Sidi Saïd opte pour Bouteflika

La CEN de l’UGTA l’a entériné hier

Plus des deux tiers des membres de la Commission exécutive nationale (CEN) ont soutenu, hier, la candidature de Abdelaziz Bouteflika pour un second mandat présidentiel.
Il était plus de 11 heures, lorsque les travaux de la 5è session de la CEN ont débuté, en présence de la presse nationale à l’hôtel El Riadh de Sidi-Fredj. Dans son allocution d’ouverture, le patron de la Centrale syndicale, Abdelmadjid Sidi Saïd, a d’emblée rejeté la neutralité de son organisation, vis-à -vis de la prochaine échéance électorale. “l’UGTA a un poids sur la scène sociale et économique. L’UGTA est une force qui a son mot à dire, en toute indépendance�, a-t-il déclaré, non sans justifier l’immixtion de l’UGTA dans les affaires politiques. Selon Sidi Saïd, le 10e congrès du syndicat donne droit à ce dernier dans une de ses résolutions, d’avoir “un point de vue sur la dimension politique� du pays. Le leader syndical s’est beaucoup accroché au rôle joué par l’UGTA, notamment pendant la décennie sanglante, “pour la sauvegarde de l’Algérie�. Il a repoussé toute idée de “déchirements� qui traverseraient l’organisation, en reprochant par-là même les “jugements de valeur� portés par la presse. “On m’a traité de harki. Si je suis harki pour la noble cause de l’Algérie, eh bien, je l’assume !� a indiqué Sidi Saïd, sans chercher à lever les amalgames ni à définir le concept de “harki�. L’intervenant a, en outre, défendu “l’autonomie� et “l’indépendance� de son syndicat, en assumant le soutien de l’UGTA à Liamine Zeroual en 1995 et à Abdelaziz Bouteflika en 1999. “On a soutenu Zeroual, mais on lui a fait une grève de deux jours en 1996. On a soutenu l’actuel président, pourtant on lui a fait une grève en 2003. Il y a même des grèves en cours aujourd’hui (...). À l’UGTA, on fait la part des choses, sans aucun complexe�, a-t-il précisé sous des applaudissements. Puis, d’inviter les participants à “assumer notre choix, collectivement�, à “débattre sereinement� et à choisir le candidat à la présidentielle, “dans l’intérêt de l’Algérie et des travailleurs�. Le secrétaire général de l’UGTA a par ailleurs, informé de l’installation d’une cellule, composée de quatre membres du secrétariat national, qui a été chargée de la décision à adopter autour de l’élection du 8 avril prochain.
Il a conclu en rappelant, avec des “preuves à l’appui�, que seuls le président de la République et l’ex-Chef du gouvernement, Ali Benflis, l’ont invité à la cérémonie d’annonce de leur candidature à la course électorale. “Nous n’avons reçu aucune invitation des éventuels candidats�, a-t-il dit, “pour lever la suspicion� sur sa présence aux côtés des deux candidats.
Le patron de la Centrale syndicale a ensuite cédé la parole aux membres de la CEN, qui se sont inscrits sur la liste des intervenants.
Dans leur prise de parole, les participants ont excellé dans la langue de bois, mettant en avant leur qualité d’“Algériens�, de “nationalistes�, puis de “syndicalistes�, réitérant leur fidélité “à l’appel du pays�, pour conclure avec leur caution au président-candidat.
“Nos aînés étaient des nationalistes avant d’être des syndicalistes�, a déclaré un représentant de Annaba, en proposant plus loin la création d’un comité de soutien au chef de l’État. Un autre membre de la CEN, représentant la région de Bordj Bou-Arréridj, s’est élevé contre la neutralité de l’UGTA.
“L’UGTA est une organisation qui a pour père Aïssat Idir et pour frère Abdelhak Benhamouda�, a-t-il rappelé, en apportant son soutien à la candidature de Bouteflifa.
à entendre les différents intervenants, l’UGTA est “démocratique�, qui respecte la voix des minorités. Pourtant des membres ont été chahutés parce que leur voix était différente.
C’est le cas de M. Debiène, ancien responsable de l’union de wilaya d’Alger, qui a suggéré que l’organisation syndicale ne se prononcera vis-à -vis d’un candidat qu’au 2e tour. C’est le cas également de M. Azzi, patron de la fédération nationale des travailleurs retraités qui a privilégié “la sauvegarde de l’unité� de l’UGTA.  “Je ne parlerai pas du passé. La décision que prendra la CEN, aujourd’hui, doit être dans l’intérêt de l’UGTA�, a-t-il soutenu, en remarquant que la casquette syndicale doit prendre le dessus sur la casquette partisane. “Je dis qu’on ne doit pas oublier le mouvement syndical et le programme économique qui tiennent compte des intérêts des travailleurs�, a encore affirmé M. Azzi en estimant que c’est aux travailleurs de choisir, eux-mêmes, le candidat qui leur convient, d’autant que “celui qui sera élu par le peuple sera notre président�.
L’autre intervention la plus chahutée a été celle d’ Ahmed Badaoui, membre de la CEN et secrétaire général du syndicat des douanes. Selon lui, “le choix est déjà fait, le candidat est choisi�. “J’aurais aimé que chacun apporte de l’argumentation sur la base de la gestion de 5 années. Le soutien, d’aujourd’hui, n’est que la conséquence du soutien en 1999�, a-t-il avoué en s’interrogeant sur le programme du président de la république considéré comme “le chantre du libéralisme, de la privatisation des hydrocarbures et des licenciements des syndicalistes� et qui, aujourd’hui, est présenté comme “le sauveur du monde du travail�. “Ce qui m’inquiète, c’est la situation des travailleurs. Ce qui me gêne dans une position de soutien, c’est de me retrouver avec tous les intégristes, les repentis (...)�, a également indiqué M. Badaoui, faisant face aux cris d’hostilité émanant de la salle. Selon l’intervenant, l’UGTA a tout intérêt à garder “réellement (son) autonomie�, en ne soutenant aucun candidat et en prouvant ainsi “qu’il n’y a pas l’influence d’un parti sur l’organisation�, allusion faite à la centaine de militants et responsables du RND. L’intervention de M. Badaoui a déclenché la colère de M. Sidi Saïd, lequel a mis fin unilatéralement au débat. “Aujourd’hui, en tant que partie prenante de l’Algérie, nous avons le droit de choisir un candidat et nous nous opposons à lui en cas de dérapage. J’assume cela au nom des 4 millions de travailleurs. Nous décidons ensemble, nous assumerons ensemble et celui qui n’est pas d’accord n’a qu’à sortir de la salle. J’ai décidé que le débat est clos. Je décide au nom du secrétariat national et de la CEN que l’UGTA apporte son soutien à Abdelaziz Bouteflika�, a déclaré sur un ton ferme le patron de la Centrale syndicale, ovationné par une majorité déchaînée.
H. A.