Deux ans après la sortie de Atin hamlegh (celle que j'aime), titre du premier album qui l'a intronisé dans le monde de la chanson, Louifi revient avec un nouvel opus, celui de la confirmation, espère-t-il. Le titre-phare se décline cette fois-ci comme un hommage sincère au regretté Matoub Lounès. Atravers L'immortalité d'une star, Louifi interpelle les consciences et les responsabilités pour que soit levé le voile du mensonge, des incohérences et de l'oubli. «Quinze ans ont passé depuis la disparition tragique de Matoub, et on n'a pas encore jeté toute la lumière sur son assassinat. L'opinion publique a pourtant le droit de savoir, elle est en attente de connaître la vérité. Où est le travail de la justice ? Pour ma part, je suis parmi ceux nombreux qui s'interrogent et attendent d'être éclairés», explique-t-il. Pour que le message passe mieux, Louifi a eu l'idée d'utiliser comme support musical la célèbre chanson de Farid Ali Ayema azizen uretsru (composée, à l'époque, par Mustapha Sahnoun). Le résultat, plutôt heureux, confère au texte — dont il est l'auteur — une forte charge émotionnelle. Mais avant d'avoir écouté ce dernier titre du CD, l'on aura d'abord goûté et apprécié les six chansons précédentes qu'il a écrites et composées. Il y a là tout ce qui peut faire un album dans l'air du temps : du rythme, du folklore, du chaâbi, des sonorités modernes, un bon travail acoustique, des thèmes variés... La voix douce et mélodieuse de l'interprète donne à l'ensemble cet aspect aérien qui rend les morceaux encore plus agréables à écouter. Cela démarre avec Timehremt lahrir, une chanson rythmée pour ambiance de fête et un hymne à la tenue traditionnelle de la femme kabyle. Clin d'œil nostalgique aussi aux traditions festives et à la convivialité d'antan. Louifi enchaîne avec Muhal akmetsugh, une chanson sentimentale qui raconte une déception amoureuse, puis Athouzyint ouratsru inspirée de l'histoire vraie d'une jeune fille endeuillée par la perte de son fiancé décédé à l'étranger. Du rythme toujours avec Vghan aghessegnan. Mais là, le chanteur change de registre et, à partir de ce quatrième morceau, enrichi par l'introduction de la zorna, il devient critique et propose des textes «engagés » (de la chanson contestataire en quelque sorte). Les cinquième et sixième titres du CD dénotent même un changement de temps, le style chaâbi étant à l'honneur. Souffrance des populations, malvie, marginalisation, injustices, etc., deviennent ici les thèmes de prédilection de l'artiste. Tout cela exprimé avec des mots simples. Au final, le nouvel album de Louifi se distingue par la variété tant textuelle que de la composition musicale. Un produit destiné au large public et sur lequel il a beaucoup travaillé. «J'ai pris tout mon temps pour préparer les musiques et les textes, puis j'ai peaufiné la chose avec Bouzid Ouhamou qui est mon nouvel arrangeur. J'ai voulu faire mieux que le premier CD, en m'entourant notamment d'un groupe de musiciens professionnels. Pour l'orchestration, j'ai introduit plusieurs instruments, dont la basse, la batterie, le violon, le banjo, la zorna», détaille-t-il. Louifi nous confie avoir été encouragé par le succès rencontré auprès du public, à la sortie de son premier album. D'où l'exigence de qualité tout en restant fidèle à ce qui semble être sa marque de fabrique : l'alternance des styles en même temps que de garder l'âme de la chanson kabyle authentique. Il compte tracer sa voie de cette manière avec la bénédiction de tous les grands artistes qui l'ont influencé et rendu passionné pour la chanson : Slimane Azem (son idole), El Anka, Allaoua Zerrouki, Idir... C'est alors tout naturellement qu'il nous parle de certains projets : «Je prépare en ce moment deux clips pour ce deuxième album. Il y a aussi un nouveau CD que je compte sortir sur le marché en 2014 qui intègre des duos avec des chanteuses. Je n'en dirai pas plus...» Un autre chantier qui lui tient à cœur, c'est d'écrire et de composer pour d'autres interprètes (en arabe ou en kabyle), surtout dans les genres chaâbi et andalou. Edité par Miracle Music (Maâtkas), L'immortalité d'une star est dans les bacs des disquaires depuis la mi-mai.