L'exposition «Photographes de guerre», qui se poursuit jusqu'au 30 août 2013, regroupe près de deux cents clichés pris par des photographes algériens et étrangers durant la guerre de Libération nationale en Algérie et en France. Organisée dans le cadre du cinquantenaire de l'indépendance de l'Algérie, cette exposition qui se poursuit jusqu'au 30 août au Musée d'arts modernes d'Alger (MaMa), retrace des moments de vie dans les maquis algériens, immortalisés par de célèbres photographes de presse de Serbie (ex-Yougoslavie), de Suède, de France, d'Indonésie et d'Italie, engagés pour la cause de l'indépendance de l'Algérie aux côtés des combattants de l'Armée de libération nationale (ALN). L'exposition, sous titrée «Les djounoud en noir et blanc», comporte également des images prises par des photographes algériens (Bensaoula Mohand, Bessa Ahmed Zine, les frères Tarkali...), professionnels et amateurs, ainsi qu'un grand nombre de clichés anonymes. Ces photos, dont certaines ont joué un «rôle décisif» dans l'internationalisation de la cause algérienne, ont été numérisées et sont exposées en grand format. A l'exemple des photos d'identité de femmes algériennes prises dans des villages de regroupement de l'administration coloniale près de Bouira, réalisés par le célèbre photographe français Marc Garanger pendant son service militaire. Ce dernier raconte le «cas de conscience » qu'il a eu à publier, près de «deux milles portraits de femmes» réalisés sur ordre de sa hiérarchie pour identifier les habitants de ces villages, qualifiés «de véritables camps de concentration». Pour Marc Garanger, les photos de ces femmes qui le «fusillaient» du regard ont servi à témoigner de la brutalité coloniale, «tout comme l'a fait le photographe américain Edward Curtis pour témoigner du génocide des Amérindiens». Le photographe serbe Labudovic Stevan participe également à cette exposition avec une vingtaine de photos montrant des moudjahidine au combat ou encore des enfants suivant des cours dans le maquis. Ce dernier, missionné pour deux mois par le maréchal Tito dont il était le photographe personnel pour aider le Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), raconte son arrivée en 1959 dans les camps de réfugiés algériens à Tunis et «l'horreur» qu'il a ressentie en découvrant les conditions de vie des réfugiés. Il décide alors de traverser clandestinement la frontière algérienne, poursuit-il, pour se rendre aux côtés des combattants qu'il va accompagner jusqu'à l'indépendance. L'exposition comporte aussi des clichés pris à Paris lors des massacres du 17 Octobre 1961 par le photographe français Kagon Elie. Outre l'exposition, un colloque a eu lieu au MaMa les 15 et 16 mai, avec des personnalités comme Réda Malek, Ali Haroun et Lamine Bechichi aux côtés d'historiens et de journalistes.