Longtemps incertaine, l'issue du conflit syrien tend, depuis quelques jours, à être favorable au régime de Bachar Al Assad. Les forces loyalistes sont parvenues à reprendre la ville de Qoussair aux rebelles et poussaient encore vendredi à leur reprendre d'autres positions. Paris accusait mardi le régime syrien d'avoir utilisé du gaz sarin. Sofiane Ait Iflis - Alger (Le Soir) - Le temps semble jouer en faveur de Bachar Al Assad. Un moment chancelant, sous les coups de boutoir d'une opposition armée, le régime syrien s'est rebiffé. Les forces loyalistes, qui bénéficient d'un précieux concours des combattants du Hizbollah libanais, ont réussi à assener un rude coup aux rebelles, avec la reprise de la ville stratégique de Qoussair. Fort ragaillardie par cette victoire, l'armée syrienne a maintenu son offensive et est parvenue à reprendre l'unique point de passage entre la syrie et Israël sur le plateau du Golan. D'une rare intensité, les combats engagés sur le plateau ont fait deux blessés parmi les Casques bleus de la Force des Nations unies pour l'observation du désengagement sur le Golan (Fnuod). Ce dommage collatéral a, de suite, fait réagir le Conseil de sécurité de l'ONU, qui a fermement condamné les combats sur le plateau du Golan. En effet, dans une déclaration adoptée unanimement, les 15 membres du Conseil «ont demandé à toutes les parties de collaborer pleinement avec la Fnuod pour lui permettre d'opérer librement et d'assurer la totale sécurité de son personnel». Cette reprise par le régime syrien de positions sur le front des combats qui durent depuis deux ans est intervenue alors que la France affirme détenir des preuves irréfutables attestant de l'utilisation du gaz sarin contre l'opposition armée. Mardi dernier, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a annoncé qu'il disposait de preuves irréfragables sur l'utilisation de l'arme chimique par le régime de Bachar Al Assad. Aussitôt cette annonce faite, les Américains ont demandé à voir. Le Quai d'Orsay a déclaré avoir partagé ses preuves avec les Américains. Ces derniers ont confirmé l'envoi français et affirment qu'ils sont en train d'étudier lesdites preuves. Vendredi, le ministre adjoint russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov, a affirmé aux journalistes que la Russie et les Etats- Unis tiendront prochainement une des consultations au niveau du Conseil de sécurité sur le problème des armes chimiques en Syrie. «J'estime que ces consultations pourront se tenir prochainement», a-t-il affirmé, ajoutant : «Nous avons mené, et nous allons mener de telles consultations, avec nos partenaires américains.» À la reconquête de Homs et Alep En attendant l'examen des preuves du gaz sarin par les Russes et les Américains, le régime de Bachar Al Assad poursuit son offensive contre les rebelles. Après Qoussair, il met le cap sur les villes de Homs et d'Alep, depuis longtemps aux mains de l'opposition armée. Le régime met de la cadence en prévision de la conférence internationale sur la Syrie, prévue en juillet prochain. Si l'armée loyaliste parvient à récupérer ces deux villes, cela pourrait sonner comme un coup de grâce porté aux rebelles, fortement dominés par les djihadistes étrangers affiliés à Al Qaïda, qui combattent depuis deux ans le régime de Bachar Al Assad sans parvenir à le terrasser. La recrudescence des combats, auxquels participe le Hizbollah libanais, fait craindre l'extension du conflit au Liban voisin. Des combats entre Libanais pro et anti-régime syrien ont fait un mort au cœur même de la ville de Tripoli. L'armée libanaise a averti qu'elle recourrait à la force pour empêcher tout débordement au Liban du conflit. Le conflit, qui dure depuis 2011, a fait, selon l'OSDH, près de 94 000 morts et des milliers de déplacés. L'ONU a lancé un appel de fonds pour 5,2 milliards de dollars pour aider plus de 10 millions de Syriens affectés par le conflit.