Poursuite hier des pourparlers entre les parties au conflit au Mali sous la houlette du Burkina Faso. L'Algérie a brillé par son absence à ces négociations censées aboutir à un accord pouvant permettre la tenue d'élections présidentielles. Après avoir longtemps plaidé pour une solution politique, Alger semble perdre la main dans un conflit qui se joue à ses frontières. Nawal Imès - Alger (Le Soir) - Un nouvel acteur s'est invité dans la crise qui secoue le Mali. Le Burkina Faso a désormais le statut de médiateur et tente de négocier une trêve pouvant créer les conditions pour la tenue d'élections présidentielles au Mali. Médiateur pour l'Afrique de l'Ouest, le Président burkinabé, Blaise Compaoré, tente d'arracher cet accord en parrainant ces négociations qui doivent permettre dans le meilleur délai le redéploiement de l'administration générale, des services sociaux de base, des forces de défense et de sécurité au nord du Mali et en particulier à Kidal. L'Algérie, qui avait parrainé un accord entre le MNLA et Ansar Dine, ne prend pas part aux négociations en cours. Une absence qui intrigue au plus haut point. Après avoir longtemps fait part de sa volonté de voir le conflit malien se résoudre de manière politique, après avoir prôné une politique de non-ingérence, l'Algérie donne l'impression de prendre ses distances vis-à-vis du dossier malien. L'absence prolongée pour raison médicale du ministre délégué chargé des Affaires africaines ne peut à elle seule expliquer ce recul de la diplomatie algérienne. Alger avait fait preuve, il y a quelques mois, d'une grande débauche d'énergie pour tenter de mettre d'accord les frères ennemis du MNLA et de Ansar Dine. En décembre dernier, et alors que des informations insistantes faisaient état de la présence de délégations des deux groupes dans la capitale algéroise, la diplomatie algérienne annonçait en grande pompe la signature d'un accord dans lequel les deux groupes s'engageaient à cesser toute hostilité et s'opposait à toute intervention militaire dans la région. Un accord présenté comme une victoire de la diplomatie nationale mais qui n'aura pas survécu longtemps aux dissensions qui opposent les belligérants dans la région. Depuis, Alger n'a pris officiellement aucune initiative. Le ministre des Affaires étrangères a longtemps fait la promotion de la solution pacifique tout en se heurtant à la volonté des pays occidentaux avec en tête la France, qui œuvrait pour l'intervention militaire. La France finira par faire voter la résolution onusienne ouvrant la voie à une intervention militaire. La résolution 2085 mettait un terme au forcing algérien. Mieux encore, l'Algérie a fini par ouvrir son espace aérien aux avions français. Aujourd'hui encore, la médiation burkinabaise va dans le sens du planning élaboré par Paris. Le scrutin présidentiel est réclamé avec insistance par la France qui y voit la fin d'un processus de normalisation au Mali. L'Algérie, pendant ce temps, continue par la voix de son chef de la diplomatie d'affirmer que son soutien à son voisin malien était indéfectible. Depuis Bruxelles, Mourad Medelci, qui prenait part à la conférence de haut niveau sur le développement du Mali, assurait que l'Algérie avait toujours manifesté une solidarité «effective» et «concrète» au Mali en apportant une aide financière directe, assurant la formation et le renforcement des capacités de l'armée et des forces de sécurité du Mali, en procédant à d'importantes fournitures d'équipements et de matériels au profit de l'armée malienne et en livrant du matériel pour la sécurisation des sites sensibles dans la capitale Bamako. Ce soutien logistique ne met pas Alger à l'abri des interrogations légitimes au sujet de son retrait actuel. Pas plus tard que samedi, le Haut Conseil islamique du Mali souhaitait la présence de l'Algérie aux négociations sur la crise malienne au Burkina Faso au regard de «sa parfaite connaissance du dossier malien en particulier et celui du Sahel africain en général». Alger ne l'entend visiblement pas de cette oreille.