Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté, jeudi, une résolution pour proroger d'une année le mandat de la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental. Tarek Hafid - Alger (Le Soir) - La Résolution 2099 ne diffère en rien des précédentes puisqu'elle comporte quasiment les mêmes dispositions depuis la création de la Minurso en 1991. Mais les conditions de son adoption ont été différentes suite à la décision des Etats-Unis de charger la Minurso d'enquêter sur les violations contre les droits de l'Homme commises par le Maroc dans les territoires occupés du Sahara occidental. Une décision qui a provoqué la colère de Rabat et plongé Paris dans un profond malaise. Pour signifier son désaccord, le Maroc ira jusqu'à reporter un exercice militaire commun auquel devaient participer 1 400 soldats américains. Presse, diplomatie, lobby... les Marocains ont multiplié les initiatives pour faire pression sur Washington et le Groupe des amis du Sahara occidental (Espagne, France, Royaume-Uni, Etats- Unis et Russie) afin que la proposition américaine ne soit pas intégrée à la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU. L'élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance et à la protection des droits de l'Homme aurait été catastrophique pour le Maroc car il remettrait en cause le principe de «souveraineté» sur les territoires occupés du Sahara occidental qu'il tente d'imposer par la force depuis quatre décennies. Selon un diplomate en poste à l'ONU, le retrait de la proposition américaine serait intervenu suite à une lettre officielle adressée par le roi Mohamed VI au président Barack Obama. En faisant marche arrière, les Américains ont évité une véritable débâcle diplomatique au Maroc et la France. «L'impunité ne peut perdurer», a réagi Ahmed Boukhari, le représentant du Front Polisario aux Nations Unies. «Il est patent que la panique, qui s'est emparée du Maroc devant la possibilité que le Conseil de sécurité élargisse les prérogatives de la Minurso, prouve bel et bien l'existence de graves violations des droits de l'Homme que le Maroc veut cacher à la communauté internationale. L'esprit et l'objectif de l'initiative des Etats-Unis primeront dans l'avenir», a indiqué à l'APS Ahmed Boukhari. Pour sa part, le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères a souligné que «l'Algérie accueille avec satisfaction l'adoption par le Conseil de sécurité de la résolution sur le Sahara occidental» et se réjouissait du fait que le Maroc et le Sahara occidental «continuaient à œuvrer sous l'égide des Nations Unies pour parvenir, à travers des négociations directes, à une solution qui pourvoit à l'autodétermination». Mais avec le temps et le statu quo imposé par le Maroc avec l'aide de ses alliés, l'ONU et la communauté internationale semblent avoir perdu de vue l'essentiel. Vingt-deux ans après sa création, la Minurso n'a toujours pas réussi à remplir sa mission principale : organiser un référendum d'autodétermination au Sahara occidental.