Position beaucoup moins nuancée que celle du MSP à l'égard de la maladie prolongée du président de la République avec son corollaire la revendication de certains d'appliquer l'article 88 de la loi fondamentale du pays. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - Au MSP, on se montre chaque jour un peu moins nuancé à l'égard de la maladie du premier magistrat du pays. Après la prudence des premiers jours ayant suivi l'évacuation du président de la République en France, le parti s'inscrit dans une logique beaucoup plus claire, rejoignant, à des nuances près, la position de ceux qu'il vilipendait, dont le RCD sans le nommer. Des parties qui revendiquaient, pour certaines, bien avant le dernier souci de santé de Abdelaziz Bouteflika, l'application de l'article 88 de la Constitution. C'est ainsi qu'hier, au forum du quotidien Liberté dont il était l'invité, le nouveau patron du mouvement a soutenu qu'«il est très possible d'arriver à l'application de cet article». Abderrezak Mokri a revendiqué, dans ce sillage, plus de transparence dans le traitement de la maladie du président. «S'il est en bonne santé, qu'on nous le montre à la télévision», a-t-il affirmé, tout en condamnant le refus d'imprimer le quotidien et les poursuites judiciaires lancées à l'encontre de son directeur pour cause justement d'articles traitant du sujet. «On croyait que ces pratiques relevaient d'une époque bien révolue», a ironisé Mokri. Le successeur de Soltani à la tête du MSP est revenu assez longuement sur le changement de cap du parti que le dernier congrès a consacré. Une nouvelle direction, celle de l'exercice de l'opposition, qui a été le fruit, a-t-il soutenu, d'un long processus entamé en 1999. «Les porteurs de cette ligne étaient à l'époque minoritaires mais ils n'ont eu de cesse, au fil des années et de l'exercice de la politique participationniste, de marquer des points jusqu'à inverser la donne au sein des instances du parti», a dit Mokri, tenant à préciser que les résolutions politiques et statutaires de même que son élection ont été acquises aux trois quarts des membres du nouveau conseil consultatif du mouvement. Et au conférencier de voir en le MSP un futur grand parti fort, a-t-il encore dit, de son expérience avec ses hauts et ses bas, s'excusant auprès de l'opinion publique de cette option. «Il est temps de réhabiliter l'action politique, de lui donner un sens et de se départir de cette situation politique démoniaque faite d'un président qui critique le gouvernement qu'il a lui-même choisi, de ces ministres qui se tirent dans les pieds, de ces partis supposés opposants qui soutiennent le pouvoir, etc.» Pour Mokri, il s'agira de détruire l'image collée à l'opposition diabolisée renvoyant la stature d'hommes n'aimant pas leur pays. «L'opposition renferme des patriotes, des nationalistes et c'est d'ailleurs leur amour sans limites pour le pays qui les fait réagir de la sorte», soutient- il, n'ayant pas peur des effets d'un éventuel esprit revanchard du pouvoir. «Au sein du système, il y a bien des patriotes, des nationalistes sincères, et je crois en l'évolution des esprits même de ce côté-là car la situation actuelle du pays n'arrange personne, encore moins l'intérêt national», ajoute le président du MSP. Celui-ci, considérant la révision de la Constitution de projet dépassé au vu de la proximité de la présidentielle d'avril prochain et du fait qu'elle aurait dû ouvrir les réformes politiques engagées ces deux dernières années, pense que l'homme providentiel ne convient plus au pays et que la solution est la démocratie».