Le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Abdelaziz Ziari, a affirmé lundi 22 avril 2013 à Guelma, que les directions de wilaya de la santé n'assureront plus le suivi des travaux de construction des nouvelles infrastructures sanitaires et se consacreront au suivi du bon fonctionnement des structures en service. Animant un point de presse en marge de sa visite, le ministre a indiqué avoir donné des instructions aux directions de wilaya de son département pour qu'elles renoncent, à l'avenir, aux prérogatives de suivi des travaux de construction d'infrastructures sanitaires au profit des directions techniques spécialisées dans le domaine de la construction et de l'urbanisme. Cette décision s'inscrit dans le cadre des mesures prises pour humaniser le secteur de la santé et assurer une meilleure prise en charge des malades, a ajouté M. Ziari, soulignant que la tâche première des directeurs de la santé sera de «superviser le bon fonctionnement des services hospitaliers, garantir la disponibilité des médicaments et des moyens nécessaires, améliorer l'accueil et la prise en charge et résoudre les problèmes socioprofessionnels des travailleurs du secteur». Le ministre a assuré que l'humanisation du secteur, le bon accueil et le respect des malades sont placés en tête des priorités de son département, considérant que le problème de la santé, en Algérie, est «foncièrement un problème de gestion». Nomination de médecins à la tête de structures publiques de santé, une dangereuse «épidémie» Il a reproché, à ce propos, à certains directeurs de gérer les hôpitaux sans accorder à la planification la place importante qui lui revient, avant d'affirmer que la gestion des établissements hospitaliers sera confiée à «des cadres de l'administration», tandis que les médecins s'occuperont de la prise en charge sanitaire des patients. En fait, une des raisons principales qui explique cette décision, c'est le nombre d'affaires de détournements et de corruption qui ont éclaté ces derniers mois dans les projets de réalisations d'infrastructures sanitaires, ou dans les travaux de rénovation ou l'acquisition d'équipements médicaux lourds, affaires révélées quotidiennement par la presse. Le ministère est aussi destinataire de nombreuses dénonciations venant de toutes les wilayas. Le ministre de la Santé, en place depuis l'automne dernier, professeur de médecine de son métier, une fois sur les lieux, a vite fait son diagnostic : il a trouvé une administration centrale sinistrée, amorphe et dont nombre de ses hauts fonctionnaires sont complices de la mauvaise gestion dans la plupart des 48 directions de santé de wilaya ; et il a découvert que l'inspection générale du ministère ne sert plus à rien depuis bien longtemps et est complètement coupée des wilayas. Par ailleurs, en voulant prendre des mesures urgentes à l'encontre d'un certain nombre de directeurs de la santé de wilaya défaillants, il s'est vu opposé une fin de non- recevoir de la part de walis tenant à se prémunir des risques d'une «opération mains propres». Est-ce que la décision de décharger les directeurs de wilaya du suivi des projets d'investissement sera réellement appliquée dans les wilayas ? A partir du moment où le plus gros des investissements est déjà en chantier, cette décision n'arrive-t-elle pas un peu trop tard ? Est-ce que le ministère de la Santé a les moyens et les coudées franches pour lancer des enquêtes suite aux nombreuses accusations de corruption qui pèsent dans les directions de santé de wilaya (voir le cas ci-dessus pour Khenchela). Pourquoi ne ferait-il pas appel à son collègue des Finances pour faire intervenir les inspections régionales des finances ? Autre problème auquel fait face le ministre de la Santé, c'est le nombre effarant de directeurs de santé de wilaya non nommés et intérimaires depuis des années, car dossiers rejetés dans le processus de nomination par décret : situation qui fragilise et hypothèque la gestion de la santé au quotidien, avec tous les risques de dysfonctionnements de différentes natures, dont la corruption n'est pas des moindres. Quant à la nomination de médecins à la tête de structures publiques de santé – une dangereuse «épidémie» qui touche toutes les wilayas et que vient de dénoncer le ministre —, il est urgent là aussi de rectifier le tir, car les dégâts sont incommensurables.