a un rôle préventif avant d'être répressif. La sensibilisation ciblera aussi bien les consommateurs à travers leurs associations que les opérateurs dans un souci d'assurer ce que le président du conseil qualifie de «mission horizontale». Ayant désormais la latitude de s'autosaisir, le Conseil de la concurrence, à travers sa structure de veille, s'autosaisira dès qu'il observera un dérèglement du marché. Son président atteste que ses membres ne reçoivent d'injonction ni des lobbies, ni du pouvoir exécutif, ni des groupes de pression. Le marché, dira-t-il, est certes déréglé mais la concurrence n'est pas née en Algérie. Les expériences de par le monde ont, dit-il, prouvé que le respect des règles de la concurrence est possible. Le jeu concurrentiel, c'est comme une compétition dans laquelle il faut un arbitre impartial. Le collège des membres qui a été élargi à d'autres professions, aux associations des consommateurs, aux représentants du patronat et aux professeurs de droit, est en mesure de remplir ce rôle. Les effets des missions du conseil ne sont pas immédiats ils se ressentiront plus tard puisque, affirme Amara Zitouni, les actions se font en amont. Interrogé au sujet de la problématique de la hausse permanente des prix des fruits et légumes, le président du Conseil de la concurrence dira que de par leur nature, ces produits ont des prix volatils et sont de surcroît périssables sans compter que les producteurs sont très nombreux et passent par des mandataires qui sont regroupés et qui constituent une force. Et la spéculation ? D'autres organismes en sont chargés. Le conseil ne peut s'en occuper.