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EN LIBRAIRIE : L'AFFAIRE MAKOULA, DE ABDELKADER HAMMOUCHE
Le système judiciaire à la lumière de la littérature
Publié dans Le Soir d'Algérie le 22 - 05 - 2013

«Notre système judiciaire est vraiment à revoir de fond en comble et vite !» Tel est le constat d'échec que dresse maître Hamlel, un ancien du barreau et le personnage principal de L'affaire Makoula.
Dans ce roman inspiré de faits authentiques, Abdelkader Hammouche apporte un éclairage édifiant à ce sujet. Tout en entraînant le lecteur dans les méandres d'un monde qui, souvent, «distille la peur» chez le citoyen lambda, l'auteur invite en même temps à un voyage passionnant. Car le livre se lit comme un polar (dont il adopte certaines techniques d'écriture) et tient l'intérêt du lecteur en haleine grâce à une intrigue parfaitement conduite. Autre qualité de ce roman qui se lit facilement d'une traite : le souci pédagogique de l'initiation aux arcanes du système judiciaire. Et si Abdelkader Hammouche parvient à éveiller et fixer l'attention du lecteur, c'est bien parce qu'il maîtrise les techniques de l'écriture romanesque tout en étant rompu aux codes qui régissent le monde de la justice. L'incursion en ce territoire étrangement froid, hostile, plein d'embûches et comme déshumanisé commence dès l'entame du récit. «La voix aigrelette et coupante de la magistrate résonna comme un glas dans la grande salle d'audience» : le ton est déjà donné avec l'attitude puis le réquisitoire de la représentante du parquet général. Ce jour-là, au tribunal criminel, la fameuse affaire Makoula est enfin jugée et le verdict devrait être rendu. La magistrate, évidemment dans son rôle, a demandé la peine maximale à l'encontre de l'accusé, c'est-à-dire la réclusion à perpétuité. Manea Makoula est «un homme d'une trentaine d'années, frêle, au teint très mat, de petite taille et à la chevelure d'un noir de jais». Un étranger (on devine qu'il s'agit d'un hindou, même si l'auteur s'abstient de le préciser). L'accusé est d'autant plus inquiet par ce qui se trame au-dessus de sa tête parce qu'il ne comprend pas la langue arabe. Au tour de maître Hamlel, son défenseur, de prendre la parole. «De taille moyenne, la cinquantaine largement entamée, les tempes légèrement grisonnantes», cet avocat du barreau d'Alger connaît très bien son métier. Un chevronné qui a cette qualité (rare ?) d'avoir une conscience d'homme. La vertu de l'honnêteté le pousse naturellement à tout faire pour assurer la victoire à la cause qu'il sait être juste. D'où son insistance, dès le début de sa plaidoirie, à rappeler le principe fondamental du bénéfice du doute tel que consacré par la Cour suprême. Tout accusé y a droit, pour que soit prononcé un jugement juste. Dans cette affaire, maître Hamlel défend précisément ce principe et se bat pour qu'un verdict injuste ne soit pas rendu. Le décor ainsi planté dans ce premier chapitre du livre, le lecteur découvrira par la suite, grâce à une intrigue qui ne manque pas de rebondissements, tous les détails de L'affaire Makoula, jusqu'à son dénouement. «Tout a donc commencé un certain 24 août de l'année 2008...», écrit l'auteur à la fin du chapitre premier. Cette nuit-là, trois jeunes harraga sont montés à bord d'un navire étranger qui mouillait au port d'Alger. Ils sont découverts par le marin Manea Makoula. S'ensuit la chute mortelle d'un des passagers clandestins. Le marin, accusé de meurtre par les camarades de la victime, passera vingt-quatre mois à la prison Serkadji avant d'être enfin jugé le 2 novembre 2010. Abandonné par les responsables du navire, très loin de sa famille, Manea Makoula vivra le calvaire durant sa longue détention préventive. Il clame son innocence. Son avocat-conseil, maître Hamlel (qui se fait assister par maître Chabet, expert en procédure pénale, un ami bon vivant et humain lui aussi) n'en doute pas. Il est convaincu que son client «est en train de subir une situation injuste car il n'est en aucun cas responsable de la mort du jeune Algérien ».Seulement voilà, il y a déjà le parti-pris dont témoigne le juge d'instruction dès le début de l'affaire. Lui cherchait son coupable idéal, loin de la recherche de la vérité et son devoir de neutralité et d'impartialité. Ce qui fait d'ailleurs dire à maître Chabet que «la neutralité des juges d'instruction est une illusion qui ne trompe plus aucun avocat». Encore pire, «dès lors qu'il s'agit d'un drame où la victime est algérienne et le suspect étranger, l'expérience nous a montré que les magistrats, parfois, font passer leur fibre nationaliste avant l'application de la loi quitte à condamner un innocent !» (maître Hamlel). En plus de la position partiale adoptée par les magistrats en charge de l'affaire et de la lenteur de la procédure, il est également question de la fonction de la chambre d'accusation. Celle-ci à maintes fois prouvé son inutilité en ce qu'elle «rejette, systématiquement, à de rares exceptions près, tous les appels formés contre les ordonnances des juges d'instruction». Parmi les maux dont souffre la justice, les pouvoirs exorbitants de ces magistrats ne sont pas les moindres, eux qui bafouent le principe même de la présomption d'innocence et adorent recourir à la détention préventive... Les graves incohérences du système judiciaire sont illustrées, ici, de façon significative et mises en lumière par des exemples concrets (dont le rapport d'autopsie, l'audition des témoins...). De telles dérives et lacunes ne sont pas le propre de la justice, elles font partie d'un tout, estime maître Hamlel. Il a alors cette formule lapidaire : «En fait, la médiocrité qui règne dans le système judiciaire n'est que le reflet de ce qui se passe dans le pays qui ploie sous le poids de l'incompétence et de la médiocrité». La ténébreuse affaire Makoula, le sombre juge d'instruction Benlakmoun et la sinistre prison Serkadji, entre autres, sont heureusement prétextes à des traits de lumière, de belles pages de littérature. Un roman très critique qui est aussi un hommage à l'humain, à travers les personnages des deux avocats et de Manea Makoula notamment. L'épilogue, assurément, réjouira le lecteur car, comme disait si bien Proudhon : «La justice est le respect de la dignité humaine.» Né le 23 décembre 1952 à Alger, Abdelkader Hammouche a déjà publié trois ouvrages, et a un deuxième roman en préparation. Cet ancien journaliste des années 1980 et 1990 exerce la profession d'avocat. C'est dire s'il connaît son ouvrage...
Hocine Tamou
L'Affaire Makoula, de Abdelkader Hammouche, Editions Barkat. 203 P. 2013


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