Le Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), cinq pays qui sont en train de changer durablement le visage économique, voire culturel, d'un monde dominé durant des siècles par les puissances occidentales. Pour rappel, le premier sommet des pays Bric a eu lieu le 16 juin 2009 à Iekaterinbourg, en Russie, le second le 16 avril 2010 à Brasilia, au Brésil. Ces deux rencontres induisent l'institutionnalisation des sommets du Bric et participent ainsi à la formation d'une «nouvelle réalité géopolitique. Le 14 avril 2011, le troisième sommet du Bric, qui a lieu à Sanya (Hainan), en Chine, c'est aussi le premier sommet du Brics, avec l'adhésion officielle de l'Afrique du Sud. Quelques chiffres font ressortir une réalité démographique prédominante de ces 5 pays-continents avec plus de 3 milliards d'habitants, soit 40% des 6,8 milliards pour toute la planète. Le poids du Brics dans la croissance mondiale passera à 40% en 2025 et leur poids total dans l'économie passera à plus de 20% en 2025. Les cinq pays composant le Brics sont pour la plupart considérés comme des grandes puissances émergentes, ils sont respectivement les sixième (Brésil), neuvième (Russie), dixième (Inde), deuxième (Chine) et vingt-neuvième (Afrique du Sud) puissances économiques mondiales (au sens du PIB nominal). Ils comptent 40% de la population mondiale et, en 2015, ils devraient assurer 61% de la croissance mondiale, selon le FMI. Leur place dans l'économie mondiale croît fortement : 16% du PIB mondial en 2001, 27% en 2011, et d'après certaines estimations, 40% en 2025. Les Brics, puissances émergentes dans le contexte de la mondialisation, constituent 25% des territoires et environ 20% du PIB mondiaux et détiennent quelque 43% des réserves de change mondiales, et cette part est en constante augmentation. L'on est tenté de dire par aphorisme «quand les Brics se s'éveilleront le monde tremblera». Il se trouve que ces pays-là sont en plein éveil. Résultat : la course vers l'industrialisation dans un marché intérieur totalement ouvert, gourmand en capitaux et en matière première – principalement en pétrole et gaz. Alors que l'on parle volontiers du «miracle économique» brésilien – 24 millions de Brésiliens sortis du dénuement et de la plus grande pauvreté, la Chine continue son expansion planétaire dans une démarche politique où dominent discrétion et pragmatisme. Dans maints domaines, la présence chinoise est «accidentellement ?» médiatisée (Darfour- Soudan) surtout s'agissant de la recherche et l'exploration du pétrole. Le Brésil, l'Inde et la Chine en achètent de grosses quantités pour les besoins de plus en plus grands de leurs machines économiques respectives. La Russie, faut-il le rappeler, est le premier producteur mondial de pétrole (avant l'Arabie Saoudite) et de gaz, ressources qu'elle utilise pour la relance de son économie après une période d'instabilité suite à l'implosion de l'Union soviétique. C'est le cas aussi pour l'Algérie où les ressources financières provenant de l'exportation des hydrocarbures sont massivement investis pour la relance industrielle et la couverture de la demande sociale. Il serait, certes, hasardeux de considérer les Brics comme un bloc homogène quand bien même ils partagent nombre d'intérêts communs mais qui s'avèrent parfois divergents — (la Chine s'oppose à l'entrée du Brésil au Conseil de sécurité de l'ONU) — quant à la conquête de marchés. Aucun mécanisme n'est conçu pour que la compétition entre les uns et les autres ne débouche pas sur des conflits. A ce niveau, pas de crainte, c'est la règle du jeu commercial qui est le seul arbitre, nous dit l'ambassadeur du Brésil à Alger. N'étant pas, évidemment, intégrée au monde économique occidentale, l'Algérie – «le Brésil de l'Afrique» — ne fait pas aussi partie des Brics comme le prévoyaient un moment donné des experts. Puissance régionale «pré-émergente» estiment ces derniers. Les crises multisectorielles, l'absence d'un projet de société homogène et mobilisateur complique son avenir. Vis-à-vis des Brics, les rapports de l'Algérie sont qualifiés d'excellents dans le discours politique des uns et des autres. Et cela encourage des relations Sud-Sud et donc gagnant-gagnant, plus denses. Quel serait alors l'impact direct de ces relations d'excellence sur le terrain ? Avec Son Excellence l'ambassadeur du Brésil nous avons voulu en savoir plus. Si les exportations algériennes vers les pays des Brics sont en croissance continue certains observateurs se posent à juste titre la question de savoir si notre pays ne se retrouve, pas comme par le passé, face aux puissances industrielles occidentales, en situation de mono-exportateur (pétrole et gaz, des ressources non renouvelables !). L'inde, le Brésil et la Chine en sont les plus gros demandeurs... Par ailleurs, la caractéristique des relations de l'Algérie avec les Brics est l'éloignement géographique (voir encadré) qui rend très onéreux le transport et l'inexistence de proximité linguistique (le Brésil est plus à l'aise avec les pays de l'Afrique lusophone dont il a fait sa priorité). A l'évidence, si les pays du Brics offrent une chance de se libérer de l'étau des grandes puissances dans le cadre de rapports Sud-Sud, le discours politique n'a pas encore produit de nouveaux types de relations économiques, sociales et culturelles exemplaires qui pourraient avoir un effet d'entraînement pour tous les autres pays anciennement sous domination coloniale.