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ITALIE : R��LECTION DU PR�SIDENT GIORGIO NAPOLITANO
Ou le nouveau rendez-vous manqu� de la gauche italienne avec l'Histoire
Publié dans Le Soir d'Algérie le 23 - 04 - 2013


De Turin, Karim Metref
Ce samedi 20 avril 2013 restera dans la m�moire collective italienne comme un bien triste souvenir. Pour la premi�re fois dans l'histoire de la R�publique italienne, un pr�sident a d� �tre r��lu pour un second mandat.
Le coll�ge des grands �lecteurs r�uni au palais de l'Assembl�e nationale a d� transgresser la tradition du mandat unique pour ne pas succomber aux pressions externes qui demandaient un fort signal de changement. La gauche italienne, qui avait les cartes en main et a choisi de jouer le vieux syst�me au lieu du changement, perd ainsi un nouveau rendez-vous avec l'Histoire.
Comment fonctionne l��lection pr�sidentielle en Italie ?
L�Italie est une r�publique parlementaire o� le pr�sident du Conseil des ministres, issu de la majorit� parlementaire, exerce le pouvoir ex�cutif. Le Parlement, compos� d'une Chambre des d�put�s et d'un S�nat, exerce le pouvoir l�gislatif. Le pouvoir judiciaire est exerc� par un Conseil de magistrats ind�pendants. Le pr�sident qui est consid�r� formellement comme l'autorit� supr�me est en r�alit� une figure de m�diation entre les trois pouvoirs. Il n'est pas �lu directement par le peuple mais par un coll�ge de grands �lecteurs qui est compos� par les parlementaires et les repr�sentants des assembl�es. Depuis l'�tablissement de la R�publique italienne, apr�s la Seconde Guerre mondiale, la tradition veut que le pr�sident soit une figure respect�e par tous : gauche, catholiques et droite. Qu'il soit issu de la r�sistance contre le nazi-fascisme. Et qu'il soit d'un �ge qui le mette de fait hors jeu-pour les futures courses �lectorales. Et jusqu'ici, les �lections se sont toujours d�roul�es de mani�re assez tranquille. Les deux forces principales du Parlement se mettaient d'accord � l'avance autour d'une candidature forte. D'autres n�gociations � g�n�ralement � base d��change de faveurs, postes de responsabilit�, portefeuilles minist�riels... � se faisaient durant la cession �lectorale m�me. Pour arriver, apr�s trois ou quatre tentatives, � l�indispensable majorit� des trois quarts.
Pourquoi cette �lection n'est pas comme les autres ?
Tout le monde en Italie sait que la classe politique actuelle est une esp�ce de caste de privil�gi�s li�s aux int�r�ts des banques, de la finance, de l'industrie militaire et des grandes entreprises. Une caste surpay�e pour faire fonctionner un show o�, comme dans le c�l�bre roman italien Le Gu�pard, tout bouge, tout change... afin que rien ne change vraiment. Un show qui fonctionne depuis la fin de Seconde Guerre mondiale jusqu'� aujourd'hui. Tant qu'il y avait du pain et du spectacle pour tous. Mais aujourd'hui, le pays est en situation de banqueroute. Les petites moyennes entreprises, la vraie richesse du pays, ferment par centaines, chaque jour. Les taux de ch�mage ont atteint des records historiques. Des millions de familles risquent de se retrouver � la rue parce qu'incapables de payer le loyer ou de rembourser les pr�ts bancaires. Le cirque de la politique traditionnelle qui a r�duit le pays dans cet �tat ne fait plus rire personne.
Un comique � l'assaut du palais
Depuis le d�but de cette crise, un ph�nom�ne unique au monde est en train de se mat�rialiser en Italie. Un c�l�bre comique (un vrai celui-l�) appel� Bepp� Grillo, qui a commenc� tr�s t�t � s'occuper de politique dans ses spectacles, a fond� un blog ouvert � toutes les voix de protestation contre la corruption, la bureaucratie et les d�sastres �cologiques produits par une politique assujettie aux grosses entreprises, contre les guerres n�o-coloniales, contre les infiltrations de la mafia dans l'�conomie et la politique du pays... Grillo a vu affluer vers lui tous ceux qui n'arrivaient pas � parler avec l'administration et les partis au pouvoir. De blog de contre-information, le site du comique se transforme tr�s vite en plateforme virtuelle de lancement d'un mouvement politique. C'est ainsi que na�t le Movimento Cinque Stelle, le Mouvement Cinq �toiles (M5S). Approximatif, contradictoire, sans exp�rience, construit autour du charisme d'une seule personne, trop souvent d�magogique et concentr� sur la critique et plus rarement sur la proposition... Le nouveau mouvement politique ne devrait pas tenir debout mais dans l'�tat o� se trouve la politique italienne il explose litt�ralement comme le plus important ph�nom�ne politique des derni�res 20 ann�es d'histoire du pays en forme de botte. Apr�s quelques timides exp�riences de participation aux �lections locales qui ont d�montr� la soif des gens pour une alternative qui vienne d'en dehors du jeu traditionnel des partis, le M5S part � l'assaut du Parlement et, sans grande surprise, il remporte 23,8% des postes au S�nat 25,55% � la Chambre des d�put�s. Comme formation politique, il se classe premier, devant le Partito Democratico (PD) � gauche � de Pier Luigi Bersani et le Partito della Libert� (PDL)� droite � de Silvio Berlusconi. Mais les deux partis traditionnels se sont pr�sent�s en coalitions avec d'autres formations politiques et les deux coalitions ont r�ussi � avoir des r�sultats l�g�rement meilleurs que ceux du M5S. Gauche : 29,55% � la Chambre et 31,63 au S�nat ; droite: 29,15% � la Chambre et 30,72% au S�nat.
Quels changements pour le syst�me ?
25 % de parlementaires issus du Mouvement 5S cela veut dire 162 �monsieur- n'importe-qui� qui entrent tous ensemble dans les palaces du pouvoir italien. 162 personnes issues du peuple, porteuses de l'immunit� parlementaire, avec le pouvoir d'entrer dans les commissions parlementaires, le droit de parler, de proposer des lois... Un tiers du Parlement que personne ne contr�le vraiment. �tant donn� qu'elle a la majorit� relative mais pas le nombre n�cessaire pour gouverner toute seule, la coalition de gauche est mise devant deux options, toutes les deux tr�s douloureuses. La premi�re serait celle de construire un gouvernement de large coalition avec Berlusconi, pour sauver le syst�me, et perdre ainsi le peu de cr�dibilit� qui lui restait encore aupr�s de son �lectorat. La seconde, avoir le courage de construire un gouvernement avec le M5S sur des th�mes qui, en th�orie, sont communs : r�duction des co�ts de la politique (en commen�ant par le nombre et les salaires des parlementaires), r�forme du syst�me judiciaire, transparence et simplification de la politique et de l'administration, modernisation de la structure �conomique dans le sens de la durabilit� et de la r�duction de la pollution, lutte contre la corruption, arr�t de la politique des grandes �uvres inutiles, r�forme du syst�me bancaire et financier, annulation des privatisations des infrastructures primaires (eau, r�seaux �lectriques, transports publics, gestion des ordures...), ce qui aurait port� le parti � devoir faire les grands nettoyages de printemps en son sein d'abord et � changer ses rapports avec ses �partenaires � privil�gi�s du monde de la finance et des entreprises.
Comment ont �t� pr�par�es ces �lections pr�sidentielles ?
La situation politique est bloqu�e depuis la fin des �lections l�gislatives. Le Parlement divis� en trois p�les ne r�ussit pas � exprimer une majorit�, donc pas de gouvernement. L��lection du pr�sident de la R�publique aurait donn� stabilit� au moins � une des trois plus hautes institutions de l'Etat et permis de se pr�parer calmement � la formation d'un gouvernement de large coalition (solution tr�s improbable) ou � l'organisation de nouvelles �lections. Mais alors que la politique traditionnelle a tabl� sur ses m�canismes habituels et sur son exp�rience pour le choix du candidat, le M5S a pris tout le monde � contre-pied, une autre fois. Il organise une pr�-�lection en ligne sur son site internet pour d�signer une liste de 10 candidats possibles. Le blog de Grillo est pris d'assaut par les �lecteurs virtuels. La dizaine de noms sortie de l'�lection en ligne est compos�e de noms de la soci�t� civile, d'artistes, journalistes, intellectuels de renom. Personnes r�put�es pour leur droiture et leur honn�tet�. En t�te des pr�f�rences se trouve Gino Strada, chirurgien fondateur de Emergency, l'ONG italienne qui cr�e des h�pitaux dans les lieux les plus d�sh�rit�s et plus violents de la plan�te, homme de grande droiture morale qui s'est oppos� � toutes les soi-disant guerres humanitaires. Derri�re lui, la journaliste Milena Gabannelli qui par ses enqu�tes met en difficult� chaque semaine les milieux corrompus de la politique et des affaires. En troisi�me position on trouve Stefano Rodot�, un juriste, constitutionnaliste et intellectuel de renom. Suivent ensuite : Emma Bonino (femme politique), Gian Carlo Caselli e Ferdinando Imposimato (juges connus pour leur lutte contre la mafia), Dario Fo (prix Nobel de litt�rature), Romano Prodi (ex-Premier ministre), Gustavo Zagrebelsky (juriste et intellectuel). Et puis il y a aussi Beppe Grillo le fondateur du Mouvement 5S. Les deux premiers class�s refusent gentiment l'offre, alors que Stefano Rodot� accepte le d�fi. Entre-temps, Berlusconi et Bersani n�gocient en priv� et se mettent d'accord sur le nom de Francesco Marini, s�nateur du PD et vieux loup de la politique italienne.
Le choc des mentalit�s
Ce qui s'est jou� en ces trois longs jours d'�lections pr�sidentielles ce n��tait pas une partie entre deux candidats oppos�s. Stefano Rodot�, le candidat du Mouvement 5S, et tous les candidats pr�sent�s par l'axe PD-PDL : Francesco Marini, remplac� ensuite par Romano Prodi, puis � la fin par le pr�sident en charge Giorgio Napolitano, sont assez semblables. Ils ont tous la carte du PD en poche m�me si issus de parcours diff�rents. La diff�rence est dans la modalit�, la mentalit� qui se cache derri�re le processus qui a g�n�r� leur candidature : le premier vient d'un parcours participatif bas� sur la question : �Quelles qualit�s doit avoir le pr�sident de tous les Italiens pour garantir un cheminement politique juste envers les citoyens ?� L'autre est une n�gociation entre leaders politiques bas�e sur la question : �Qui dans le syst�me est encore assez pr�sentable mais peut et veut en m�me temps �tre garant du maintien de l'ordre actuel des choses ?� Pendant qu'on votait � l'h�micycle, la soci�t� italienne �tait en fibrillation. Jamais une �lection pr�sidentielle n'avait suscit� autant d�enthousiasme. D'habitude, les Italien la consid�rent comme un ennuyeux jeu de politique politicienne. Mais cette fois, les choses �taient diff�rentes. La pr�sence d'un candidat �outsider� changeait tout. Pendant que les appareils de la coalition de gauche mettaient toutes leurs forces pour faire passer leurs candidats �sauce maison �, des millions d'individus via internet ou par des rassemblements, faisaient pression pour Stefano Rodot�. Des dizaines de jeunes militants du PD ont occup� les si�ges du parti dans plusieurs villes. La toile d'internet, les blogs, Facebook, Twitter et autres r�seaux �taient surcharg�s de messages en faveur du candidat de la soci�t� civile et d'insultes envers la classe politique.
Hara-kiri pour sauver le syst�me
La �caste� politique a br�l� un, puis deux candidats, les �lections ont d� �tre refaites 5 fois sans arriver � une majorit�. A la sixi�me, gauche, droite et centre sont all�s supplier le pr�sident en place, qui avait refus� plusieurs fois l'invitation, � se repr�senter une nouvelle fois. Le vieux Giorgio Napolitano a d� se rendre et a accept� de contribuer malgr� son �ge � tenter de cacher le soleil avec un tamis � comme on dit chez nous. Le Parti d�mocratique a eu une occasion historique de donner un fort signal de changement et de renforcer son image fortement compromise aupr�s de son �lectorat traditionnel. Une occasion de d�montrer d��tre du c�t� du changement positif et pas du c�t� de la gabegie et de la corruption. Il a pr�f�r� perdre une bonne partie de la base et casser la coalition plut�t que d'affronter ses maux internes. Le matin apr�s l'�lection, le paysage de la gauche italienne ressemble � �the Day After�. Un vrai tremblement de terre a ras� toutes les formations. Si le deuxi�me parti de la coalition Sinistra Ecologia e Libert� (Gauche �cologie et Libert�) du gouverneur de la r�gion des Pouilles, Nichi Vendola, s'en sort � peu pr�s indemne pour avoir soutenu Rodot� pour une bonne partie du parcours (mais pas jusqu'au bout), le Partito Democratico, lui, en sort cass� en mille morceaux. Et compl�tement impopulaire. S�il ne dispara�t pas dans les jours prochains pour laisser place � diff�rents nouveaux mini-partis, aux prochaines �lections, il perdra probablement plus de la moiti� des voix obtenues lors des pr�c�dentes. La gauche italienne a souvent perdu ses rendez-vous avec l'Histoire. Mais, cette fois-ci, elle a accompli un vrai hara-kiri politique... en direct t�l�vis�.


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