Le président italien, Giorgio Napolitano, a pris la main pour tenter de démêler un écheveau complexe, pris entre les exigences de la gauche, de la droite de Silvio Berlusconi et des contestataires menés par l'ex-comique Beppe Grillo. Face à une équation politique difficile, le président Napolitano avait rendez-vous vendredi avec le PDL de Berlusconi, le Mouvement Cinq Etoiles (M5S) de Beppe Grillo, suivi des centristes de Mario Monti et du chef de la gauche Pier Luigi Bersani. La gauche a obtenu la majorité absolue à la Chambre des députés aux élections législatives de fin février mais pas au Sénat, où gauche, droite de Berlusconi et M5S ont un poids similaire. En sortant de sa rencontre avec le président Napolitano, le Cavaliere a expliqué avoir une nouvelle fois proposé une alliance droite-gauche (PD-PDL) pour gouverner le pays. Mais pour Bersani, un tel gouvernement dit de «grande coalition» n'est pas acceptable car il provoquerait la colère de son électorat et pourrait faire imploser son parti. Berlusconi a par ailleurs nié tout marchandage avec la gauche et serait désormais sur une position du «tout ou rien», soit la présidence pour son camp soit un retour aux urnes en juin ou juillet, une hypothèse improbable techniquement puisque le parlement doit d'abord élire le successeur de Napolitano d'ici au 15 mai. Pour le chef de l'Etat, la situation est d'autant plus inextricable qu'aussi bien PD que PDL refusent pour l'instant l'idée d'un gouvernement appelé «du président», qui serait dirigé par une personnalité neutre et se limiterait à quelques mesures (loi électorale, budget, réduction des coûts de la politique) avant de nouvelles élections dans 9 ou 12 mois. Selon plusieurs journaux, la ministre de l'Intérieur, Anna Maria Cancellieri, un grand commis de l'Etat apprécié à droite comme à gauche, pourrait prendre la tête d'un tel exécutif de transition. Pour le moment, pendant les consultations menées par Napolitano, la mission que le président avait confiée samedi dernier à Bersani pour tenter de former un gouvernement est de facto «congelée». Dans un épisode mélodramatique typique en Italie, Bersani était monté jeudi soir au Quirinal et avait constaté la mine défaite le «non aboutissement» de négociations de plusieurs jours avec les autres forces. Le mouvement de Beppe Grillo, pourtant émanation d'un électorat plutôt proche de la gauche, lui a opposé un nouveau camouflet humiliant cette semaine, refusant de voter ne serait-ce que la confiance initiale nécessaire pour lancer la législature. Le chef de l'Etat sait que le temps presse alors que l'économie italienne, troisième de la zone euro, est plongée dans une profonde récession et que les partenaires étrangers s'inquiètent. «Arrêtons de jouer», titrait vendredi sur cinq colonnes à la Une le principal journal économique italien Il Sole 24 Ore, en rappelant dans un éditorial qu'«un jeune sur deux est sans travail» et que «des dizaines d'entreprises ferment leurs portes chaque jour». Agences