Nous l'annoncions dans notre précédente édition, le constructeur chinois Changan entend jouer les premiers rôles dans la renaissance qualitative de l'industrie automobile de son pays. A la veille de son lancement dans notre pays et à l'invitation de Emin Auto, le partenaire en Algérie de Changan, un groupe de journalistes et d'invités de marque ont pu s'enquérir, sur les sites de production du plus ancien constructeur chinois, des avancées technologiques importantes enregistrées et des investissements en cours de réalisation pour hisser la qualité de ses produits aux standards internationaux. Auparavant, c'est au Salon de Shanghai que le public et la presse internationale ont pris connaissance des dernières nouveautés inscrites sur les plannings de production de Changan. Un stand à dominante bleue, joliment aménagé et où trônent des nouveautés qui en disent long sur les ambitions internationales de cette firme centenaire. Des modèles phares de l'offensive commerciale internationale comme la berline haut de gamme Raeton au style raffiné et chichement équipée ; Eado (Sania pour le marché algérien), le nouveau SUV CS35, mais aussi un coupé 5 portes ingénieux et un conceptcar aux lignes futuristes qui renseignent sur le niveau de créativité des ingénieurs de la marque. On découvre également les récentes innovations technologiques introduites par Changan et permettant de faciliter encore plus la maîtrise du véhicule comme des aides à la conduite, des équipements de sécurité, la téléphonie et des moteurs nouveaux, modernes et performants. Une synthèse du potentiel de production de ce pionnier de l'industrie moderne chinoise que nous découvrons non sans surprise. Une riche expertise Changan, c'est d'abord une expertise automobile acquise dès 1958 avec la production en série de la mythique Jeep, un tout-terrain aux grandes capacités de franchissement destiné essentiellement à des utilisations militaires. Elle est suivie à partir de 1984 par la création de la première chaîne de production de véhicules utilitaires légers en Chine avec la mise en circulation dans le pays de véhicules adaptés aux besoins des clients. Ce savoir-faire sera, à partir de 1993, consolidé par le début de plusieurs partenariats avec des géants de l'automobile mondiaux à l'image de Suzuki, Ford, Mazda et le groupe français PSA Peugeot- Citroën. Des joint-ventures qui lui ont permis par la suite de se lancer dans l'aventure avec une solide expérience et proposer des produits conformes aux standards internationaux. Une manière de retrouver son autonomie et de réaffirmer sa propre identité. Aujourd'hui, Changan est un groupe consolidé constitué de plusieurs entités spécialisées chacune dans une activité déterminée : Chana, les véhicules utilitaires, Blue Core pour les moteurs écologiques, Changan pour les véhicules particuliers, ainsi que des centres de développement et de recherche implantés dans plusieurs pays, aux Etats-Unis pour les châssis, la Grande-Bretagne pour les moteurs, l'Italie pour le design extérieur et le Japon pour le design intérieur. Une présence qui implique naturellement l'apport de spécialistes, de designers et d'ingénieurs étrangers cumulant une longue expérience dans leurs domaines respectifs. Au plan local, on relève une détermination particulière des responsables de Changan à relever le défi de l'amélioration de la qualité de leurs produits. Des investissements importants Des investissements importants sont consentis pour moderniser les structures existantes et la réalisation de nouvelles unités de production. Au cours d'une rencontre avec les journalistes algériens, le vice-président du groupe et membre du comité de direction, Zhu Huarong, a clairement affiché les objectifs de son entreprise : «Nous voulons être le leader de l'industrie automobile mondiale dans quelques années.» Avec 15 usines pour véhicules et moteurs réparties dans plusieurs provinces de Chine, une production globale qui a dépassé en 2012 les 2,7 millions d'unités, Changan entend accentuer son rayonnement à l'international avec une stratégie fondée sur une présence en force dans certaines régions du monde à fort potentiel de développement avec une gamme de produits variés modernes et adaptés aux attentes des clients et aux conditions de roulage et d'utilisation souvent extrêmes. A Chongqing, fief du groupe, la marque Changan est omniprésente. Et pour cause, le siège social de l'entreprise imposant par sa construction domine les quartiers environnants. Il résume dans son gigantisme les ambitions futures de cette marque qui occupe la 4e position dans le club très fermé des quatre meilleures marques automobiles chinoises. Une visite dans les différentes parties de l'usine historique mais rénovée de la ville nous a permis de constater de visu les avancées enregistrées comparativement aux autres marques chinoises que nous avons visitées auparavant. Une usine qui produit plusieurs modèles, aussi bien des véhicules particuliers qu'utilitaires. Plus encore, elle intègre dans ses démembrements des laboratoires de contrôle de la qualité des différentes parties de la voiture, châssis, transmission, suspension, émissions de CO2, insonorisation et surtout un banc de crash-test où chaque modèle doit subir entre 30 et 40 crashs avant sa commercialisation. Une réalisation déterminante que peu de constructeurs mondiaux peuvent s'enorgueillir d'en disposer. Une aptitude à la modernisation La troisième étape de notre périple chinois nous mènera à Pékin, capitale politique du pays, et où Changan dispose désormais d'une nouvelle usine de production ultra-perfectionnée qui confirme, si besoin est, la volonté de ce constructeur à aller se mesurer aux grands constructeurs mondiaux dans la conquête de nouveaux marchés. Située à 70 km de la ville, cette installation s'étend sur une superficie de plus de 3,3 millions de mètres carrés et dispose d'un pôle de sous-traitants domiciliés sur son périmètre. Une production annuelle actuelle de 200 000 unités et qui s'élèvera au fil de la montée en cadence à 500 000 véhicules tous modèles confondus. Pour sa première année de mise en production effective, l'usine enregistre la sortie d'un modèle toutes les 8 minutes et se trouve dans cette phase de lancement réservée à hauteur de 50% à la production de la voiture haut de gamme, Raeton. Le reste est partagé entre la petite berline Alsvin et le SUV CS35 aux allures de baroudeur de charme qui aura à affronter une concurrence tout aussi innovante et récente comme le Peugeot 2008, Renault Captur et autre Nissan Juke. Première halte, les imposantes presses d'origine allemande pour l'emboutissage des différentes pièces tôlées de la voiture. Les bruits sourds de ses moules qui s'abattent sur les feuilles de tôle suscitent l'intérêt des visiteurs qui scrutent du regard la sortie des éléments finis sur des chariots automatisés. Ensuite, c'est la carrosserie avec son armée de robots qui s'affairent, dans un ballet de mouvements réguliers et précis, à souder les différents éléments de l'auto-suivie de la phase assemblage de la carrosserie, du montage du châssis, du moteur et des organes de suspension et de transmission ainsi que la planche de bord et la sellerie. En bout de chaîne, c'est le poste de contrôle final des éventuels défauts de fabrication ou de l'apposition de la mention «OK» pour la commercialisation du véhicule. L'impression générale qui se dégage de la visite de la nouvelle usine de Pékin, c'est à l'évidence une nette ressemblance avec les hauts lieux de la production automobile mondiale : équipements modernes et sophistiqués, organisation du travail, aménagement des espaces, qualité de finition et de fabrication, maîtrise par le personnels des différents processus de fabrication, etc. La stratégie de développement internationale de Changan vise par ailleurs à investir des usines de montage dans d'autres pays comme la Russie, le Brésil ou encore l'Algérie pour laquelle les dirigeants de Changan nourrissent de réelles ambitions de déploiement local, régional et continental. Au terme de ce séjour dans les dédales d'un constructeur en plein essor, nous nous sommes assignés à reconsidérer en profondeur nos idées arrêtées sur l'industrie automobile chinoise tant les marques qui avaient investi en premier le marché algérien étaient loin de refléter une image positive. Changan s'engage à offrir une autre dimension de la voiture chinoise, celle qui a su tirer profit de longues années d'expérience et de partenariat avec les plus grands constructeurs du monde. D'autant que le partenariat avec Emin Auto se révèle à la hauteur de ces attentes. Belkacem Bellil Changan en quelques chiffres - 150 années d'existence - 1958, première Jeep - 1984, premier véhicule utilitaire léger - 1993, première joint-venture avec Suzuki - 2001, joint-venture avec Ford - 2004, JMC holding - 2005, joint-venture avec Mazda - 2010, joint-venture avec PSA Peugeot-Citroën - Chiffre d'affaires global, 83 milliards de yuans - Production globale, 2,7 millions de véhicules - 15 usines (véhicules et moteurs) - 5 centres de développement et de recherche