Au théâtre de la ville, le groupe Praxis de Miliana a livré au public la première représentation de sa pièce Watan El Malaïka, ou la Terre des anges. Il s'agit d'un texte écrit par Mohamed Houidak, le cinéaste, que Sid-Ahmed Karahcen a réécrit et mis en scène avec une distribution de 15 acteurs, 3 du TNA et les autres des jeunes de Miliana. Ce travail lui a demandé un an de préparation et 3 semaines de montage. Cette pièce traite d'un thème largement abordé déjà par le cinéma et le théâtre, à savoir la tranche d'histoire qui a précédé le déclenchement de la Révolution de Novembre 1954, les conditions socioéconomiques du peuple algérien sous le joug du colonialisme, ou ce peuple armé de sa détermination et de sa foi en une Algérie libre et indépendante a relevé le défi, en payant le prix fort pour s'autodéterminer et acquérir son indépendance, chèrement payée. La pièce nous plonge dans ce climat du début des années 1950 lorsque la Révolution grondait, où le pouvoir colonial, informé des prémices du réveil d'un peuple qui ne croyait plus en la fatalité d'une domination coloniale, prenant peur, a tenté par tous les moyens de l'étouffer dans l'œuf en mobilisant toutes ses forces répressives et en se livrant à des massacres contre les civils. C'est toute cette ambiance dans laquelle est plongée un auditoire attentif et déjà sensible. Si le thème est connu du public, il n'en demeure pas moins que la pièce démontre une originalité particulière, déjà par ce que les linguistes appellent le supra segmental, le perçu et non formulé. Elle dénote par le travail remarquable fait par le metteur en scène sur les bruits de fond, la musique empruntée au compositeur Isam Belaïdi, savamment adaptée, le jeu sur la corde sensible des émotions, le décor simple et amovible, les jeux de lumière mais surtout l'usage et l'intégration de l'image vidéo, utilisée comme adjuvant pour sensibiliser le jeune spectateur et raviver la mémoire des aînés qui ont souvenir de cette période, ce qui ne manque pas d'accentuer le vrai semblable dans la forme théâtrale. Quant à la narration de l'histoire elle-même, elle est bâtie sur le témoignage de Naïl Kaddour sur l'exécution de Zabana et de son compagnon Cherit Ali Chérif, deux hommes, deux héros, qui de par leur courage ont affronté la guillotine, la tête haute, deux chahids morts dans la dignité et l'honneur. Quand le rideau est tombé, c'est toute la salle comble qui a ovationné la troupe. Selon le metteur en scène réalisateur, un enfant de Miliana, la troupe va effectuer une tournée dans plusieurs villes de l'Ouest où l'histoire de ces deux héros, parmi tant d'autres, est connue. Elles sera présentée au public de Aïn Defla à la fin de cette première tournée. La seconde tournée prévue au programmes des représentations touchera Alger puis les villes de l'Est. Une seule fausse note au tableau, la sonorisation, en dehors du bruitage et de la musique, absente, pour que le public puisse suivre les dialogues. Et si la municipalité installait un équipement de sonorisation dans ce petit théâtre pourtant rénové et transformé? L'espoir est formulé, puissent les autorités locales être à l'écoute de la culture.