Les intérêts du pays, la compagnie nationale Sonatrach tient à les «préserver», quelle que soit l'évolution du partenariat engagé avec les opérateurs étrangers. C'est ainsi qu'une voix autorisée de la compagnie Sonatrach a réagi aux informations de presse évoquant la décision du groupe pétrolier britannique BP de freiner ses investissements. Chérif Bennaceur - Alger (Le Soir) - L'engagement de la compagnie pétrolière britannique BP en Algérie serait-il devenu hésitant ? La question est d'acuité au regard de l'information rapportée, jeudi soir, par l'agence Reuters et reprise par quelques médias algériens. Selon cette source, BP compte retarder, revoir ses projets d'investissements dans les champs gaziers d'In Amenas et d'In Salah pour des raisons de sécurité, après l'attaque terroriste survenue en janvier dernier. Certes, la compagnie britannique avait maintenu sa présence en Algérie en dépit de la mort de quatre de ses employés. Néanmoins, des responsables de BP, cités par Reuters, estimaient que l'affaire d'In Amenas «affecte les projets existants et les Algériens n'ont pas fait assez en termes de sécurité pour rassurer BP». En ce sens, le groupe britannique considère tacitement que la partie algérienne doit revoir les conditions de sécurité des installations pétrolières. Voire, l'Algérie manque de transparence concernant l'enquête déclenchée suite à cette attaque terroriste. Et c'est ce que des représentants de BP qui ont rencontré, jeudi dernier, des cadres de Sonatrach ont dû mettre en avant. A ce propos, une voix autorisée du groupe Sonatrach confirme la tenue de réunions avec la compagnie britannique, des réunions lors desquelles cette problématique a été soulevée, des «commentaires ont été formulés». Toutefois, la partie algérienne réfute clairement toute opacité concernant l'enquête. «L'enquête est en cours», assure cette source autorisée de Sonatrach qui précise que toute partie tierce peut s'informer auprès des autorités judiciaires algériennes compétentes. «Si un pays, une autre partie demande d'autres informations, il peut se rapprocher officiellement du ministère de la Justice», souligne-t-on à Sonatrach. Et cela même si l'on estime qu'«il n'est pas acceptable» que d'autres parties tierces se permettent de vouloir dicter des directives. Autre information rapportée par Reuters, une appréciation mitigée, voire négative des conditions d'investissement en Algérie. Des conditions que BP appelle de facto à «alléger», malgré la révision récente de la législation relative aux hydrocarbures. A ce propos, et même si elle n'a pas été prolixe, la source autorisée de Sonatrach s'est montrée assez sereine, tout en rappelant que des critiques similaires (concernant la sécurité) ont été émises par le partenaire japonais. Certes, le groupe algérien reconnaît de facto que la décision de BP de vouloir retarder ses projets d'investissement puisse avoir un impact sur la production d'hydrocarbures. Et ce, dans le contexte de déclin de la production gazière et d'une meilleure attractivité de plusieurs pays méditerranéens aux investissements étrangers, comme relevé dans la dépêche de Reuters. «On souhaite qu'il n'y ait pas d'impact. Mais on fera tout pour qu'il n'y en ait pas», dira la voix autorisée de Sonatrach. Cette source note dans ce sens que deux trains de production du complexe gazier de Tiguentourine ont déjà repris grâce à la mobilisation de l'effectif algérien, en l'absence des expatriés. De même que le troisième train devrait reprendre dans les meilleurs délais, comme le rappelait récemment le ministre de l'Energie et des Mines, évoquant l'échéance d'avant la fin 2013. Certes, la consolidation du partenariat étranger notamment avec BP reste de mise, assure cette même source. Pour autant et tout «en souhaitant ne pas avoir à rompre», Sonatrach affirme disposer de «tous les moyens de négocier », dira cette source. «On fera tout pour préserver notre intérêt» et par-de-là l'intérêt du pays, affirme cette source qui relève que Sonatrach «s'inscrit dans le cadre réglementaire» en vigueur. Notons que la source n'a pas été davantage explicite même si l'on note que la nouvelle loi relative aux hydrocarbures consolide fortement le statut de Sonatrach dans le cadre des projets de partenariats gaziers et pétroliers, au-delà des allègements et incitations concédées dans le domaine de la valorisation des ressources fossiles et non conventionnelles. Soit, le groupe national entend préserver ses intérêts, ceux de l'Algérie, assure-t-on, quelle que soit l'évolution dans le temps du partenariat engagé avec les opérateurs étrangers dont la compagnie pétrolière britannique. C. B.