Le successeur d'Aboudjerra Soltani à la tête du MSP a tout l'air de vouloir faire table rase et le plus rapidement possible de l'époque entriste qui a collé au mouvement, telle une seconde nature. Mohamed Kebci - Alger (Le Soir) - Abderrezzak Mokri a l'air d'avoir bien ficelé sa feuille de route dont il ne veut aucunement entamer l'application sans avoir au préalable éliminé ce qui semble être, selon lui, la toute dernière «relique» de l'ère participationniste, certain qu'il était de son sacre au tout dernier congrès achevé tard dans la soirée de samedi écoulé. Et cette relique a pour nom Mustapha Benbada, ce cadre du parti dont la persistance à rester au gouvernement en dépit de la résolution du mouvement à quitter le giron du pouvoir et son corollaire l'abandon de l'équipage gouvernemental est qualifiée par Mokri de «rébellion». Un écart disciplinaire que le nouveau président du MSP veut enterrer et au plus vite, en affirmant, hier à l'occasion de sa première conférence de presse dans sa nouvelle stature, que le tout premier dossier que la nouvelle instance de discipline nouvellement mise sur pied, justement pour traiter ce genre de cas, sera celui du ministre du Commerce. «Que les choses soient claires une bonne fois pour toutes, le MSP n'est pas au gouvernement», tiendra à préciser Mokri qui soutiendra que la place du mouvement est désormais dans l'opposition. Une option dont il se défend d'être le porte-étendard puisque, dira-t-il, «c'est le conseil consultatif sortant qui l'a adoptée à une écrasante majorité de ses membres et que le dernier congrès a tout aussi massivement entérinée». Une option loin de constituer un simple slogan puisque Mokri s'est doté d'une feuille de route politique qui balise son action pour les cinq prochaines années. Une mandature au courant de laquelle la nouvelle facette du MSP, celle de parti d'opposition, aura toute sa signification pédagogique, promet Mokri pour qui «il est temps de réhabiliter l'action politique de ce camp sciemment décrédibilisé et montrer que l'opposition comporte dans ses rangs des nationalistes qui veulent du bien au pays». Et de relever un paradoxe, encore un, de la scène politique nationale qui fait que, soulignera- t-il, des ex-ministres se «permettent » de s'en prendre au pouvoir en remettant en cause parfois violemment certaines de ses options au moment où des chefs de l'opposition renouvellent indéfiniment leur soutien au pouvoir». Ce que faisait par le passé, et à bien de nuances, le MSP mais que Mokri promettra qu'il n'en sera, désormais plus le cas. «L'ère des soutiens et des moubayaate est révolue chez nous», déclarera-t-il, plaidant pour une action politique d'opposition constructive dans «l'intérêt du pays». Et de préciser que toute éventuelle participation au pouvoir, dans toutes ses échelles, se fera, désormais, sur la base «du poids électoral du mouvement à l'occasion d'élections législatives transparentes et ce, sur la base de programmes de chacun». A propos de la présidentielle d'avril prochain et sur les bruits courant sur la candidature plus que probable du président sortant, Mokri répliquera que la question n'est pas encore à l'ordre du jour. Il ressassera la position du mouvement au sujet de la révision constitutionnelle en projet selon laquelle le MSP ne voit pas de son utilité avant la prochaine présidentielle surtout si elle venait à accuser davantage de retard.