Par Kader Bakou Madjid, un Algérois, qui aime le calme, la méditation et la solitude, s'évade de temps en temps vers le Sahara. Cette année-là, il est revenu un peu soucieux après avoir passé quelques semaines à Ghardaïa. «Les autorités ont construit une cité moderne près de la ville de Ghardaïa. C'est une cité comme il y en a des tas dans les villes du nord du pays. Ils n'ont pas pris en compte ni l'architecture locale ni les traditions conservatrices de la société mozabite. Elle ressemble à une ville fantôme car personne n'a voulu habiter dans cette cité», raconta-til à ses amis d'Alger. Quelques années plus tard, Madjid est retourné passer un court séjour à Ghardaïa. Il est revenu «indigné» cette fois. Madjid est entré dans un café pour se reposer et il a été surpris et «agressé» par l'assourdissante musique raï qui y régnait. Il est allé voir le cafetier. «Je suis venu au Sahara pour écouter le son du naï (flûte) pas pour écouter du raï», lui dit-il avant de sortir précipitamment du café. A Alger, il a raconté cette mésaventure à ses amis. L'un d'eux lui fait remarquer : «Tu as parlé, il y a quelques années, d'une cité moderne où personne n'a voulu habiter. Je crois que, maintenant, cette cité va être habitée. A Ghardaïa, on commence, donc, à écouter le raï. Les mentalités changent. Je crains de voir les gens, comme dans d'autres régions d'Algérie, ne prendre que les mauvais côtés de la modernité et abandonner les bons côtés de la tradition.» Wadi Bouzar, dans son volumineux ouvrage La mouvance et la pause. Regards sur la société algérienne (essai, Sned, 1983), a écrit au sujet des mariages en Algérie qu'ils sont «un incroyable mélange de mauvaises traditions et de mauvaise modernité». Dans presque tous les domaines, la société algérienne est un incroyable mélange de mauvaises traditions et de mauvaise modernité. K. B.